En plus de la grogne des agriculteurs s’ajoute désormais celle des taxis. Ils réclament un retrait de la convention entre leur profession et la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM). La nouvelle loi de finance de la Sécurité sociale pousse au transport obligatoire partagé pour mutualiser les trajets, afin de faire des économies. Les chauffeurs redoutent que les nouvelles conditions ne les forcent à des remises additionnelles sur leurs tarifs. Cette convention, jugée défavorable par les syndicats, devait entrer en vigueur le 1er février mais la signature de celle-ci a été reportée au 29 février suite à la manifestation des taxis la semaine dernière. Ce lundi 29 janvier, plusieurs opérations escargot sont menées dans plusieurs grandes villes. Toulouse n’y échappe pas. Près de 450 taxis ont fait sonner leur réveil très tôt pour bloquer dès 6h du matin les ronds-points de l’Envol et de Porte de Bordebasse à Blagnac permettant l’accès à l’aéroport Toulouse-Blagnac. Garés les uns à la suite des autres, les taxis font barrage. Des affiches « Taxi en colère » sont collées sur les vitres des voitures. Sur le bitume, les taxis discutent entre collègues, parfois stoppés dans leurs échanges par le bruit de pétards dans une ambiance bon enfant.
Une plateforme mise en place ?
« On voudrait nous faire signer une convention sans en convaincre les tarifs et les remises. C’est comme si vous êtes embauchés sans connaître votre salaire », lance Sabine Midoux, taxi à Colomiers, qui espère voir le « gouvernement monter au créneau » pour le bien de la profession. « Aujourd’hui, on fait déjà du transport partagé, mais demain c’est obligatoire. Demain, je ne peux plus transporter une seule personne. La sécurité sociale demande un transport partagé obligatoire », souffle celle qui redoute perdre une grande partie de sa clientèle lorsqu’elle entend parler de « plateforme sous forme d’Uber ». « J’ai 13 ans de métier. Demain, je donne gratuitement toute ma clientèle à une plateforme. Et pour pouvoir travailler, je risque de devoir payer 2 euros à cette plateforme et retrouver potentiellement le client que j’avais déjà. C’est inacceptable », surenchérit-elle. L’utilisation d’une plateforme pourrait également être un frein pour les personnes âgées. « Comment vont-elles faire ? », s’interroge Sabine.
« On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé »
Si cette convention vient à se mettre en place, Sabine Midoux assure qu’elle sera obligée de « ses deux salariés ». Parce que je n’aurai pas le chiffre d’affaires conséquent pour pouvoir les payer », se justifie-t-elle. « Il y a quelques années encore quand il y avait le Covid-19, on nous a fait chier en mettant des plexiglas dans la voiture, on ne pouvait pas transporter plus d’une personne à la fois. Maintenant, on veut qu’il y ait plusieurs personnes », ironise la conductrice columérine, membre du syndicat UNT avant d’ajouter : « Si un jeune veut devenir taxi, je lui déconseille si cette convention se met en place. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Aujourd’hui, la sécurité sociale me prend 11% sur ma course. Sans compter la TVA et les charges. Demain, on ne sait pas combien ce sera ». Ce lundi soir, les taxis albigeois sont attendus pour rejoindre le mouvement. Tout comme les agriculteurs le lendemain. Le rond-point blagnacais de Porte de Bordebasse sera animé…
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