« Ma mère m’a dit : si tu veux y aller, c’est le moment ou jamais », les futurs agriculteurs soutiennent la manifestation de leurs pairs

Les tracteurs bloquant le péage d'Eurocentre près de Toulouse sont en position défense. (Crédit photo : A.G.)
Depuis plusieurs jours, les agriculteurs français manifestent contre le manque de moyen et les restrictions auxquelles ils doivent faire face au quotidien. Les étudiants en BTS agricole soutiennent corps et âme la démarche de leurs pairs et espère une réaction du gouvernement.

« On bloque le péage d’Eurocentre près de Toulouse. C’est plutôt calme pour l’instant mais on va voir vu ce qu’on entend vis-à-vis de l’Ariège. Les agriculteurs voudraient péter les grilles de la préfecture de l’Ariège. On ne sait pas encore quoi en penser ». Ces paroles, ce sont celles d’Antoine Grillaud, un alternant en BTS Agronomie et Culture Durable à Lavaur dans le Tarn. Ce mardi 23 janvier, l’étudiant a décidé de ne pas aller en cours pour soutenir les agriculteurs à l’occasion de ce sixième jour de mobilisation. « Ma mère est agricultrice et m’a dit : si tu veux y aller, c’est le moment ou jamais. C’est le métier que je veux faire. Si je n’y vais pas maintenant, j’irais jamais manifester », ajoute-t-il.

« Si j’étais installé, j’irais manifester »

Retenus par leurs professeurs ou patrons, certains étudiants n’ont pas pu manifester. À l’image d’Enzo Mazzolo, lui aussi alternant en BTS ACD à Lavaur : « Si on va manifester, on ne sera pas payé ». Le Tarnais estime que cette manifestation est « entièrement normale. Les gros organismes veulent qu’on achète cher et qu’on ne revende pas cher. Les agriculteurs ont trop de charges sur ce qu’ils vendent». « Si j’étais installé, j’irais manifester. Mes camarades de classe ont les mêmes propos », ajoute-t-il. « Dans les exploitations où je suis allé par le passé, ce n’était généralement pas des fermes supers riches. Ce n’est pas possible d’embaucher des salariés, l’engrais coûte hyper cher depuis la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, l’engrais peut coûter 800 euros par tonne alors qu’avant on pouvait le trouver entre 300 et 500 euros », détaille le jeune homme de 18 ans.

« Les tracteurs sont en position défense pour éviter qu’un drame se reproduise »

Face à une telle situation, Antoine Grillaud a forcément peur pour l’avenir du métier qu’il envisage d’exercer : « On ne sait pas de quoi sera fait demain. L’agriculture est ma passion et j’espère vivre de ça ». L’étudiant n’est pas optimiste à l’idée qu’un terrain d’entente soit trouvé entre le gouvernement et les agriculteurs : « Le gouvernement est dans une autre dimension et ne voit pas ce que les agriculteurs vivent ». De son côté, Enzo a bon espoir que les deux parties parviennent à trouver un accord. « Si les agriculteurs continuent à bloquer des autoroutes, le gouvernement va bien finir par trouver un compromis », glisse-t-il. « Les agriculteurs ont prévu de rester tant qu’il n’y aura pas de preuves concrètes », certifie son camarade Antoine. Demain, ce dernier retournera en classe. La manifestation se poursuivra. Aujourd’hui, « les tracteurs sont en position défense. C’est-à-dire qu’ils font barrage pour nous protéger d’une éventuelle voiture bélier et éviter qu’un drame se reproduise ». Le monde de l’agriculture est en deuil depuis ce mardi matin et la mort d’une agricultrice de 35 ans, fauchée par une voiture à Pamiers en Ariège.

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