La tension et les mouvements s’intensifient. Mais c’est en Occitanie que la situation est plus critique. Après une protestation pacifique qui consistait à retourner les panneaux signalétiques dans le Tarn par exemple, il est l’heure de protester et pour de vrai.
Les agriculteurs dénoncent en particulier les contraintes de la transition écologique sur leur activité, perçues comme une concurrence déloyale avec d’autres Etats qui proposent pour moins cher les « mêmes produits ». La réduction des pesticides, la suppression de l’avantage fiscal sur le GNR (gazole non routier) ou la négociation difficile avec les industriels… Leurs revendications sont diverses, mais rejoignent un même constat. Celui de ne plus pouvoir vivre de leur métier et vraiment plus du tout.
Plus d’explications sur les revendications :
Qu’est ce qu’il s’est passé ?
Lors de la mobilisation, la tension a alors atteint son paroxysme au moment où le responsable régional de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) a pris la parole et a demandé d’arrêter de manifester. La décision a provoqué une onde de choc parmi les manifestants, autant chez les JA (Jeunes Agriculteurs) que chez la FNSEA. Il a été accueilli par des huées et des insultes de certains membres du syndicat lui-même. « Vendu » « Sans couilles » ont été scandés pendant qu’il demandait aux manifestants de rentrer chez eux. « Pour moi, c’est une bonne chose que les agriculteurs se mobilisent par eux-mêmes et pas forcèment par les syndicats automatiquement. Ça montre qu’ils sont aussi capables de se faire entendre « affirme Maugane De Campos, agriculteur bovin en Occitanie.
Certains ont même refusé d’arrêter de manifester, allant même jusqu’à bloquer l’aéroport de Blagnac peu de temps après.
Mais pourquoi cette tension ?
En fait, cela fait déjà quelques années qu’il y a de l’eau dans le gaz.
Les relations entre les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA dans cette région sont tendues depuis plusieurs années. Alors que ces deux syndicats collaborent et partagent généralement une vision commune au niveau national, la situation en Haute-Garonne est différente car ils sont séparés depuis 6 ans.
« Il y a quelques années, les JA (Jeunes Agriculteurs) et la FNSEA ont pris des chemins séparés en Haute-Garonne, évoluant presque comme des « opposants ». Les JA reprochent à la FNSEA de manquer d’évolution, d’adopter des méthodes obsolètes et vieillissantes et surtout de ne pas manifester de manière assez « forte ». Certains vont jusqu’à dénoncer les actions de la FNSEA comme de simples parades plutôt que de véritables manifestations » explique un membre de syndicat relatif au milieu de l’agriculture qui a souhaité garder l’anonymat.
« Ils reprochent aussi à la FNSEA de vouloir faire de l’argent, toujours plus. Ils les accusent de servir un modèle simplement financier et de veuloir absolument être présents sur le marché mondial. Les JA ne sont plus d’accord avec ces modes de fonctionnement et constatent que les agriculteurs vieillissent et disparaissent, que les jeunes ne reprennent plus. Pour beaucoup la FNSEA servirait les intérêts du gouvernement et non plus des agriculteurs. Ils reprochent aussi le manque de financement de la PAC » continue-t-il.
Donc en bref, les agriculteurs ne gagnent plus assez d’argent grâce à leur marchandise, ni grâce aux subventions. L’eau, l’électricité augmente, le GNR (Gazole Non Agricole) a été augmenté X10 et ils dénoncent une hausse des marges de la part des industriels et distributeurs, et par conséquent une baisse des revenus pour les agriculteurs.
Cette scission au sein du monde agricole français souligne l’urgence d’une réponse gouvernementale cohérente et attentive aux préoccupations des agriculteurs.
Les manifestants appellent à un arrêt des « injonctions contradictoires », évoquant l’Occitanie comme la « première région agricole française avec plus de 64 000 fermes » et la « première région bio de France avec 13 265 fermes » mais le « plus bas revenu agricole de France », comme l’indique actu Toulouse.
Ces actions s’étendent à l’échelle de l’Europe. Des mouvements d’agriculteurs ont lieu depuis plusieurs jours en Allemagne, mais aussi en Pologne et en Roumanie.