Dans la commune du Burgaud, au nord de Toulouse, la ferme GAEC Estèbe a relevé un défi audacieux : introduire la culture des amandiers sur un territoire peu habitué à cette production. Béatrice Moncosi, agricultrice engagée en agriculture biologique, a fait le pari de la diversification en plantant dix hectares d’amandiers.
Historiquement tournée vers les grandes cultures, l’exploitation familiale a évolué au fil des générations. « Le prix des céréales était trop bas pour tout le travail fourni, il fallait trouver autre chose », explique Béatrice Moncosi. L’idée des amandiers s’est imposée naturellement : « Nous sommes à la frontière du Tarn-et-Garonne où la noisette est bien implantée, mais en bio, c’est compliqué. L’amande, en revanche, est une niche dans notre région ».
Avec 2 500 arbres plantés, l’exploitation a produit ses premières amandes en 2023. Si la récolte reste encore modeste,100 kg par hectare en coque, les perspectives sont encourageantes. En pleine production, un verger bio peut atteindre 500 kg par hectare. « Les arbres sont encore jeunes, il faut leur laisser le temps de grandir. »

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Un engagement pour le bio et le circuit court
Certifiée bio depuis 2015, la ferme GAEC Estèbe privilégie des pratiques respectueuses de l’environnement : compost, cuivre pour les maladies et fertilisation organique. Pour Béatrice, ce choix est aussi personnel. « Mon père est décédé d’une maladie que je soupçonne liée aux pesticides utilisés autrefois. Je veux produire autrement, pour notre santé et celle des consommateurs. »
Les amandes sont commercialisées en circuit court via des plateformes locales comme Direct Paysan et Cagette, ainsi que sur les marchés, notamment à Grenade-sur-Garonne. « Le contact direct avec les clients est essentiel. Ils découvrent nos amandes et réalisent qu’elles n’ont rien à voir avec celles du supermarché. »
Des produits variés pour se démarquer
Au-delà de l’amande brut, Béatrice propose une gamme de produits transformés : amandes grillées et aromatisées (curcuma, curry, piment d’Espelette, caramel…), pâte à tartiner… Un moyen de valoriser sa production et d’attirer de nouveaux consommateurs.





Crédit : Lucie Ribaut
Si le chemin est encore long, l’agricultrice voit l’avenir avec optimisme. « L’objectif est que l’amande devienne plus rentable que le blé. La demande française est forte et la culture a un bel avenir. » Un pari audacieux, mais prometteur pour cette pionnière de l’amande dans le nord toulousain.