La Cave Poésie fait de la résistance culturelle avec un concert poétique en plein air

Alors que la ville rose perdait de ses couleurs, la Cave Poésie a enfilé son bonnet phrygien pour faire de la résistance culturelle avec un concert poétique en plein air.

La culture est en deuil et ses acteurs sont en colère. Les lieux culturels ont été mis à terre par les confinements et les restrictions sanitaires, sans aucune date fixe de reprise. Et alors que la ville rose perdait de ses couleurs, la Cave Poésie a enfilé son bonnet phrygien pour faire de la résistance culturelle. 

Les salles de spectacle ont fait, défait et refait leurs programmations en tentant de se plier aux annonces gouvernementales, mais rien à faire ; la reprise de la vie culturelle à Toulouse ne sera pas pour tout de suite. Fortement impacté par la crise du COVID-19, le secteur culturel est en pause depuis le 14 mars. Le président de la République les incitait alors à « enfourcher le tigre », mais la Cave Poésie à plutôt préféré prendre le taureau par les cornes. 

Ils ont donné rendez-vous à tous les nostalgiques de poésie rue Gambetta devant la librairie Terra Nova ce mardi 19 janvier à 12h30. Le public était au rendez-vous et entre simples curieux et aficionados, c’est une soixantaine de personnes qui se sont laissées embarquer dans l’univers de Claire Rengade, poète et musicienne. Cette dernière se tenait derrière la vitrine de la librairie accompagnée de son acolyte et musicien Etienne Roche à la contrebasse pour une demi-heure de concert poétique, en plein cœur de Toulouse. Comme un joyaux de culture admiré et célébré par le public de l’autre côté du trottoir, le spectacle « La prochaine fois que je meurs, j’arrête », est devenu le symbole d’un secteur en rébellion

À midi c’est permis

La Cave Po’ aurait dû accueillir Claire Rengade dans le cadre de son festival « La poésie c’est le pied ! », mais à cause des restrictions et du couvre-feu, il a fallu redoubler d’ingéniosité. Yann Valade, directeur de programmation, ne voulait pas priver le public de cet événement : « la culture c’est ce qui fait le lien avec les gens et c’est ce dont on a besoin plus que tout en ce moment ». Véritable acte de résistance pleinement assumé, il remet en question la nécessité des mesures de restriction du gouvernement : « paradoxalement, les lieux de culte sont ouverts et je ne comprends pas pourquoi les lieux culturels ne pourraient pas l’être aussi alors que l’on met tout en place et qu’on s’organise pour respecter les gestes barrières ». 

Ils ont choisi de programmer leur évènement à midi, pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d’assister au spectacle pendant leur pause-déjeuner, mais surtout pour contourner la contrainte du couvre-feu de 18h. Ils ont alors fait appel à la librairie Terra Nova, leur complice et partenaire de longue date, qui a tout de suite accepté de participer à ce projet un peu fou de concert-vitrine en pleine rue. 

Des mots pour guérir les maux

Claire Rengade et Etienne Roche ont animé la rue Gambetta pendant une demi-heure au son de la contrebasse et de l’accordéon. Une reprise culturelle nécessaire pour la poète qui n’en pouvait plus de ne pas pouvoir se produire sur scène. « Ça fait du bien revoir des gens, des visages, même s’ils sont masqués. C’est une époque terrible mais le spectacle doit vivre, même avec la situation actuelle », explique-t-elle.

Une chose est sûre, c’est que le public a été conquis. Laurie est étudiante en lettres et a assisté religieusement à la représentation. Pour elle, la reprise de la culture est un besoin vital« on en est arrivé à devoir organiser des évènements comme ça, derrière une vitrine pour pouvoir faire vivre les arts. C’est terrible ». Pour Claude et Anne, retraitées et férues de poésie ce concept est une véritable aubaine : « ça nous permet de continuer à assister à ce genre d’évènement, ce qui nous a grandement manqué, tout en respectant les règles. » 

En attendant de futures annonces sur la potentielle reprise du secteur culturel, les équipes de la Cave Po’ veulent faire passer le message : « nous sommes vivants pour le moment », mais jusqu’à quand ? 

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