Lorsque les Romains fondèrent Tolosa au Ier siècle avant notre ère, ils posèrent les fondations d’un carrefour commercial qui traversera les millénaires. Située au croisement des voies reliant l’Atlantique à la Méditerranée et les Pyrénées à l’Auvergne, la cité antique devint rapidement un centre névralgique pour le négoce du vin, des céréales et de l’artisanat. Cette position géographique privilégiée, entre mer et montagne, fit de Toulouse un lieu d’échanges prospère où convergeaient marchands, artisans et commerçants venus de tout l’Empire romain. Deux millénaires plus tard, cette vocation commerciale n’a jamais quitté la Ville rose. Mais aujourd’hui, ce ne sont plus les amphores de vin qui transitent par Toulouse, ce sont les avions, les satellites, l’agriculture et les innovations de santé. La quatrième métropole française s’impose progressivement comme le nouveau territoire d’excellence pour entreprendre en France, attirant start-ups, investisseurs et talents du monde entier.
Une métropole en pleine croissance démographique et spatiale
Avec 511 684 habitants recensés en 2022 dans sa métropole, Toulouse affiche une croissance démographique remarquable, dépassant le 1,2 % annuel entre 2016 et 2022. Cette dynamique place la capitale occitane parmi les villes françaises les plus attractives, devançant même Lyon en termes de croissance, bien que cette dernière conserve une légère avance démographique avec 520 774 habitants. D’après des estimations, la ville rose devrait déjà se placer au-devant de Lyon dans le classement. Mais ce qui distingue vraiment Toulouse dans le paysage métropolitain français, c’est son espace. Avec 118,3 km² intra-muros, la ville dispose d’une surface considérable comparée à Lyon (47,9 km²), Nantes (65,19 km²) ou Nice (71,92 km²), ou encore Paris, qui mesure à peu près les mêmes dimensions que Toulouse mais qui, contrairement à la Ville Rose, ne peut pas s’étendre. Cette amplitude territoriale offre des marges de développement urbain et économique considérables, permettant à la métropole de se transformer sans la contrainte de la saturation foncière qui étouffe certaines grandes villes. Cette mutation est d’ailleurs visible dans les grands projets structurants qui redessinent Toulouse : la ligne de métro C, le développement du train à grande vitesse, la construction de la tour Occitanie, ou encore le futur campus Grand Matabiau Digital de 50 000 m² dédié aux entreprises technologiques et à l’intelligence artificielle. Autant de chantiers qui témoignent d’une ambition : faire de Toulouse une métropole européenne de premier plan, capable d’accueillir et de faire grandir les entreprises de demain. Comme l’explique Fares Hayder, directeur et intervenant à l’ICD « À Toulouse, ce n’est pas la place qui manque, il reste tout à faire. À l’inverse de Paris où, pour une ville de la même taille, tous les quartiers sont construits en escargot, ils ont tout compressé. » Une version contredite par Jordan Berez, cofondateur d’Amoné, un bar à cordon bleu situé en centre-ville de Toulouse. Pour lui
« L’hypercentre est très réduit, avec peu de rues réellement passantes. Certaines zones sont très jolies, d’autres très excentrées, impossibles pour faire du chiffre. 80 % de la réussite dépend de l’emplacement, un problème accentué par des travaux récurrents qui peuvent condamner une rue pendant plusieurs mois ou années. »

Un écosystème entrepreneurial porté par l’industrie et les talents
Si Toulouse attire autant d’entrepreneurs, ce n’est pas un hasard. La ville possède un écosystème entrepreneurial parmi les plus complets de France, structuré autour de trois piliers : un tissu industriel d’excellence, un capital humain de haut niveau et une infrastructure d’innovation performante.
Au cœur de cet écosystème trône Airbus, fleuron de l’aéronautique européenne et employeur majeur de la métropole. Mais la présence de ce géant ne se limite pas à la création d’emplois directs : elle génère tout un écosystème de sous-traitants, fournisseurs et start-ups gravitant autour de l’aéronautique et du spatial. Orange, avec son campus de Balma et son site de Blagnac, joue un rôle similaire dans les télécommunications et le numérique. Les start-ups toulousaines ne développent pas des concepts dans le vide : elles répondent à des besoins réels, portés par des donneurs d’ordres exigeants.
Toulouse peut compter sur un capital humain exceptionnel. La Ville Rose se place au 4ᵉ rang des villes françaises comptant le plus grand nombre d’étudiants, alimentée par ses nombreuses écoles de commerce et d’ingénieurs. Toulouse Business School accueille 6 000 étudiants, l’ESG Toulouse 1 320, sans compter les autres établissements comme l’ICD. Cette abondance d’écoles de commerce se double d’une forte présence d’écoles d’ingénieurs spécialisées dans l’aéronautique, le spatial et les technologies de pointe.
Antoine Prince, étudiant à l’ICD, incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs formés à Toulouse. Pendant son cursus, il monte son projet : une enseigne proposant des pizzas en forme de cône, élaborées exclusivement avec des produits locaux. « Je me sens vraiment soutenu par la ville et la région de Toulouse », confie-t-il. « Quand vous montez un projet qui valorise les circuits courts et les producteurs locaux, vous trouvez rapidement des interlocuteurs à la mairie et au Conseil régional, c’est précieux quand on débute. » Son concept, qui allie innovation dans la forme et ancrage territorial par les ingrédients, bénéficie ainsi d’accompagnements et de dispositifs d’aide qui facilitent considérablement le passage de l’idée à la réalité entrepreneuriale.
Plus de 700 start-ups et 220 millions d’euros levés
Le Label French Tech n’est pas qu’une étiquette à Toulouse, c’est une réalité opérationnelle. La métropole dispose d’un maillage dense d’incubateurs et accélérateurs : La Cité (13 000 m² d’espaces dédiés), Nubbo, Première Brique, Le Starter, l’ESA BIC Sud France pour le spatial… Ces structures accompagnent les porteurs de projets de l’idée à la mise sur le marché, en leur offrant mentorat, mise en réseau et parfois financement d’amorçage. « Pour moi, Toulouse est une ville réellement accessible pour se lancer quand on est un jeune entrepreneur », témoigne le fondateur de Noma, un espace de coworking. « C’est en plein développement. Et qui dit développement dit qu’il y a beaucoup d’infrastructures qui se développent pour aider. Il y a beaucoup d’incubateurs qui naissent de plus en plus, pas mal d’associations aussi qui aident, que ce soit financièrement ou au niveau opérationnel. La CCI aussi, elle est bien développée par rapport à d’autres CCIs en France. »
Les chiffres témoignent de la vitalité de cet écosystème : en effet, Toulouse compterait plus de 700 start-ups actives, concentrées notamment dans l’intelligence artificielle, le spatial, l’aéronautique et le numérique. En 2023, ces jeunes pousses ont levé 220,7 millions d’euros selon le Toulouse Tech Index, démontrant la confiance des investisseurs dans le potentiel du territoire. Le cluster TOTEM, dédié à la mobilité, fédère environ 160 entreprises membres, créant des opportunités de collaboration et d’innovation dans un secteur en pleine transformation. Toulouse ne se contente pas d’accompagner des start-ups isolées : elle structure des filières entières.
16 300 créations d’entreprises par an, tous secteurs confondus
La vitalité entrepreneuriale de Toulouse ne se limite pas aux start-ups technologiques. En 2022, la métropole a enregistré 16 304 créations d’entreprises selon l’Insee, dont 12 059 entreprises individuelles. Ce rythme de création, confirmé par d’autres sources évoquant environ 16 300 créations annuelles, place Toulouse parmi les territoires les plus dynamiques de France. La répartition sectorielle de ces créations révèle une économie diversifiée : 26,8 % dans les services spécialisés et techniques, 24,5 % dans le commerce, le transport, l’hébergement et la restauration, 12,2 % dans l’administration, l’enseignement et la santé, 9,2 % dans la construction, et 6,8 % dans l’information et la communication. Un autre indicateur encourage la féminisation de l’entrepreneuriat progresse, avec 40,5 % de femmes parmi les indépendants classiques et 44,7 % parmi les auto-entrepreneurs. Cette mixité renforce la diversité des projets et des approches entrepreneuriales. Concernant la pérennité, les données régionales d’Occitanie montrent que 68 % des entreprises classiques sont encore actives après trois ans, un taux honorable qui témoigne d’une certaine solidité des projets. Cependant, ce chiffre tombe à 49 % pour les auto-entreprises, révélant la fragilité de ce statut et l’importance d’un accompagnement solide.
Face à Lyon, Bordeaux et Nantes, Toulouse tire son épingle du jeu
Toulouse n’est pas seule sur le podium de l’entrepreneuriat français. Lyon s’impose comme une puissance établie grâce à son industrie, ses biotechnologies et ses infrastructures exceptionnelles, mais souffre de coûts élevés et d’une concurrence féroce ; Bordeaux s’est spécialisée dans le numérique avec un cadre de vie séduisant, tout en restant en retrait sur le poids industriel et en connaissant une certaine saturation dans le digital ; quant à Nantes, elle mise sur l’économie durable et affiche une forte dynamique de création d’entreprises, mais demeure handicapée par une moindre concentration d’acteurs technologiques et industriels majeurs, limitant les opportunités pour les projets deep-tech nécessitant des partenariats lourds.

Le verdict : Toulouse, championne de la deep-tech et de l’ingénierie
Dans ce match des métropoles, Toulouse se distingue par son équilibre unique : un tissu industriel puissant (aéronautique, spatial), un capital humain d’excellence (ingénieurs, chercheurs), une infrastructure d’innovation dense (incubateurs, R&D) et des marges de développement urbain considérables. La ville excelle particulièrement pour les projets tech, deep-tech et d’ingénierie, bénéficiant d’un écosystème complet allant de la formation à la recherche et développement, du prototypage à l’industrialisation. Lyon reste le choix privilégié pour des projets B2B, industriels ou nécessitant une forte proximité avec des investisseurs institutionnels et des grands groupes. Bordeaux brille dans le numérique et les services digitaux, tandis que Nantes attire les entrepreneurs engagés dans la transition écologique et l’économie circulaire. Mais Toulouse dispose d’un atout que les autres n’ont pas au même degré : la capacité de mener un projet de l’idée jusqu’à l’industrialisation, en s’appuyant sur des acteurs majeurs et des infrastructures de pointe. Pour un entrepreneur ambitieux dans les technologies de rupture, la capitale occitane offre probablement le meilleur compromis entre qualité de vie, ressources disponibles et opportunités de développement. La légère baisse des investissements constatée en 2024 (34 % de moins) constitue certes un signal d’alerte, mais elle doit être mise en perspective avec le contexte économique national et européen de baisse des investissements, 8% pour l’Europe et 5% pour la France. Toulouse reste une valeur sûre, peut-être moins tapageuse que Paris ou Lyon, mais offrant à ceux qui savent y voir une opportunité unique de construire quelque chose de durable dans un environnement stimulant. De Tolosa à la Smart City, Toulouse n’a jamais cessé d’être ce carrefour où se rencontrent les audacieux, les innovateurs et les bâtisseurs. Le nouvel eldorado de l’entrepreneuriat français porte définitivement les couleurs rose et violet de la Ville rose.
Deep-tech et technologie de rupture: Quésaco ?
Deep-tech concerne les innovations basées sur des percées scientifiques majeures (IA, biotech, quantique, nanotech) nécessitant d’importants investissements en R&D et de longs cycles de développement, tandis que les technologies de rupture transforment radicalement les marchés existants en créant de nouveaux usages, comme l’ont fait Internet, le smartphone ou la blockchain.
Défaillances d’entreprises: “Pas la bérézina”
Alors que la Ville Rose affiche un fort dynamisme entrepreneurial, chacun y va de son opinion bien tranchée lorsqu’il s’agit d’émettre des hypothèses sur le courage de se lancer et sur la pérennité des entreprises. En effet, Toulouse présente toutefois de nombreux risques et limites, dont chaque auto-entrepreneur doit bien prendre en compte avant de se lancer dans l’aventure. Loin d’être sereine, la ville connaît actuellement un contexte économique instable, entre travaux et l’impact de la crise sanitaire de 2020, dont le secteur de l’aéronautique, prédominant dans la région, essaie de se remettre petit à petit. Pour commencer à se faire un panorama de l’état de santé des entreprises en 2025, le président du Tribunal de commerce, Philippe Dedieu a fait le point lors d’une conférence de presse le 28 octobre, 9 mois après le premier jour de l’année 2025. «Ce n’est pas la Bérézina», a t’il commencé. Il ajoute: «Les entreprises touchées par ces défaillances sont de petite taille. Le nombre de salariés impactés par les défaillances a diminué de 30 % par rapport à 2024. » Lorsqu’il s’agit de cerner les limites et les risques que présente l’entreprenariat à Toulouse, il faut s’intéresser aux chiffres actuels concernant la défaillance et la radiation d’entreprises. Et là, le constat n’est pas positif. Par rapport à l’an dernier, à la même période (janvier à septembre, NDLR), le nombre de dossiers de redressement ouvert se porte à 982, soit une hausse de presque 10%. Il est important de noter, que ce chiffre est seulement un marqueur approximatif de cette augmentation, car Philippe Dedieu, dans son ambition de redorer l’image entrepreneuriale de Toulouse grâce à des chiffres de créations d’entreprises optimistes, a omis de préciser que le nombre de dossier ouverts ne représente pas le nombre de cas de défaillances précis. Encore une fois, Philippe Dedieu se voulant porteur d’espoir, détaille: «Quand les entreprises sont en défaillances financières, l’issue n’est pas toujours négative: on a eu 60 % de plans de redressement de plus que l’année dernière. Il y a eu aussi 32 cessions d’entreprises là où, en 2024, on en a eu que 11 ». Toutefois, la réussite d’un redressement ne garantit en aucun cas la pérennité, ni plus que la cession d’ailleurs. Cession, qui est à différencier de cessation, correspond au fait de céder son entreprise à un repreneur, de lui transmettre l’exploitation de son activité. Toujours selon les mots du président du tribunal de commerce, parmi les secteurs les plus impactés par les défaillances, on retrouve celui du transport, notamment du dernier kilomètre. « Il y a eu quelques entreprises de transport qui n’ont pas vu leur marché évoluer », se rappelle Philippe Dedieu. Puis vient le secteur de l’immobilier, « avec la construction et la restauration».
Concernant la viabilité des entreprises à long terme, les chiffres paraissent encourageants: « En septembre de cette année, 1 566 sociétés au total ont été radiées, contre 2 966 l’an dernier à la même période, soit une baisse de 47%», reprends Philipe Dedieu. Mais il ne faut pas se leurrer: même s’il a diminué sur une année, depuis le boom économique de 2024 porté par les micro-entreprises, le nombre d’entreprises radiées est en forte augmentation sur l’Hexagone, informe le média économique Les Echos, et concerne les territoires urbains, dont Toulouse qui est citée comme l’un des premiers exemples.
Défaillance, cession et radiation d’une entreprise: Quésaco?
Pour rappel, la défaillance se définit comme la situation dans laquelle l’entreprise n’est plus en mesure de faire face à ses obligations financières, qu’il s’agisse du paiement des fournisseurs, des salaires ou d’autres dettes. A ce stade, un dossier légal est monté, une procédure de redressement s’ouvre. Elle aboutit généralement, à un redressement ou à une liquidation judiciaire, qui elle se termine par la radiation, acte qui entraîne sa disparition juridique.
Airbus et “son effet boule de neige”
Le baromètre des entreprises de la CCI lui, n’est pas plus verdoyant. D’abord, ce chiffre : 43% des dirigeants de TPE (moins de 10 salariés) disent connaître des conditions “tendues” de trésorerie — c’est un niveau élevé, au plus haut de ces cinq dernières années. La faute à Airbus. Enfin pas directement. Mais la forte dépendance de Toulouse à Airbus et à la chaîne de sous-traitants aéronautiques rend l’économie locale vulnérable. Le ralentissement de la demande, les retards de production ou les problèmes de trésorerie chez les sous-traitants ont pesé lourd. Une capacité d’autofinancement insuffisante et un endettement élevé caractérisent la situation financière de certains sous-traitants. C’est ce que révèle l’étude menée en juillet par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) et la Banque de France. Ainsi, en 2023, 40 équipementiers, sur les 203 adhérents du Groupement des équipements aéronautiques et de défense, couraient le risque d’une défaillance, contre 26 en 2022. Ainsi, le ralentissement du CA d’Airbus suite à la crise du COVID 19, a entraîné, façon “effet boule de neige”, confirme Fares Hayder, directeur de l’ICD Business School, le ralentissement de toute l’industrie entrepreneuriale à Toulouse. Une instabilité qui à l’avenir, tendra à décroitre l’initiative entrepreneuriale de la région. A l’exception, peut-être, de quelques secteurs. “Si l’on veut réussir, il faut tout miser sur deux choses: l’innovation et le secteur d’activité. Ceux qui marchent actuellement à Toulouse, c’est la santé, l’aéronautique et l’agriculture. Tout le tissu économique local dépend de ces trois secteurs centraux”, détaille Fares Hayder. Prenons l’exemple de la restauration: à prime abord, elle n’a rien à voir avec l’aéronautique. Mais comme Airbus emploie directement près de 30 000 personnes, et une dizaine de milliers d’autres indirectement, lorsqu’Airbus tourne au ralenti, ce sont tous ses employés qui le sont avec elle. Moins d’emplois, moins de revenus : les gens dépensent moins, font plus attention à leur agent. Il y a moins d’employés qui se restaurant à l’extérieur le midi, moins d’afterworks avec tapas, et tout ça est mauvais pour ce secteur.

Toulouse, ou “la ville aux 15 000 chantiers”
Ah, les travaux. Gros sujet d’actualité à Toulouse. Ville d’ailleurs surnommée “Ville aux 15 000” chantiers par Maxime Boyer, l’élu de Toulouse Metropole en charge des transports. Il y a tant de choses à dire. Nouvelle ligne de métro en construction, piétonnisation de la rue de Metz, réaménagement de plusieurs quartiers, ouvertures de pistes cyclables, remise à neuf des réseaux souterrains de gaz et d’eau, sans oublier, ah oui, les fameux effondrement des immeubles de l’hypercentre, qui ne semblent plus vouloir s’arrêter de faire la une de La Dépêche du Midi. Nuisances sonores, réduction de terrain, poussières, baisse de la fréquentation, les désagréments de ces travaux effectués tous en même temps, décision du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, pour “limiter les nuisances dans le temps”, sont nombreux. Et de taille pour ceux qui souhaitent s’implanter à Toulouse. Il suffit d’entendre parler des établissements déjà ancrés dans le tissu entrepreneurial local pour avoir peur. Pour se rendre compte de ce que cela engendre, rien de mieux que les témoignages de ceux qui les subissent: Yannick Briane, patron d’un bar-restaurant dans le faubourg Bonnefoy constate : « Notre chiffre d’affaires a chuté de 25 % depuis le début des travaux ». Non loin de là, place Saint-Aubin, Jules Le Clézio, patron d’une cave à vin, se désole : « Quand je me suis installé, en 2022, j’avais 50 mètres carrés de terrasse, là, je me retrouve avec 2,50 mètres carrés », faute à la construction d’un puit et d’une sortie de secours sous-terraine. Sur le trottoir, devenu très étroit, on remarque la grue qui tournoie au-dessus des immeubles. Un peu plus loin, au restaurant Cœur d’Amande, la serveuse jongle entre les tables de sa petite terrasse, les piétons et des cyclistes parfois indisciplinés. Pour Stanislas, qui a ouvert il y a quelques semaines les portes de son nouveau projet, un café coworking, situé rue des Sept Troubadours, c’est un vrai obstacle: “Même si je sais que ces travaux ont vocation à améliorer l’espace, et j’ai hâte de voir ce travail fini, les nuisances sonores que ça engendre sont paradoxales au silence qu’il faut pour travailler, alors oui, j’ai peur que ces travaux impactent ma réussite”. Enfin, pour Jordan Perez, co-fondateur d’Amoné, un bar à cordons bleus, qui a ouvert ses portes cet été rue du Taur, la problématique des immeubles qui s’effondrent lui ont coûté 6 mois de retard. “Je conseille à toute personne qui veut s’installer à Toulouse de bien vérifier les caves avant d’acheter”, ironise-t-il. Entre les grues, les effondrements et les terrasses qui rétrécissent, entreprendre à Toulouse relève parfois du parcours du combattant en terrain miné. »
Elodie STEPHAN et Florian BRUSSET


