Dans certaines communes, les exploitants agricoles voient leur quotidien changer à cause de décisions locales qui varient. Entre normes environnementales ou aides régionales mises à jour, l’instabilité politique crée un climat encore plus fragile.
Ces dernières années, la situation politique française ne cesse de changer : entre une Assemblée nationale dissoute, de multiples changements de gouvernement, des réformes contestés, une adoption de budgets incertaine, tous ces changements mènent à une forte instabilité politique. De nombreux secteurs sont touchés par cette instabilité, que ce soit l’immobilier, les finances ou le commerce international, personne n’est épargné et en particulier le secteur agricole. Entre tensions et changements, quels sont les impacts et les conséquences de cette instabilité pour les exploitants agricoles ?
Un secteur au sein des tensions
Ces dernières années, le secteur agricole s’est retrouvé au cœur des tensions et des débats politiques révélant un problème de taille et la colère des acteurs de cette profession. De nombreuses causes sont à l’origine de cette crise. La première est liée à la question des revenus : de nombreux agriculteurs peinent à vivre de leur activité, selon l’Insee en 2020, 17,7 % des exploitants vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, contre 14,4 % parmi l’ensemble de la population. Il y a également la hausse des prix des produits agricoles à la production (engrais, gazole, aliments pour les animaux, céréales) : entre 2005 et 2022, ils avaient augmenté de 89,2 %. De plus, certaines tensions sont aussi liées aux aménagements, pour pouvoir en faire un sur les terrains comme un lac ou curer un fossé, il faut obligatoirement faire une demande et passer par l’administration, même s’ils sont propriétaire.
L’impact de cette instabilité
À l’échelle locale, lorsqu’il y a une instabilité au niveau des élus, il peut y avoir des impacts. Avant, dans les communes rurales, les élus étaient pour la majorité des agriculteurs et les conseils municipaux étaient donc liés à l’agriculture. Aujourd’hui, il y en a moins et les élus peuvent avoir une tout autre idée, c’est ce que nous explique Patrick Denadaï, agriculteur dans le Lot-et-Garonne : « Il peut y avoir des élus écologiques, qui ne détestent pas l’agriculture, mais qui ont une autre idée de l’agriculture que l’on fait ». Dans les communautés des communes, l’impact des maires y est vu. Certains aménagements, certaines règles ne sont pas toujours facilement acceptés. Patrick Denadaï nous donne un exemple : « Avant, il y avait un groupement de communes, aujourd’hui, on a mis ça au niveau d’une communauté des communes, nous explique t’il, avant, c’étaient 4,5 communes qui étaient regroupées, maintenant elles sont plus de 20. Ils décident d’aménager les ruisseaux comme ils le veulent. Chez moi, ils ont été mettre des cailloux pour freiner l’eau sans presque rien demander. C’est des décisions européennes qu’ils appliquent ». Pour lui, ces décisions sont plus ennuyantes qu’autre chose. Les aménagements peuvent aussi être au détriment des terres agricoles, les agriculteurs les subissent sans que leur avis ne soit sollicité.
De plus, les Élus locaux peuvent jouer un rôle dans l’autorisation de la construction d’un bâtiment, ils peuvent la retarder « On le voit nous pour faire un hangar photovoltaïque sur la communauté de Val de Garonne, et bien elle est en train de freiner le montage de cet hangar, alors qu’on en a besoin, nous explique t’il, l’impact il est la parce qu’aujourd’hui pour eux il faut le justifier, si je fais un hangar ce n’est pas pour le plaisir, c’est que j’en ai besoin ».



