Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit le doublement des franchises médicales et de la participation forfaitaire en 2026. Une mesure qui est mal acceptée par les pharmaciens et les assurés. Témoignages à Toulouse.
A l’heure actuelle, lorsqu’on achète une boîte de médicament en pharmacie, le reste à charge est de 1 euro, il pourrait passer à 2 euros si le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 est adopté. Pour une consultation chez un médecin généraliste ou spécialiste, la participation forfaitaire se verrait doubler, ainsi que les plafonds annuels de ces deux franchises médicales, qui passeraient de 50 euros par an à 100 euros. Selon Capital, ces mesures devraient générer un gain estimé à 2,3 milliards d’euros en 2026.
Des mesures mal acceptées par les consommateurs
Selon le gouvernement, le reste à charge des patients augmentera en moyenne de 42 euros par an. Une charge en plus qui ne dissuadera pas la jeune étudiante Mailis de 19 ans de payer le prix : “la santé reste super importante et j’ai les moyens mais je pense que ça peut en effet contraindre certains qui n’ont pas les moyens”. Cependant cette jeune Toulousaine n’adhère pas à cette idée d’augmentation : “la santé est un domaine auquel il ne faut pas toucher, il faut garder cette qualité en France”. Une conviction que partage le jeune alternant Ethan : “C’est une honte de faire des économies sur la santé, il y a plein d’autres domaines sur lesquels les faire”. Ethan affirme que des augmentations plus importantes à l’avenir pourraient le faire renoncer à consommer ou le pousser à acheter des médicaments génériques.
Prendre conscience de la surconsommation de médicaments ?
Pour une pharmacienne située au centre commercial de Blagnac, ce n’est pas affolant : “le prix des médicaments est vraiment élevé, on ne s’en rend pas compte”. Cette professionnelle confirme que cela reste injuste que certaines personnes soient exemptées et d’autres doivent payer. En effet, sont exemptés de ces frais les femmes enceintes, les moins de 18 ans et les bénéficiaires de la C2S (complémentaire solidaire santé). Elle craint que cela engendre des fraudes : “c’est comme tout, il va y avoir de l’abus, les parents vont faire prescrire sur le dossier de leurs enfants pour ne pas payer, mais c’est le système qui veut ça”.
Néanmoins, elle pense que cette mesure participe à prendre conscience de la surconsommation de médicaments. Les produits pharmaceutiques non utilisés, jetés, représentent chaque année entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros selon le média Reporterre. D’après l’Assurance en mouvement, les franchises médicales avaient déjà été doublées début 2024 sous prétexte de responsabiliser le consommateur, alors qu’on observe une hausse de 3,4 % en juillet 2024 pour les remboursements de médicaments par rapport à l’année précédente. Remboursement des soins santé : hausse de 4,8 %.


