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L’Office Français de la biodiversité face à la méconnaissance du grand public

Le jardin japonais à Toulouse s'est vu décerné le label Jardin remarquable par le ministère de la Culture ( Photo : Perrine Nicolas)

Depuis décembre 2023, les crises agricoles révèlent l’ampleur des tensions entre productivité et préservation de l’environnement. En première ligne, l’Office français de la biodiversité (OFB) voit son rôle mis en lumière. Souvent méconnu du grand public, cet établissement public a pourtant une place importante dans la protection des écosystèmes et l’application des règles environnementales. 

“On n’a pas encore collectivement bien pris conscience du fait que l’environnement ce n’est pas pour embêter les gens” affirme Etienne Frejefond, directeur pour l’Occitanie de l’OFB. Avec 3 000 agents, dont 1 500 inspecteurs de l’environnement, l’office assure cinq grandes missions : la recherche et l’expertise, la police de l’environnement, l’appui aux politiques publiques, la gestion d’espaces protégés et la sensibilisation du public ou mobilisation des acteurs, comme l’explique le directeur : “vous pouvez être très fort en connaissances, vous pouvez être très fort en police, mais ce n’est pas ça qui va faire que vous allez nécessairement embarquer l’ensemble de la société”

De la violence à la reconnaissance 

Les récentes crises agricoles ont été l’élément déclencheur d’une mobilisation envers l’Office français de la biodiversité. Entre menaces, pressions et dégradations de locaux, l’OFB a été pris pour cible. “Le rapport à l’autorité, il est aussi très personnel. Il suffit que vous ayez un ou deux qui goupillent ou qui ne soient pas bien ce jour-là et qui ne comprennent pas, vous pouvez avoir un petit dérapage.” proclame Étienne Frejefond.

Lors des contrôles en agriculture notamment, l’un des enjeux majeurs est de s’assurer que les produits phytosanitaires ne se dispersent pas le long des cours d’eau. Il ne s’agit pas seulement de préserver la biodiversité :  “si ces produits atteignent un cours d’eau, ils peuvent contaminer un captage d’eau potable situé plus haut. Là, ça devient un problème de santé publique, ce n’est même plus le fait de dégrader ou non la biodiversité” conclut-il. Les incivilités des personnes contrôlées sont aussi liées à un manque de conscience et de compréhension. 

Un investissement financier à revoir 

L’acceptation de ces contrôles fréquents repose sur la compréhension de ces actions. “Tout ça passe par un système très démocratique, si la société n’est pas mûre pour engager un certain nombre de changements, il n’y a aucune légitimité pour dire qu’il faut mettre beaucoup plus de moyens.” regrette l’OFB. En effet, le peu de moyens distribués pour cette sensibilisation à la biodiversité est lié au manque de conscience collective à ce sujet, c’est-à-dire que moins l’environnement est la priorité des citoyens, moins le gouvernement va investir dans l’écologie. 

L’Office français de la biodiversité de l’Occitanie reconnaît une part de responsabilité, notamment par rapport à la communication effectuée. En effet, l’établissement a surtout été mis en lumière à cause des crises récentes concernant l’environnement. Cependant, d’après le directeur, il ne s’agit que d’une infime partie des opérations qui sont décriées et qui se concluent par du conflit. Il regrette : “un vrai décalage entre ce qu’on peut lire, ce qu’on peut entendre comme critique. Il y a plein d’endroits où ça se passe bien, mais par contre, bien sûr, on n’en parle pas.”

Malgré ce manque de reconnaissance, la sensibilisation continue chaque jour de la part des collectivités et acteurs publics dont l’office français de la biodiversité fait partie.  “Il vaut mieux connaître la biodiversité plutôt que l’OFB” en rigole le directeur. 

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