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Influenceur, un métier de rêve ?

Près de 150 000 personnes exercent le métier d'influenceur en France. Crédit photo : Pexels

Sur les réseaux sociaux, les influenceurs nous font miroiter monts et merveilles : vêtements de luxes, événements avec le gratin parisien ou encore colis pleins à craquer de produits offerts, leur vie nous paraît digne d’un conte de fée moderne. Mais derrière les paillettes et les caméras, tout n’est pas aussi beau qu’il n’y parait.

Cuisine, humour, lifestyle, culture… depuis quelques années, les influenceurs ont envahi nos écrans. Ces nouveaux métiers d’Internet, à mi-chemin entre la production audiovisuelle et la communication, font désormais partie intégrante de nos vies. Aujourd’hui, en France, ils sont près de 150 000 à pratiquer cette activité en étant rémunérés.

La critique est facile : vivre de sa passion, en faisant des vidéos dans sa chambre, pour certains, cela ressemble plus à un passe-temps qu’à un métier. “Honnêtement, c’est vrai, c’est un travail plutôt simple comparé à d’autres”, explique Raphaël. Sur les réseaux sociaux, il est connu sous le nom @raphael_ft. Vulgarisateur d’art sur Instagram et Tiktok, il cumule sur ces deux plateformes près de 930 mille abonnés. Une communauté qu’il a bâtie, après s’être lancé il y a maintenant quatre ans.

Car il est là, le secret : Rome ne s’est pas construite en un jour, et les carrières de nos créateurs de contenus préférés non plus. Mais le plus dur, ce n’est pas de se faire connaître. Non, la difficulté, c’est de rester dans la lumière. “Finalement, on est très peu à réellement pouvoir en vivre”, confie Davit. Sur son compte Tiktok, @tik_davit_tok, il est suivi par plus de 570 mille personnes. Cela fait six ans que le jeune homme est présent sur les réseaux sociaux, proposant chaque jour ou presque du contenu humoristique.

Le poids des chiffres

Quand on est suivi par autant de monde, il est facile de faire une fixette sur les chiffres et les statistiques. “On les regarde un peu tous”, avoue Davit. C’est un élément clé du métier, car il permet d’affiner son contenu : ce qui plaît ou non, les concepts qui font des vues et ceux qui n’en font pas. “Forcément, on est un peu déçu quand une vidéo ne plaît pas, car chacune représente beaucoup de travail et nous tient à cœur”, raconte Raphaël. Mais aussi, et c’est essentiel, ces chiffres sont un élément commercial : “Ça me permet de déterminer ma valeur dans le milieu”, affirme le jeune homme.

En voyant tous ces chiffres défiler, évoluer, et surtout grossir, il arrive d’avoir le vertige, et de se remettre en question. “Je pense que l’on a un peu tous le syndrome de l’imposteur sur les réseaux”, confie Raphaël. L’influence est encore un milieu nouveau, et plutôt inconnu, assujetti aux mystères d’algorithmes difficiles à percer. “Peu importe le travail que l’on fournit, il reste toujours une part de chance et d’aléatoire.

Des lois encore trop floues

N’est pas influenceur qui veut. Depuis le 9 juin 2023, cette activité est réglementée par la loi. Une légitimité de l’État pour un métier mal considéré, certes, mais aussi une difficulté supplémentaire. “Les informations ne circulent pas, et ne sont pas claires”, lance Raphaël. “C’est ton métier, et tu ne sais pas ce qui est légal ou non.” Pour faire face à ces difficultés de compréhension, certains créateurs de contenus se tournent vers des agents.

À Toulouse, depuis septembre 2023, il existe une agence spécialisée dans l’influence locale : l’agence Refresh. “Il est vrai que la loi est encore assez floue”, avoue Paul Berge-Lemonnier, le fondateur. Afin de les accompagner au maximum, il a choisi de proposer régulièrement aux influenceurs avec lesquels il travaille de participer à des rencontres avec l’UMICC, l’Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenus. Depuis sa création en 2023, cette fédération professionnelle vise à informer les influenceurs de leurs droits et leurs devoirs légaux. “On attend au cours de cette année des précisions sur la loi”, ajoute Paul Berge-Lemonnier.

Un métier assez solitaire

Aujourd’hui, la plupart des influenceurs travaillent sous le statut d’auto-entrepreneur. Même si ce métier est essentiellement constitué de communication et de partage, finalement, il s’exerce de façon assez solitaire. “On n’a pas vraiment de collègues”, explique Davit. “On travaille souvent chez soi, seul.” Ainsi, il peut être difficile de tisser des liens avec d’autres créateurs de contenus.

Cette sociabilisation, c’est également le rôle des agences d’influences. “C’est important pour nous d’organiser des événements pour faire se rencontrer les créateurs locaux”, lance Paul Berge-Lemonnier. Le fondateur de Refresh rapporte une synergie, des connexions qui ne se seraient pas créées autrement. Car il est vrai qu’en habitant hors de Paris, les influenceurs passent régulièrement à côté d’opportunités et d’évènements. “Dans ce milieu, tout se passe à la capitale”, déplore Davit. Pour l’instant, le jeune homme a choisi de rester dans le sud de la France, mais il ne cache pas sa volonté de monter à Paris dans le futur.

Chose étonnante cependant, alors que l’on parle souvent de la haine gratuite des réseaux sociaux, il semblerait qu’elle ne fasse pas tant partie du quotidien des créateurs. “J’ai la chance d’avoir toujours eu une communauté sympa”, avoue Raphaël. Même constat du côté de Davit. Le jeune homme garde le souvenir de seulement deux occasions où il a reçu des remarques assez violentes sur son activité, toutes deux en face à face. “La haine, ça représente maximum 5% de la totalité des commentaires”, avance Paul Berge-Lemonnier. “Actuellement, les influenceurs arrivent plus facilement à passer outre, et à en faire une force.” Davit émet tout de même quelques réserves : “Je pense que quand on fait partie du top, comme Léna situations ou Squeezie, on reçoit plus de commentaires négatifs qu’à mon échelle”.

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