L’église de Saint-Paul-sur-Save, construite au 19è siècle, est un édifice chargé d’histoire, au coeur du petit village pittoresque de Saint-Paul-sur-Save. À l’origine, elle faisait partie intégrante de la vie communautaire, accueillant les habitants pour les messes, les célébrations et les rassemblements. Mais, au fil du temps, ce lieu sacré a fermé ses portes. Abandonné, l’édifice a été laissé à l’oubli. À la fin du 20è siècle, l’église s’est progressivement éteinte, victime de l’usure du temps et du manque d’entretien et par manque d’un prêtre. Cependant, derrière ce silence se cache une histoire de renaissance. Depuis le mois de septembre dernier, Rita de Oliveria a pris sur elle la mission de redonner vie à ce lieu historique.
Quand Rita est arrivé à Saint-Paul-sur-Save, elle ne s’imaginait pas encore qu’elle redonnerait vie à l’église du village. Venue s’installer dans la maison familiale, un lieu chargé de souvenirs après le décès de son beau-père, ses pas la menaient chaque jour devant l’édifice silencieux. Peu à peu, l’évidence s’imposait. La porte était parfois entrouverte, parfois close. Pourtant, quelque chose lui disait qu’elle devait entrer, qu’elle y avait une place à prendre, une mission à accomplir. « Demande les clés » , murmurait un appel intérieur. Peu à peu, l’idée s’est imposée comme une évidence.
Un choix du coeur
La femme de foi n’a pas hésité longtemps, elle expose sa demande au presbytère (le lieu dans lequel un prêtre habite et reçoit des gens pour des démarches religieuses par exemple), qui accepte sans hésitation. Son coeur savait déjà ce qu’il y avait à faire : ouvrir le matin, fermer le soir. S’assurer que quiconque avait besoin d’un moment de silence, de paix, ou de consolation puisse y rentrer et le trouver, croyant ou non.
Parce qu’une église, pour Rita, est bien plus qu’un édifice religieux : « c’est un lieu où l’on va quand on est en détresse, où l’on trouve consolation et joie. On y dépose nos bonheurs, nos fardeaux. C’est un trésor. »
Dans l’église, même si Marie est son pilier et son exemple, chaque endroit et chaque statue présente ont une importance pour elle, ainsi, quand des tensions apparaissent dans son couple ou avec ses enfants, c’est devant Sainte Rita qu’elle se tourne. Chaque pierre, chaque représentation a un sens, une symbolique qui l’accompagne dans sa mission.
Pendant depuis des années, la chapelle était en sommeil. Il y a quinze ans, des messes régulières animaient l’église, puis les célébrations ont diminué en raison de la pénurie des prêtres, un phénomène qui semble toucher de nombreuses paroisses en France.
Le lieu de culte, malgré cette situation demeurait un lieu cher aux habitants du village, où se tissaient les liens spirituels et communautaires. Ces murs, longtemps privés de l’écho des prières, représentaient encore un pilier pour ceux qui cherchaient un peu de réconfort. Ce constat suffit à faire naitre en Rita la conviction de reprendre le sanctuaire.
L’attente et le miracle
Les premiers mois n’ont pas été simples. Rita ré-ouvre l’église le 2 septembre 2024. Pendant plus d’un mois, personne n’est venu. Mais la servante du sacré ne perd pas espoir. Chaque matin, elle ouvrait les portes, allumait les bougies, chantait une prière. Le soir, elle refermait soigneusement le lieu, avec la certitude que, tôt ou tard, quelqu’un finirait par entrer.
Mais au fil du temps, les habitants ont redécouvert leur église. Certains venaient admirer les statues, d’autres s’informaient sur les rites catholiques comme le baptême ou venaient se recueillir.. Ces moments sont un émerveillement pour Rita et la pousse à se projeter encore plus loin et à faire mieux.
Le 7 octobre 2024, jour de la fête du Rosaire, elle a récité son chapelet, seule, comme elle en avait l’habitude. Et puis, des gens sont entrés. Un souffle nouveau a traversé l’église. Rita compris, à cet instant précis que ces portes n’avaient pas été ouvertes en vain : « j’avais prié pour ça. Et ce jour-là, on m’a répondu« .
Peu à peu, le cercle s’agrandit, et depuis chaque premier lundi du mois, Rita récite le chapelet, entourée de quelques fidèles venus partager ce moment.
Quand les murs retrouvent petit à petit une âme
Recevoir les clés, au début lui semblait irréel. Rita ne se sentait pas digne de cette mission. Mais très vite, un sentiment l’a envahie : « en étant la gardienne de l’église je suis posée, calme, heureuse, en paix et d’arriver et j’arrive à mieux gérer certaines situations même extérieures« .
Jour après jour, en ouvrant et en fermant ces portes, la sentinelle du sanctuaire a compris que ces murs de pierre ne vivaient que par la foi qu’on leur donnait. Et parfois, un geste suffit pour raviver la flamme.
Pour en témoigner, l’infatigable croyante se rappelle d’un événement qui l’a marqué. Lors du marché de Noël, Rita avait préparé trente boules dans lesquelles elle glissait des paroles religieuses accompagnées de chocolats. Une phrase, un message, choisi avec soin, en pensant aux locaux croisés au fil des jours.
Ce travail, elle l’avait fait sans compter ses heures, portée par l’espoir que ces mots trouveraient un écho. Elle ne s’attendait pourtant pas à voir une femme fondre en larmes en découvrant le sien : il parlait du baptême. Un simple mot, tombé entre ses mains, qui levait ses doutes : oui, elle allait baptiser son fils. Rita a pleuré aussi. Ce jour-là, l’église était pleine. Les trente messages sont partis en quelques heures, l’édifice est resté ouvert jusqu’à la tombée de la nuit. Des visiteurs sont venus, certains pour prier, d’autres par curiosité. Mais tous, sans exception, ont marqué un temps d’arrêt devant la crèche, comme retenus par quelque chose d’invisible.
Petit à petit, l’église revit.Des passants viennent y écrire des intentions, des supplications, des mercis. Elle espère qu’un jour, l’église sera pleine, que des messes y seront célébrées à nouveau. Les villageois le demandent. Elle y croit.