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La campagne, un entre-deux idéal pour élever son enfant

A Saint-Paul sur Save, les écoliers du collège Horizon et de l’école Arc-en-ciel, deux écoles privées hors contrat, évoluent dans un environnement principalement naturel. Loin du stress urbain, entre liberté et créativité, la campagne offre aux enfants un cadre idéal pour leur développement personnel et artistique.

Il est mardi matin et comme tous les jours, les écoliers particuliers du collège Horizon de Saint-Paul sur Save se ruent à l’intérieur de l’établissement, ou comme certains l’appelle « leur deuxième maison ». A travers le regard de Lucie*, ces enfants semblent vivre dans un véritable havre de paix, loin du tumulte des villes. « La nature ici, c’est une source de bien-être, elle nous aide à nous recentrer », témoigne la jeune élève de 6ème. Ces dires, exprimés par Lucie* illustrent ce que de nombreux parents ressentent : élever son enfant en pleine campagne permet de lui offrir un cadre serein, une liberté de penser et d’agir qu’ils estiment essentielle pour leur épanouissement. Cette immersion dans un environnement naturel laisse place à une grande ouverture d’esprit et à l’imagination des enfants. En campagne, pas de bruit incessant ni de pression sociale et surtout « pas de mauvaise odeur » précise Lucie* en se pinçant le nez. Ici, chaque enfant semble trouver son rythme, expérimenter et rêver.

Quelques désavantages mais « minimes face aux bénéfices »

Marion directrice de l’école Arc-en-ciel et mère d’enfants scolarisés en campagne, met en avant les avantages d’un cadre de vie rural. Pour elle, vivre à la campagne est un choix de vie, un choix d’équilibre. Elle explique : « Nous avons peu d’inconvénients à élever nos enfants ici. C’est un environnement qui leur permet de prendre leur temps, de respirer et de se construire sereinement ». Selon elle, la campagne offre une forme de « mise en abyme sereine », loin des préoccupations urbaines qui risquent d’opprimer les jeunes esprits en fusion. Elle ajoute : « Ici, il y a une certaine douceur de vivre et ça se reflète sur la manière dont mes enfants grandissent. Ils sont plus libres, ils s’impliquent davantage dans leurs activités créatives et ça les aide à avoir des bases solides de confiance en eux ».

La nature, joue un rôle essentiel. Elle précise : « Les enfants, au contact de l’environnement, développent un respect et une curiosité pour leur monde, qui ne sont pas seulement liés à l’aspect scolaire, mais aussi à un apprentissage du monde réel ». Elle mentionne les moments passés dans les champs ou encore les promenades en forêt qui apportent une éducation plus pratique et en lien direct avec la nature. Bien que la vie à la campagne ait de nombreux atouts, elle comporte aussi quelques défis, comme l’éloignement des transports en commun ou les distances pour accéder aux activités extrascolaires. Cependant, pour Marion, ces inconvénients n’ont rien d’insurmontable. « Oui, il y a des moments où l’organisation peut être un peu plus complexe, surtout pour les trajets. Mais au fond, rien n’égale cette tranquillité et ces désagréments sont bien légers comparés à ce que l’on gagne« , souligne-t-elle.

Pour Eliska, directrice du collège Horizon et mère de famille, l’environnement urbain, avec ses nuisances et son stress, ne permet pas aux enfants de se développer librement. « J’habitais à Paris quand j’étais plus jeune. J’y étais bien, je me trouvais à l’endroit où tout se passait. Mais maintenant avec un enfant, c’est compliqué. En ville, c’est constant. Les enfants sont exposés au bruit, à la foule, à une sorte de pression sociale. C’est difficile de rêver, de s’imaginer une vie ailleurs. La campagne, elle, est un lieu où ils peuvent laisser leur imagination s’épanouir ». C’est cette liberté d’imaginer qui, selon Eliska, fait toute la différence. En ville, cette liberté est limitée par son atmosphère grisâtre, oppressante, un cadre où les enfants doivent constamment s’adapter à un environnement compétitif et agité.

Pour certains parents, la campagne est un compromis idéal entre nature et dynamisme urbain. Eliska nous partage son expérience. « Alors ça dépend ce qu’on appelle campagne. Nous, on est un peu entre les deux, dans une ville de 10 000 habitants, à Grenade. Je trouve ça beaucoup plus agréable d’être proche de la nature, tout en ayant des commodités à proximité ». Les bienfaits de cet équilibre sont pour elle évidents : « On peut tout faire à pied, aller au marché, profiter d’un environnement verdoyant. Ma fille adore vivre au contact de la nature, elle m’en parle souvent ». Au-delà de l’espace et de la liberté offerts aux enfants, la campagne permet aussi d’éviter certains inconvénients de la grande ville : « On évite les bouchons, la foule et il y a une douceur de vivre qu’on ne retrouve pas ailleurs ». Enfin, elle souligne un point essentiel : la qualité des liens sociaux. « Les relations sont plus simples, plus chaleureuses. L’école est très détendue, tout en proposant un cadre d’apprentissage sérieux et riche ». Dans ces écoles à Saint-Paul sur Save ou à proximité, les classes comportent 10 à 15 élèves parfois moins, ce qui « augmentent la qualité du suivi de chaque enfant mais aussi leurs relations sociales » précise-t-elle.

Une éducation ancrée dans la nature

Au sein de l’école Arc-en-ciel, regroupant les classes de maternelle et de primaire, la directrice Marion également mère de famille, partage sa vision : « Nous avons décidé d’ouvrir cette école pour offrir un cadre bienveillant, respectueux des besoins personnels de l’enfant, c’est-à-dire un environnement au plus proche de la nature », explique-t-elle. L’établissement a ainsi été installé dans un lieu avec un grand jardin et une forêt toute proche, où les enfants vont régulièrement.

Une écolière de l’école Arc-en-ciel et son enseignante lors d’une balade en forêt. Crédit : Marilou Jaubert

« La classe de CP-CE1 passe une journée entière en forêt. Ils y apprennent énormément, que ce soit en découvrant les champignons, les arbres, ou en bricolant », raconte-t-elle avec enthousiasme. Cette immersion en pleine nature s’inscrit dans une pédagogie où l’enfant expérimente par lui-même et apprend autrement que dans une salle de classe traditionnelle.

Mais l’approche ne se limite pas à la connexion avec la nature. L’école met aussi l’accent sur les compétences psychosociales et l’intelligence émotionnelle des écoliers. Les enfants échanges constamment entre eux.

Les écoles de campagne, faiseuses d’artistes

« Moi, je veux devenir chanteuse ou actrice » affirme Alice*. « Et moi, dessinateur de mangas. J’ai déjà écrit deux tomes » ajoute son camarade Thibault*. Vivian répond « Pareil moi je veux écrire des livres toute ma vie et d’ailleurs j’ai créé mon entreprise ! Eh oui à 10 ans ! J’ai écrit des livres et fait des expositions dans la bibliothèque« . L’un des nombreux ouvrages de Vivian, nommé Basso Cambo, dans lequel Basso répond à Cambo, bien qu’il puisse être abstrait, est le reflet de l’imagination débordante présente chez chaque écolier, d’ores et déjà petits artistes et chefs d’entreprise.

Les nombreux ouvrages de Vivian* dont le fameux Basso Cambo au centre. Crédit : Marilou Jaubert

Loin de ce stress, à la campagne, les enfants peuvent expérimenter, créer, rêver. Marion et Eliska, comme de nombreux parents, sont convaincues que cette liberté est une clé pour le développement des talents créatifs de leurs enfants. Dans un cadre paisible, loin des distractions et des pressions, l’esprit des enfants peut se concentrer sur ce qui les passionne, qu’il s’agisse de dessiner, de chanter ou d’écrire. « On les laisse rêver avoir de l’ambition. L’imagination est un don que chaque enfant cultive. C’est vrai qu’ici, beaucoup d’entre eux se dirigent vers des carrières plus artistiques. Certains vont dire que c’est ‘comme tous les rêves des enfants à cet âge‘, mais peut-être que contrairement à d’autres , ils garderont cet objectif en tête car on ne les aura pas enfermé dans le schéma initial du parcours professionnel. Puis ils sont encore très jeunes, ils ont le temps ». La campagne, contrairement au milieu urbain, offre un terrain moins anxiogène, un espace de liberté où les enfants peuvent cultiver leurs talents sans être écrasés par la société.

Les parents de Saint-Paul sur Save l’affirment tous : dans ce cadre rural, leur enfant peut non seulement s’épanouir, mais aussi grandir en toute confiance, en étant libre d’explorer et de rêver. La campagne, loin d’être un obstacle, devient ainsi un tremplin pour leur développement personnel et artistique. Mais la question qui peut se poser : seront-ils prêts à affronter un jour, les contraintes du milieu citadin qu’ils méconnaissent encore ?

*Nom d’emprunt

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