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Se reconvertir après une carrière de footballeur : l’entretien avec Nicolas Dieuze

Nicolas Dieuze, ici contre le PSG, compte plus de 200 matchs avec le Toulouse Football Club. Crédit photo : XAVIER DE FENOYL

Ancien milieu de terrain du Toulouse FC, Nicolas Dieuze a marqué de son empreinte la Ligue 1 avant de raccrocher les crampons en 2015. Quasiment dix ans plus tard, il n’a pas quitté l’univers du football, mais l’aborde sous un autre angle : celui d’agent de joueurs avec son entreprise Nexts11. Toujours passionné du ballon rond, il revient sur sa reconversion combinant sa connaissance du terrain et son esprit entrepreneurial. Entretien avec un ancien violet qui a su trouver un second souffle en dehors des terrains.

Vous avez pris votre retraite de footballeur en 2015, à quel moment avez-vous pensé à l’après carrière ?

Nicolas Dieuze : Pendant toute ma carrière j’ai pas mal investi, avec des succès et des échecs. Ça m’a toujours intéressé de créer des sociétés et de m’associer à des gens pour créer de la valeur. Finalement le monde entrepreneurial m’a suivi pendant ma carrière. Etant un passionné de football, la suite logique pour moi c’était de rester dans ce milieu-là. Donc ça s’est fait naturellement, donc y’a pas eu un moment déclencheur.  

Comment s’est passée votre transition entre joueur professionnel et le monde plus traditionnel du travail ?

Ça s’est fait tout seul, le plus dur c’était de trouver le rythme. L’avantage quand on est footballeur pro, c’est qu’on est accompagné tout le temps, avec des heures précises. Alors que le milieu de l’entreprenariat c’est le contraire, c’est à nous de s’organiser. Donc sur ça la transition est un peu difficile, mais on y arrive et c’est uuaussi ça le challenge. Le challenge qui au passage est très important pour un sportif ! 

Avez-vous ressenti un vide après avoir arrêté votre carrière ?

Moi non pas du tout, j’ai beaucoup apprécié cette transition même. Je ne dis pas que je ne suis pas nostalgique des années de foot. Les moments d’avant-matchs, les stages de pré-saison, ce sont des choses qui me manquent mais j’ai fait mon temps ! Ma dopamine est maintenant sécrétée par d’autres sports qui me comblent aussi ! 

Pour être agent on suppose qu’il faut être à l’aise, avec aussi un aspect commercial, le sens du business. C’est quelque chose sur lequel vous avez été formé ou c’est naturel ? 

Non je n’ai pas du tout été formé là-dessus. J’ai une formation dans l’ingénierie civile, ce côté entrepreneurial c’est quelque chose que j’ai peaufiné au fil des années. C’est surement pas parfait, mais comme je dis souvent, “quand je suis convaincu, je suis convaincant”. Les joueurs avec lesquels je travaille, je crois en leurs qualités, en leurs capacités à faire de belles choses. Maintenant, l’important c’est de ne pas se reposer sur ses lauriers, de constamment apporter à nos joueurs.

« J’aime le fait de participer à la création d’une carrière. »

Nicolas Dieuze, au sujet de sa nouvelle activité.

Pourquoi s’être destiné vers cette voie ?

Moi je suis un passionné de foot, de regarder les matchs j’adore ça. Comme beaucoup, on pense au métier d’entraîneur. Sauf que concilier une vie de famille et avoir des ambitions d’exercer ce métier au plus haut niveau n’était pas compatible. Faire partie de l’administration d’un club aurait pu m’intéresser mais ce côté salarié ne m’intéressait pas non plus. Ce que je voulais c’était d’avoir une indépendance, une capacité de décision, donc créer ma boîte pour avoir mon libre-arbitre ça me plaisait. J’ai donc depuis trois ans ma licence d’agent, et ma société Nexts11 depuis bientôt quatre

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Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier d’agent de joueurs ?

Apporter une expertise. D’abord d’ancien joueur, c’est une valeur ajoutée dans ce métier. Pleins d’agents n’ont pas eu un passé d’ancien joueur. Quand je m’occupe des jeunes, et même des moins jeunes, j’essaye d’apporter une expertise sportive pour les faire progresser. Donc j’aime le fait de participer à la création d’une carrière. Et ensuite, c’est d’aller trouver l’étape d’après qui fera que le joueur avancera. Sur le plan financier et sportif. A l’échelle d’une vie, c’est un métier qui ne dure pas longtemps, donc il ne faut pas se tromper d’étape. 

Comment se passe une journée type ?

Je n’ai pas de journée type, mais plutôt une semaine type. En début de semaine, c’est souvent les débriefs de matchs pour avoir un avis sur la performance. Ensuite voir la possibilité d’approcher de nouveaux joueurs, faire la promotion aux yeux des clubs pour le mercato qui arrive, faire des visio avec différents acteurs, et aussi créer du lien, c’est important dans ce métier. Ça dépend aussi de la période. Pendant le mercato, on gère les dossiers en priorité. 

Votre passé de joueur pro vous aide-t-il dans vos relations avec les joueurs ?

Certains me choisissent par rapport à ça justement, mais d’autres pas du tout (rires). Je sais de quoi je parle. Donc un joueur qui veut s’approprier ce que je lui dis, ça va le faire avancer. 

Avec le recul, auriez-vous aimé être mieux préparé à l’après-terrain ?

Pour ma part non, je n’ai pas senti ce manque. A savoir où j’en suis aujourd’hui, j’aurais probablement fait différentes études. Mais je me suis formé de mon côté, je continue toujours, donc non pas de regret. 

Quels conseils donneriez-vous aux joueurs encore en activité pour anticiper leur reconversion ?

Il faut être curieux, écouter les gens, ne pas avoir d’a priori. Avec ça, déjà on apprend, et on se crée des opportunités. Et comme je l’ai dit, ne pas hésiter à se former, sur plein de choses : la finance, l’investissement, les outils digitaux, la création d’entreprises, … Mais je pense qu’il faut se former sans attendre la fin de sa carrière. 

Si vous deviez résumer votre après-carrière en un mot, ce serait lequel ?

Oula c’est pas facile ça ! Aller je dirais “renaissance”. Pour la petite mort après la fin de carrière, mais le début de quelque chose d’autre derrière. 

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