Dans les zones rurales qui bordent la ville rose, le bus est une alternative de déplacement largement choisie par les habitants, que ce soit pour des arguments écologiques ou financiers. Pourtant, certains villages et communes manquent, encore aujourd’hui, de transports en communs divers et réguliers.
Saint-Paul-sur-Save, 9 heures du matin. Le village s’éveille sous un ciel d’hiver. Devant l’abribus de la place centrale, un groupe d’élèves emmitouflés attend l’autocar qui les mènera à Toulouse. Écharpe remontée jusqu’au nez, cartable sur le dos , ils patientent, habitués aux horaires imposés par la rareté des passages. Sans ce bus, impossible pour eux de rejoindre leurs établissements scolaires.
Car ici, comme dans tant d’autres communes rurales, les transports publics se font discrets. La ligne LiO, gérée par la région Occitanie, traverse Saint-Paul-sur-Save à peine deux ou trois fois par jour. Une alternative à la voiture, certes, mais bien insuffisante pour ceux qui n’ont pas d’autre choix.
Des passages insuffisants selon les habitants
À mesure que l’on s’éloigne des grandes agglomérations, la voiture s’impose comme une nécessité. En l’absence de liaisons régulières, difficile de concilier emploi et transports en commun. « C’est compliqué de s’adapter aux horaires du bus, » regrette un habitant. « Quand on travaille à Toulouse avec des horaires fixes, on ne peut pas se permettre d’arriver en retard à cause du bus. »
Certaines personnes continuent pourtant d’utiliser ce moyen de transport, en s’adaptant aux contraintes d’horaires. Une habitante de longue date, qui a grandi à Saint-Paul-sur-Save, témoigne : « Quand j’étais plus jeune, je prenais souvent le bus, et je pense que c’est encore une solution de déplacement aujourd’hui. Évidemment, il faut s’y prendre à l’avance à cause des passages, mais c’est tout à fait faisable. Et puis, on n’est pas si loin de Toulouse ! »

Un trajet qui n’arrange pas les étudiants du supérieur
Krishina Andriamazava, étudiante à l’IUT Paul Sabatier, descend du bus, son sac à dos encore sur les épaules. Pour elle, les horaires sont un véritable casse-tête. « Je le prends le matin et le soir. Au-delà du fait que je mette quasiment 1h30 pour arriver à la fac, si je rate le bus, je suis obligée d’attendre longtemps avant le prochain. » Un temps de trajet qui laisse peu de place aux imprévus.
Mais c’est surtout le manque de correspondances en soirée qui complique son quotidien. « À la fac, on a des cours jusqu’à 18h parfois, donc incompatibles avec le bus. Dans ces cas-là, je suis obligée de dormir chez ma tante à Toulouse. Ça mériterait vraiment des passages supplémentaires. » Une contrainte qui pèse aussi sur les étudiants ayant une activité extra-scolaire. « Si on fait un sport à côté, avec des entraînements qui finissent souvent tard, c’est le même problème. »
Et ce manque de transport ne concerne pas seulement les habitants de Saint-Paul-sur-Save, mais aussi son attractivité. « Il y a des choses à voir ici ! Des expositions, la médiathèque, le château… Mais à cause des horaires de bus, les gens ne viennent pas voir ce qui s’y passe. » déplore l’étudiante.
Un levier d’autonomie pour la jeunesse locale
Le maire du village, Jean-Luc Sillien, reconnaît les limites du système actuel mais insiste sur le fait que ce service reste une bonne option pour les jeunes. « Ce bus permet aux collégiens et lycéens de rejoindre leur établissement scolaire sur Toulouse » explique-t-il « Nous avons aussi des horaires adaptés aux vacances et aux jours fériés, afin que les jeunes puissent continuer à se déplacer même en dehors des périodes scolaires. »
Si les actifs peinent à trouver leur compte dans ce système, les jeunes restent les principaux bénéficiaires des efforts consentis par la région. Grâce à une politique de gratuité, les moins de 26 ans peuvent voyager sans frais les week-ends et pendant les vacances. Un droit à la mobilité qui leur permet de gagner en autonomie, de sortir, de voir leurs amis, d’accéder à des loisirs et à la culture… autant de possibilités qui, sans transports en commun, resteraient inaccessibles.