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OM-OL : les tensions d’un Olympico

Hier soir, le virage sud en tension
Hier soir, les tribunes du Vélodrome en feu

Hier soir, l’Olympique de Marseille a dominé l’Olympique Lyonnais au Vélodrome en s’imposant 3-2 après une rencontre tendue, autant sur le terrain que dans les tribunes. Les supporters marseillais, en fusion totale et aux gestes nerveux, n’étaient que le reflet d’une haine viscérale transmise de générations en générations.

Il y a un an, l’Olympico du 29 octobre 2023 avait tourné au scandale lorsque le bus de l’OL avait été attaqué par des projectiles à son arrivée au stade. L’entraîneur Fabio Grosso avait été gravement blessé au visage, conduisant au report du match. Un épisode marquant qui avait secoué le football français et accentué les tensions entre les deux camps. Si aujourd’hui cette confrontation est l’une des plus explosives de la Ligue 1, elle ne l’a pas toujours été.

Dans le virage sud, parmi les Ultras de la Vieille Garde. Crédit : Marilou Jaubert

Retour sur les raisons qui ont transformé ce duel en rivalité féroce. Des supporters Ultras marseillais nous ont apporté leur témoignage sur cette rivalité, qui a pris de l’ampleur avec le temps

Un nom qui vient des médias ?

Le terme « Olympico« , s’inspire directement du « Clasico » espagnol entre le Real Madrid et le FC Barcelone. En France, les médias avaient d’abord repris « Clasico » pour désigner OM-PSG, avant d’adopter « Olympico » pour les duels entre Marseille et Lyon. Référence au mot « Olympique » présent dans le nom des deux clubs rivaux. Derrière ce nom, une véritable opposition s’est installée, amplifiée par des facteurs sportifs, culturels et politiques.

Les années 2000 : le tournant

L’arrivée de Jean-Michel Aulas (à qui les marseillais ont dédié un chant mythique) à la tête de l’OL en 1987 change la donne. Lyon domine le football français avec sept titres consécutifs en Ligue 1 entre 2002 et 2008, alors que Marseille cherche à retrouver son lustre d’antan.

En 2010, juste après Bordeaux, l’OM met fin au règne lyonnais en remportant le championnat sous Didier Deschamps. Cette montée en puissance des marseillais coïcide avec la fin de la domination lyonnaise et les confrontations entre les deux clubs deviennent de plus en plus électriques.

Une fracture idéologique entre supporters

Même si l’on peut penser que le duel se passe uniquement sur la pelouse, la rivalité entre l’OM et l’OL ne se limite pas aux résultats sportifs. Elle s’ancre aussi dans des visions opposées entre supporters.

Marseille, ville cosmopolite, voit ses tribunes marquées par une culture populaire et une forte identité antifasciste. Des groupes comme les South Winner (virage sud) les MTP (Marseille Trop Puissant) ou encore les Fanatics (virage nord) ont toujours mis en avant des valeurs de solidarité et de diversité, en phase avec l’histoire de Marseille.

À Lyon, une partie des Bad Gones, principal groupe Ultra du club, a parfois été associée à des mouvances identitaires et nationalistes. Bien que tous les supporters lyonnais ne partagent pas cette vision, cette tendance a alimenté les tensions avec les ultras marseillais, ce qui a créé un climat hostile entre les deux camps.

En conséquences, des affrontements réguliers entre supporters, notamment lors des déplacements entre les deux villes. Comme dans les années 80, où un supporter lyonnais avait été percuté par une fusée pyrotechnique, lors d’un affrontement entre les deux équipes. Un accident qui laisse une trace, même si à l’époque, la rivalité entre l’OM et l’OL n’avait pas encore pris l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. D’ailleurs, hier soir, les supporters lyonnais identifiables n’étaient pas autorisés dans les tribunes. Mesure de précaution, notamment après les incidents de l’an dernier.

Une rivalité marquée par des polémiques

Ces dernières années, plusieurs événements ont contribué à renforcer l’animosité entre l’OM et l’OL.

En 2015, Jean-Michel Aulas critique ouvertement l’OM et son entraîneur Marcelo Bielsa. Ce qui alimente les tensions. En 2018, une altercation entre Adil Rami et Marcelo (défenseur lyonnais), avec des échanges tendus en conférence de presse. 2021, année marquée par l’incident au Groupama Stadium, où Dimitri Payet avait été blessé par un projectile, provoquant l’arrêt de la rencontre sportive. Et enfin 2023, la fameuse attaque du bus lyonnais à Marseille, blessant ainsi Fabio Grosso et repoussant le match à une date ultérieure.

Chaque Olympico semble ajouter un nouvel épisode à une opposition qui ne cesse de grandir.

OM-PSG en perte d’intensité, OL-OM en pleine ascension

Avec l’arrivée du Qatar au PSG en 2011, la rivalité OM-PSG a perdu une partie de son intensité. Le club parisien, devenu puissant financièrement, écrase la Ligue 1, ce qui rend, pour les supporters « les confrontations trop prévisibles et moins équilibrées ».

Dans ce contexte, OM-OL est devenu l’un des duels les plus disputés du championnat, avec des matchs souvent décisifs pour la course aux places européennes.

Loin d’être une simple confrontation sportive, l’Olympico est devenu un rendez-vous incontournable du foot français, où les tensions sont à leur comble à chaque rencontre. Entre l’histoire des clubs, les divergences entre supporters et les enjeux sportifs, cette rivalité ne cesse de prendre de l’ampleur.

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