Ancien coureur professionnel, Laurent Lefèvre a troqué le vélo pour le rôle de directeur sportif. À la tête de L’Occitane Cyclisme Formation, il accompagne les jeunes talents et leur transmet son expérience du haut niveau.
Le vélo, c’est une affaire de famille chez les Lefèvre. Laurent a grandi entouré de cyclistes, avec un frère et un cousin passés professionnels, sans oublier Marion Rousse, sa cousine. Dès l’enfance, il enfourche son vélo et s’entraîne avec passion. Très vite, le talent se confirme : il brille en compétition et décroche deux médailles aux championnats du monde juniors. Un palmarès qui lui ouvre les portes du cyclisme professionnel en 1997, au sein de la prestigieuse équipe Festina.
Mais cette entrée dans le monde pro ne se fait pas sans turbulences. L’année suivante, l’affaire de dopage Festina éclate et secoue le monde du cyclisme. Laurent, lui, reste à l’écart de ces pratiques. « On était trois jeunes coureurs dans l’équipe à ne pas être concernés : Christophe Basson, Patrice Halgand et moi », raconte-t-il. Une période qui marque un tournant dans sa carrière et dans la perception du cyclisme de haut niveau.
Des équipes et des souvenirs marquants
Après ses débuts mouvementés, Laurent enchaîne les saisons au sein de plusieurs formations françaises : Cofidis, Jean Delatour, La Boulangère, puis Bouygues Telecom. Chaque équipe lui apporte une expérience unique, mais c’est chez Jean Delatour qu’il se sent le plus épanoui. « C’était une petite équipe, mais l’ambiance était incroyable. On était soudés, et c’est là que j’ai signé mes meilleures performances, avec quatre victoires en deux ans. »
Parmi ses souvenirs les plus forts, il y a bien sûr le Tour de France. Dix participations, dix étés passés à parcourir les routes de l’Hexagone sous les encouragements de milliers de spectateurs. « La première fois que j’ai franchi la ligne d’arrivée sur les Champs-Élysées, j’avais des frissons partout. C’est un moment magique pour un coureur » sourit-il.
S’il n’a jamais levé les bras sur la Grande Boucle, il a frôlé la victoire à plusieurs reprises. « J’ai terminé deuxième, troisième, quatrième, cinquième… Il ne manquait pas grand-chose ! Sur l’étape où je finis deuxième, le vainqueur a avoué des années plus tard s’être dopé. Si ça avait été révélé plus tôt, j’aurais été déclaré vainqueur. Mais ce n’est pas pareil que de franchir la ligne en premier. »
Un cyclisme en pleine mutation
Au fil des années, le cyclisme a profondément changé. L’approche de l’entraînement n’est plus la même. « À mon époque, on s’entraînait à la sensation. Si on devait faire cinq heures de vélo mais qu’on était fatigué, on ajustait. Aujourd’hui, tout est millimétré : les capteurs de puissance, la data, la nutrition… Tout est optimisé au détail près. » Une évolution qui, selon lui, a des conséquences. « Certains coureurs finissent en burn-out, car ils sont sous pression en permanence. Ils sont suivis 24 heures sur 24, tout est cadré, ça peut être étouffant » regrette-t-il.
Même les mentalités ont changé selon le cycliste : « Avant, on respectait énormément les anciens. Aujourd’hui, les jeunes arrivent avec un état d’esprit plus individualiste. À mon époque, on passait du temps ensemble, on rigolait. Maintenant, chacun reste dans sa chambre, sur son ordinateur. »

Transmettre aux jeunes générations
Après sa carrière, Laurent a dû faire face à une transition délicate, comme beaucoup d’anciens coureurs. « Quand on arrête, on passe de la lumière à l’ombre. C’est un choc. Moi, j’ai eu la chance d’avoir un projet professionnel familial, donc je savais où j’allais. Mais pour d’autres, c’est compliqué. »
Malgré la fin de sa carrière professionnelle, il n’a jamais vraiment quitté le milieu du cyclisme. Il a suivi les courses, travaillé avec des partenaires du Tour de France et gardé contact avec ses anciens coéquipiers. Alors, quand une opportunité s’est présentée à l’Occitane Cyclisme Formation, il n’a pas hésité.
Le club occitan est une structure qui accompagne les jeunes coureurs dans leur progression, avec l’ambition de les mener au plus haut niveau. Contrairement aux équipes professionnelles, elle met l’accent sur la formation et le développement des talents, en leur offrant un encadrement de qualité tout en leur permettant de progresser à leur rythme. « C’est un projet qui me plaît, car il y a beaucoup de jeunes avec du potentiel. Mon rôle, c’est de leur transmettre mon expérience et de les aider à comprendre ce que signifie être cycliste professionnel. »
Mais il tient à être réaliste avec eux. « Tout le monde ne deviendra pas pro. Mon but, c’est d’en faire passer un ou deux au plus haut niveau. Mais surtout, je veux leur inculquer des valeurs : le sérieux, l’engagement, le respect. Le vélo, ce n’est pas que du plaisir, c’est aussi des sacrifices. »
Une passion sans limite
Son objectif avec l’Occitane est clair : faire progresser l’équipe et lui donner une visibilité sur la scène nationale. « Mon rêve serait de remporter une manche de la Coupe de France. Ça mettrait l’équipe en lumière et donnerait une vraie dynamique au projet. »
Et dans cinq ans ? « Pourquoi pas rejoindre une équipe professionnelle ? Ou alors faire grandir l’Occitane encore plus. J’ai envie de voir où cette aventure va me mener. »
Aux jeunes qui rêvent de devenir coureurs professionnels, il a un dernier conseil. « Vivez votre passion à fond, soyez sérieux et travaillez dur. Le vélo, c’est des hauts et des bas. Il faut savoir encaisser, apprendre à se remettre en question et toujours aller de l’avant. »
Un message qui résume bien son parcours : du travail, de la persévérance et une passion intacte pour le vélo.