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Quand être femme devient une cible

Collage féministe sur un mur dans la rue pour dénoncer la fréquence des féminicides.

Chaque année, des dizaines de femmes sont tuées parce qu’elles sont des femmes. En 2025, on dénombre déjà un féminicide tous les deux jours. Malgré des mesures pour lutter contre ces violences, les chiffres restent alarmants, révélant une réalité profondément ancrée dans nos sociétés.

Laura, Nasrine, Samira, leurs noms se font entendre dans l’actualité. Elles ont toutes été tuées en 2024 et 2025 parce qu’elles sont nées femmes. Le nombre de crimes de ce type fluctue chaque année autour de 90 et 150 femmes tuées chaque année. Selon le Conseil du statut de la femme, un féminicide est le meurtre d’une femme au simple motif qu’elle est une femme, quel que soit son âge et quel que soit le contexte. Le caractère du genre doit être présent. Une femme tuée dans un accident de la route ne peut pas être considérée comme victime d’un féminicide. Si le terme est récent, ce crime est pourtant ancré dans l’Histoire. Les sorcières, qui ne pouvaient être que des femmes, étaient brulées sur les bûchers. L’esclavage, qui aussi et surtout était sexuel, pour les femmes. Ce sont des violences systémiques qui persistent jusqu’à aujourd’hui.

De 2014 à 2019, la courbe indique des chiffres plus élevés que de 2020 à 2024. Cette diminution pourrait être attribuée à plusieurs mesures mises en place ces dernières années pour lutter contre les violences conjugales. Parmi elles, des bracelets anti-rapprochement, et la réduction des délais pour obtenir des ordonnances de protection. Par exemple, le délai moyen pour obtenir une ordonnance de protection est passé de 42 jours en 2017 à 6 jours en 2023.

Cependant, certaines associations contestent ces chiffres officiels. Le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » a recensé 102 féminicides en 2023, tandis que l’association #NousToutes en a dénombré 134, en incluant les meurtres liés au genre au-delà du cadre conjugal.

L’OMS distingue plusieurs catégories de féminicides. Il y a le féminicide « intime », commis par le conjoint, actuel ou un ex de la victime. Plus de 35 % des femmes tuées dans le monde le seraient par leur partenaire, contre 5 % seulement des meurtres concernant les hommes, selon l’institution mondiale. Ensuite, les crimes « d’honneur ». C’est lorsqu’une femme transgresse une tradition ou une loi morale. Par exemple, commettre un adultère, avoir des relations sexuelles ou une grossesse hors mariage, ou même avoir subi un viol dans certains cas. Elle est alors tuée pour protéger la réputation de la famille. Le meurtrier est un homme ou une femme de la famille ou du clan. Le féminicide non intime est la dernière catégorie. C’est un crime qui implique une agression sexuelle ou dans lequel les femmes sont explicitement visées. On peut penser à la tuerie d’Isla Vista, où Elliot Rodger, 22 ans, régit par sa haine des femmes, fait un attentat. Il tue six personnes et en blesse quatorze autres avant de se suicider.

Qui tue les femmes ?

Le meurtrier n’est pas nécessairement un homme. Selon le Conseil de l’Europe, les conceptions patriarcales et sexistes confèrent une légitimation à la violence afin d’assurer la domination et la supériorité des hommes. D’après l’ONU, dans certaines cultures, des normes traditionnelles valorisent l’autorité masculine et la soumission féminine. Ces normes peuvent légitimer, voire encourager, la violence contre les femmes, notamment à travers des pratiques telles que les « crimes d’honneur ». Dans toutes les tranches d’âges, on observe des auteurs de crimes dans les couples hétérosexuels. La majorité des auteurs de ces crimes restent des hommes.

Le psychiatre Dr. Dominique Marcot suit des auteurs de féminicides depuis plusieurs années. Selon lui, les hommes peuvent présenter des troubles de la personnalité, une faible estime de soi ou une dépendance affective exacerbée. Des éléments tels que la jalousie, la possessivité, le refus de la séparation ou la perte de contrôle peuvent pousser certains hommes à commettre des actes violents envers leurs partenaires.

Au 23/01/2025, on dénombrait 9 féminicides depuis le début de l’année. C’est 1 décès tous les deux jours.

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