Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Selon Santé Publique France, 61 214 nouveaux cas ont été recensés en 2023 sur le territoire métropolitain. Dans la nuit du 28 au 29 janvier dernier, l’Assemblée nationale a validé une loi pour améliorer la prise en charge des soins liés au cancer du sein.
Le chemin vers la guérison d’un cancer du sein est long, douloureux et très coûteux. Mardi 28 janvier dernier, les députés ont adopté à l’unanimité la loi permettant une meilleure prise en charge financière des soins liés à un cancer du sein. Une nouvelle qui réjouit Sophie, 39 ans: “Beaucoup de choses dans le parcours du cancer du sein ne sont pas remboursées. C’est en ça, que la loi va être vraiment bénéfique.”
En janvier 2023, les médecins diagnostiquent un cancer du sein à Sophie. Deux mois plus tard, elle se fait opérer d’une mastectomie. Cela consiste à enlever la glande mammaire du sein pour retirer la tumeur. “Quand on m’a annoncé mon cancer, on m’a dit: “il faut opérer très rapidement, et le mieux dans votre situation, c’est de faire une reconstruction immédiate”. Moi, à ce moment-là, j’entends qu’une chose, c’est: “tu as un cancer”. Je n’étais pas en capacité de prendre une décision. On m’a proposé de mettre une prothèse immédiatement, j’ai dit “oui”. Sur le coup, on ne pense pas à se renseigner.”
Un an après son intervention, en septembre 2024 Sophie se fait réopérer. La prothèse mise à la suite de sa mastectomie ne lui convient pas : “Je pense qu’il y a des tas de femmes qui restent toute leur vie avec des prothèses qui ne leur conviennent pas, qui sont moches, qui ne sont pas confortables, qui leur font mal, parce qu’elles n’ont pas du tout les moyens de se refaire opérer. Moi, j’ai eu la chance d’avoir quelqu’un dans ma famille qui a pu m’aider à payer cette opération. Seule je ne pouvais pas.” En effet, pour cette deuxième intervention, Sophie doit payer 100% des frais, soit 1500 euros.
Les dépassements d’honoraires sont ce qui coûte le plus cher pour se reconstruire d’un cancer. “L’oncologue qui m’a enlevé la tumeur ne m’a pas pris de dépassements d’honoraires. Il estime que dans le cadre d’un cancer, il ne va pas en plus me demander de l’argent. Par contre, le chirurgien esthétique a demandé 500 euros de frais de dépassement d’honoraires. Et ce n’était pas remboursé par la Sécu. C’est ma mutuelle qui m’a remboursé une petite partie de ce dépassement-là.” Les opérations ne sont pas les seuls frais liés à un cancer. Il y a les besoins matériels post-opératoires: des soutien-gorges adaptés qui coûtent aux alentours de 100 euros ou des crèmes cicatrisantes à 15 euros pour les moins chers. Ces produits ne sont pas remboursés et sont souvent différents selon les chirurgiens. Sans compter les aller-retours du domicile à l’hôpital ainsi que le prix des parkings.
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À quoi sert cette nouvelle loi ?
Elle vise à améliorer la prise en charge des soins liés à un cancer du sein. À l’heure actuelle, il y a un reste à charge de “1400 euros en moyenne” par patiente, “les plus précaires renoncent aux soins ou produits non pris en charge ou insuffisamment remboursés qui s’avèrent trop onéreux”, a expliqué Yannick Monnet, rapporteur de la loi.
Cette prise en charge intégrale comprend: le renouvellement des prothèses mammaires, le tatouage médical de l’aréole et du mamelon ou l’achat de soutiens-gorge adaptés. Elle doit aussi permettre l’achat de produits prescrits par les médecins, qui ne sont aujourd’hui pas remboursés, comme des crèmes contre les sécheresses ou du vernis pour prévenir la chute des ongles induite par les différents traitements.
Un encadrement des dépassements d’honoraires des médecins qui pratiquent les reconstructions mammaires après une mastectomie a été décidé. Le plafond sera discuté dans l’accord médical entre l’Assurance-maladie et les médecins. Il s’agit d’une “avancée majeure” pour Yannick Monnet, car les dépassements d’honoraires sont la première cause du reste à charge. 15% des femmes abandonnent la reconstruction mammaire pour des raisons financières.
Mais ce n’est pas tout. Être touché par le cancer du sein a un impact sur la santé mentale. “Les soins psychologiques, c’est un souci parce que ça coûte très cher. Je n’y suis pas allée pendant très longtemps parce que je n’en avais pas les moyens. Je pense qu’il y a peu de femmes qui ont un cancer du sein qui n’ont pas besoin, à un moment, d’aller voir un psy”, assure Sophie. Grâce à cette loi, une enveloppe permettant de financer des soins psychologiques, des séances de nutrition ou des séances d’activités physiques a été actée pour les malades en cours de traitement.
Le texte a été voté dans les mêmes termes qu’au Sénat, c’est-à-dire sans modification, il va donc pouvoir entrer en vigueur.
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Le premier cancer chez la femme
Avec environ 61 214 nouveaux cas en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, le cancer du sein est le plus répandu des cancers féminins. Selon la Ligue contre le cancer, “une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie. Mais quand il est détecté tôt, ce cancer guérit dans 9 cas sur 10. C’est entre 50 et 74 ans que survient la découverte de 80% des cancers du sein et que les femmes sont le plus exposées.”
Le dépistage des cancers du sein se fait tous les 2 ans de 50 à 74 ans. Il permet de détecter tôt une éventuelle anomalie ou un cancer, avant l’apparition de symptômes. Il consiste en une mammographie (radiographie des seins), associée à un examen clinique des seins (observation et palpation). Parfois, d’autres examens peuvent être nécessaires, par exemple une échographie ou une radiographie complémentaire. Ces examens sont courants et ne signifient pas nécessairement le dépistage d’une anomalie .
Il est conseillé de faire des auto-palpations pour rester attentives à des modifications qui seraient inhabituelles: apparition d’une boule, modification de la forme ou de l’aspect du sein, du mamelon ou de l’aréole. Cela est également recommandé chez les hommes. L’Institut National du Cancer préconise de faire examiner ses seins une fois par an, par un médecin, un gynécologue ou une sage-femme.