Le Mixed Martial Arts, plus communément appelé MMA, est l’un des sports les plus complets, combinant techniques de boxe, lutte, ju-jitsu brésilien et bien d’autres disciplines. Pourtant, il reste souvent perçu par le grand public comme “brutal” et “sans règles”. Si sa légalisation en France en 2020 a marqué un tournant après 25 ans d’interdiction, des idées reçues persistent encore 5 ans après, tout comme des difficultés spécifiques pour les femmes pratiquantes.
Selon Yohan Salvador, coach au Tactical Fight Team 31 à Toulouse, les clichés entourant le MMA sont tenaces. “Le grand public considère souvent que frapper un adversaire à terre est indécent et que le combat dans une cage fait de nous des “animaux””, explique-t-il. Des idées reçues qui reflètent un manque de connaissance des règles strictes encadrant ce sport. Contrairement à l’image véhiculée, le MMA n’est pas une simple bagarre de rue : il repose sur des techniques, une discipline et un respect profond des adversaires.
Cette perception est en partie due à la violence visible des combats, amplifiée par la médiatisation des affrontements en UFC (Ultimate Fighting Championship). Pourtant, comme le souligne Manon Courrieu, compétitrice et préparatrice mentale : “le MMA n’est pas plus violent que la boxe thaïlandaise ou d’autres sports de combat”. Une idée approuvée par Océane Salcède, pratiquante au Strong Fight Gym de Reims : “Pour moi, c’est toujours moins violent que la boxe anglaise ou la boxe thaï. Parce qu’en boxe anglaise, ils vont se prendre beaucoup de coups à la tête. Là, où nous, tous les coups sont variés.”
Les efforts pour démocratiser cette discipline passent par l’éducation du public selon le coach : “Il y a un gros travail de la fédération qui a été fait, avec la création de nouveaux clubs un peu partout en France, l’arrivée des compétitions amateurs et surtout la diffusion du MMA sur les chaînes grand public.”
Femmes et MMA : dépasser les clichés
Dans ce sport historiquement dominé par les hommes, les femmes doivent relever des défis spécifiques. Manon Courrieu, raconte : “Il y a ceux qui te sortent des phrases comme « ah t’es pas si mal en fait, tu te débrouilles » alors qu’il est en cours d’essai et que moi je suis compétitrice… Ou ils pensent que leurs combats sont plus difficiles que les nôtres… Mais c’est le jeu, des fois je fais abstraction, des fois ça m’atteint mais j’essaye de pas donner l’heure à ceux qui sont comme ça.” Ces commentaires témoignent d’une mentalité parfois condescendante, mais aussi d’une sous-représentation des femmes dans le MMA. Le manque d’adversaires féminines pour les compétitions en France est un problème récurrent.
Cependant, le regard sur les combattantes évolue. Les figures emblématiques comme Amanda Nunes ou Valentina Shevchenko ont contribué à redéfinir le rôle des femmes dans ce sport. En France, des initiatives locales encouragent leur participation. “La clé, c’est d’éduquer les pratiquants dès le départ pour que le genre ne soit pas un obstacle”, estime Yohan Salvador.
Passer le cap psychologique
Pour beaucoup de femmes, l’un des principaux défis est de dépasser une barrière mentale. Le contact physique rapproché, notamment lors des corps-à-corps, peut être intimidant. Yohan Salvador explique : “Pour certaines, il est difficile d’accepter cette proximité, surtout face à un homme. Mais une fois ce cap franchi, elles comprennent que c’est un aspect purement sportif et que ça n’a rien de personnel.”
Océane Salcède, qui dirige un cours exclusivement consacré aux femmes au Strong Fight Gym, insiste sur l’importance de changer la perception de la discipline. Selon elle, le travail commence par des exercices progressifs pour aider à dépasser les appréhensions : “Au début, on va toucher les épaules, puis le front, sans chercher à faire mal. L’objectif est d’apprendre à avoir l’intention de toucher l’autre, sans forcément y mettre de la force.” Ce processus, basé sur la répétition, permet aux pratiquantes de prendre confiance en elles. “Avec la pratique, on dépasse cette barrière psychologique. Cela dépend aussi du tempérament : certaines sont plus réservées que d’autres, mais tout le monde peut y arriver avec de la régularité et du temps.” Pour Océane, l’essentiel est de comprendre que ce travail mental est indissociable de la technique et qu’il ouvre la voie à une satisfaction personnelle.