Toulouse, la Ville rose, n’est plus tout à fait elle-même, si l’on en croit Lucas, le gérant d’une de ces entreprises de livraison nocturne. Dans un secteur où le bouche-à-oreille et la confiance ont toujours été les piliers, les réseaux sociaux comme Telegram et Snapchat sont venus bousculer les règles du jeu. Et pas pour le meilleur.
Depuis le confinement, une baisse d’activité inquiétante frappe les professionnels du secteurs. « Les réseaux sociaux, c’est la débrouille pour certains, mais pour nous, c’est un cauchemar. On ne peut pas rivaliser avec des vendeurs illégaux qui cassent les prix et vendent de l’alcool parfois non taxé », dénonce t-il.
Ces plateformes parallèles attirent une clientèle de tous horizons : des jeunes, mais aussi des cadres supérieurs, parfois même des résidents de quartiers difficiles. Et si la livraison nocturne professionnelle est encadrée, les vendeurs illégaux, eux, ne respectent ni règles ni tarifs.
Des règles strictes contre une concurrence déloyale
Dans cette entreprise de livraison, la sécurité est une priorité : « On explique et répète les consignes aux livreurs, on s’assure que les trajets se passent bien et on refuse des produits comme les ballons de protoxyde d’azote, qu’on nous demande presque tous les soirs. » Un cadre strict qui a un coût : assurances, charges, et marchandises légales alourdissent les dépenses. « Franchement, ça fout les boules. On paye plein pot pendant que d’autres se moquent des règles. »
Les épiceries de nuit aussi ferment sous la pression des lois, mais certaines continuent à travailler discrètement en dehors des horaires autorisés, ajoutant à l’impression d’une concurrence déséquilibrée.
Le Covid, une parenthèse dorée
Pourtant, tout n’a pas toujours été si difficile. Pendant le confinement, l’ambiance était différente : « Les gens étaient heureux de nous voir, il y avait presque un côté service public dans notre travail. On livrait là où personne ne voulait aller. On se sentait utiles, et les clients étaient reconnaissants. »
Aujourd’hui, cette reconnaissance semble loin. Les vendeurs illégaux, souvent perçus comme « moins chers et plus rapides », grignotent les parts de marché des professionnels.
Un métier sous tension
Lucas décrit aussi un métier éprouvant : horaires de nuit, trajets risqués, et parfois des incidents graves. « Un de mes confrères a été hospitalisé après avoir été attaqué à Plaisance-du-Touch. » Malgré tout, il refuse de baisser les bras : « Ce qu’on fait, ça compte. On ne travaille pas pour 5 € de l’heure comme sur Uber. Notre métier mérite respect et reconnaissance. »
Il s’indigne aussi des dérives : « Certains clients volent les commandes, mais on a de la chance, on a eu peu de problèmes graves jusqu’ici. »
Cri d’alarme
Face à cette situation, Lucas demande plus de soutien pour les professionnels : « Il faut que la richesse soit pour tout le monde. Aujourd’hui, on se fait grignoter par des plateformes illégales qui contournent toutes les règles. Nous, on travaille légalement, on paye nos taxes, mais on ne peut pas s’aligner sur des prix qui ne respectent rien. »
Dans un secteur en pleine mutation, où la concurrence est aussi numérique qu’économique, Speed Toulouse continue de livrer, souvent dans des zones que personne d’autre n’ose desservir. Mais à ce rythme, la question reste : combien de temps encore avant de mettre la clef sous la porte?
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
NDLR: les prénoms ont volontairement été changés pour préserver l’anonymat de nos sources.