En plein centre de Blagnac, ce vendredi 22 novembre, dans la librairie Au fil des mots, les livres de new romance prennent de plus en plus de place dans les rayons. Pourtant, ce phénomène n’existait pas il y a deux ans.
La new romance est un sous-genre de la romance, elle met en scène une histoire d’amour entre deux personnages dans un monde contemporain. Ces livres sont souvent accompagnés de scènes de sexe explicites.
Entourée de livres, la libraire Céline Rivière nous confie :« Le phénomène de la new romance a pris de l’ampleur avec les livres de Morgane Moncomble et Colleen Hoover, dont le plus connu est Jamais plus. Il a récemment été adapté en film. Il y a deux ans, notre rayon de new romance se résumait à After et 50 nuances de Grey, il y avait à peine cinq livres. Aujourd’hui, le rayon a une forte rotation et on n’a même pas besoin de conseiller cette lecture, ces livres se vendent tout seuls sans qu’on ait à les lire. »
Dans la librairie Au fil des mots, la part de new romance dans les ventes a augmenté de plus de 2 % en un an. Céline nous explique :« Pour une librairie généraliste, c’est déjà très bien. »
« Une génération Pass Culture »
De plus en plus de gens commencent la lecture avec de la new romance, notamment grâce à la communauté Book Tok, qui cumule plus de 107 milliards de vues sur l’application TikTok et qui est assez centrée sur la new romance. La tranche d’âge de cette littérature se situe entre 15 et 30 ans, surtout grâce aux thèmes abordés et à l’arrivée du Pass Culture qui facilite l’achat de livres chez les jeunes. Une jeune active en hôtellerie, cliente régulière chez Cultura nous explique : « J’aime la new romance parce que ça permet de m’évader de mon quotidien, et de découvrir autre chose. J’ai toujours lu mais aujourd’hui je ne lis presque que de la new romance. Mon préféré est Say You Swear de Meagan Brandy, parce qu’au-delà de la romance, il est aussi extrêmement touchant. »
La new romance permet aux jeunes de lire. Madame Dupré, professeur de français au lycée privé de Sainte-Anne à Strasbourg, réalise un sondage : sur une classe de seconde de 30 élèves, 10 ont déjà lu ou lisent de la new romance. Selon elle » si ce genre littéraire les fait lire, c’est le plus important, surtout dans une génération où le niveau de français est très bas et où les jeunes sont plus captivés par les réseaux sociaux que par les livres »
Des livres à ne pas mettre dans les mains de tout âges
Nicolas Jacquier, vendeur chez Cultura, remarque : « La romance se lit surtout par des jeunes femmes. Cependant, les clientes sont parfois trop jeunes pour lire certains de ces livres. Techniquement, on ne peut pas interdire la vente de la new romance aux plus jeunes, mais on peut faire de la prévention et alerter les parents qui viennent avec leurs enfants sur les thématiques de ces livres. »
L’autre problème de ce genre de livre selon madame Dupré est que » les jeunes, et surtout les filles vivent des moments de leur vie par procurations au travers de ces livres qui illustrent des relations idylliques, leur vision de l’amour devient alors un fantasme impossible dans notre monde » pour cette professeure le plus important est d’ouvrir un dialogue avec ses élèves pour apporter une dimension morale à ce type de lecture et pousser les jeunes à réfléchir par rapport à ceux qui lisent.
Zia Senegas