La création du délit d’homicide routier : « C’est de la poudre aux yeux »

Lundi, l’Assemblée nationale s’est réunie afin d’examiner le projet de loi visant l’instauration d’un délit d’homicide routier. Une nouvelle loi spécifique quant aux accidents de la route mortels avec circonstances aggravantes (consommation d’alcool, de stupéfiants ou l’usage du téléphone).

« C’est beau, ça fait plaisir, mais ça ne sert à rien », ce sont les mots de Norbert Pirault, porte-parole de Victimes et Citoyens (une association qui aide les victimes de la route) à propos de cette nouvelle appellation. En effet, elle doit remplacer le terme d’homicide involontaire avec circonstances aggravantes. Cette décision fait écho évidemment à l’affaire Palmade, mais également porté par Yannick Alléno chef étoilé ayant perdu son fils de 24 ans dans un accident de la route. « C’est une bonne chose dans l’ensemble, le combat avance, mais ça ne change rien quand des personnes sont blessées ou mort » ajoute Norbert Pirault. Pour rappel, en France chaque jour 10 êtres humains sont tués et près de 200 sont gravement blessés sur les routes et le changement de qualification ne va pas changer énormément de choses pour le porte-parole de l’association.

« Si un alcoolique ou un toxicomane purge la peine, quand il va sortir, il va faire pire ! »

10 ans, c’est le nombre d’année que pourront atteindre les peines de prison encourues en cas d’homicide routier. C’est également le temps de l’annulation du permis de conduire et l’impossibilité de le repasser. Si cette mesure paraît efficace, elle ne rassure pas pour autant Norbert Pirault « Est-ce que l’alcoolisme ou la toxicomanie se soignent en prison ? Non ! Si ces personnes purgent leur peine, ils vont ressortir et refaire les mêmes erreurs. Ce n’est pas la bonne solution. Il faudrait les accompagner dans des centres pour personnes malades et les aider ». De plus, la suspension de permis ne pourrait qu’accroître le nombre de français roulant sans le petit papier rose. Dans l’Hexagone, en 2021, 770 000 citoyens conduisaient sans permis, d’après Norbert en 2023, ils étaient plus d’un million. « Si on retire le permis pendant 10 ans, le nombre de conducteurs sans ces papiers va augmenter, mais il n’y a pas que ça ! Il va y avoir des différences sociales, une personne en campagne sans permis est plus embêtée qu’un citadin ».

Le permis avancé à 17 ans, un autre problème ?

Tu n’es pas sans le savoir, depuis le 1er janvier 2024, l’âge minimal requis pour obtenir le permis de conduire est passé de 18 à 17 ans. Une bonne nouvelle pour ceux souhaitant une certaine liberté, autonomie et autres, mais surtout un nouveau problème « Je n’ai rien contre les jeunes, mais le permis à 17 ans n’est pas forcément une bonne idée. Il y aura plus de personnes avec le permis ce qui fait plus monde sur la route, donc plus d’accidents, plus de blessés et plus de morts ». De plus, en 2022, 549 jeunes de 18 à 24 ans ont été tués sur la route et 2 739 sont gravement blessés.

« On ne s’attaque pas au fond du problème »

Pour Norbert, le problème est simple, ce sont les personnes prenant le volant en ayant consommé de la drogue ou de l’alcool. Environ 50% des accidents mortels sont dus à cela en France. Si certains véhicules sont équipés d’éthylotest antidémarrage, ces derniers ne sont pas suffisants. Il suffit d’être avec un ami sobre afin de pouvoir conduire. Pour cela, Norbert Pirault souhaiterait un autre dispositif « Il faudrait qu’on ait une visite médicale tous les mois, comme les pilotes d’avions ou leur personnel, cela pourrait aider à détecter les prémisses d’alcoolisme ou de dépendance à une drogue. Malheureusement cela coûte de l’argent ». Si beaucoup de points négatifs sont levés, Norbert voit tout de même du positif puisque c’est un premier pas afin de faire bouger et changer les mentalités.

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