Les Sugar Babies et Sugar Daddies : un phénomène émergent qui intrigue la jeunesse

Vendre des photos de ses pieds est de plus en plus répendu avec le phénomène de Sugar Daddies. ©Léïne Touala
Dans l'univers numérique actuel, une tendance énigmatique capte l'attention des jeunes sur des plateformes telles qu'Instagram. Des propositions intrigantes émanant souvent de profils plus âgés suggèrent une relation particulière sans nécessité d'échanges intimes. Bienvenue dans le monde des Sugar Babies et des Sugar Daddies, une tendance qui soulève des questionnements chez les jeunes face à la précarité.

Dans cette ère numérique, des offres singulières émergent, invitant les jeunes à devenir la présence virtuelle d’un Sugar Daddy en échange d’une compensation financière. Ces propositions mettent en avant une relation sans exigence sexuelle, basée sur la compagnie et la conversation. “J’aimerais beaucoup que vous soyez mon Sugar Baby. En retour, je vous verserai un paiement hebdomadaire. (…) PS : cela ne nécessite pas d’envoi de nudes ou de chat sexuel, merci de me répondre si vous êtes intéressé !” écrit @alex_chx1, Sugar Daddy dans un message privé Instagram.

Les raisons derrière l’acceptation

La précarité économique pousse de nombreuses jeunes femmes, mais parfois des jeunes hommes, à considérer sérieusement ces offres. L’idée d’avoir une source de revenus stable en échange de simples conversations peut sembler attrayante, surtout dans un contexte où les emplois stables sont parfois difficiles à obtenir. « Pour ma part, je n’ai pas vraiment le temps nécessaire. Je me trouve souvent débordée par mes études, avec le sentiment de ne pas avoir un moment à moi. L’idée que le peu de temps libre que je pourrais avoir serait occupé par un job étudiant, comme travailler en tant que caissière ou dans un fast-food, m’irrite. Alors oui, je dois admettre qu’il m’est arrivé d’y penser, » témoigne Marie-Louise, jeune étudiante.

L’ombre de l’arnaque

Cependant, derrière l’attrait financier, plane l’ombre de l’arnaque. Beaucoup hésitent à partager des informations sensibles, comme leur relevé d’identité bancaire (RIB), de peur de tomber dans une escroquerie. Les jeunes se questionnent sur la légitimité de ces propositions et sur les risques potentiels. “C’est vrai que je ne m’y connais pas trop en termes de paperasse bancaire. Je ne sais pas ce que les gens peuvent faire ou ne pas faire avec mon RIB. J’ai trop peur que la personne me prélève de l’argent plutôt que d’en verser”, confie Flavie à la pause de son job étudiant. 

La crainte de se faire arnaquer constitue un obstacle majeur pour ceux qui pourraient être tentés par cette opportunité financière. Le besoin de sécurité numérique devient alors crucial, incitant à la prudence avant de s’engager dans une telle relation virtuelle.

Et arnaque, ou nous, lorsque la rédaction du 24heures a souhaité en savoir plus auprès de @alex_chx1, le Sugar Daddy ayant contacté l’une de nos journalistes, celui-ci n’a plus répondu à nos messages malgré de nombreuses relances.  

Peur de l’arnaque, mais qu’en est-il de l’éthique ? 

Le témoignage de Constance*, 20 ans, offre un aperçu percutant du monde des Sugar Babies et des Sugar Daddies. Confrontée à des difficultés financières et émotionnelles, elle a envisagé cette option comme source de revenus. Créant un compte Twitter dédié, elle a attiré l’attention mais a également été confrontée à de nombreux faux profils et arnaques.

Constance souligne l’importance cruciale de la sécurité et de l’éthique, affirmant : « J’avais un compte Twitter fait exprès parce que les « gens » qui venaient en DM étaient clairement des faux, des belles grosses arnaques. » Elle partage ses doutes sur la légitimité des propositions, illustrant les risques liés à cette pratique émergente : « J’ai eu une centaine de messages par jour pendant 2 mois, mais selon moi 98% étaient des faux, avec des messages du style ‘vire moi 100€ après j’te file 5000€ par semaine’, ce qui clochait vraiment pour moi. »

La jeune femme souligne également les aspects sombres de cette démarche, avec des moments de sentiment d’insécurité même sans quitter son domicile. Constance a évoqué son intention initiale de vendre des photos de pieds, mais a bloqué un Sugar Daddy après une transaction ambiguë, déclarant : « J’ai décidé de le bloquer parce que je n’étais pas très à l’aise. » Elle a aussi admis avoir vendu des photos provenant de Google Images, mettant en évidence les dilemmes moraux associés à ces quêtes financières : « J’ai vendu quelques fois des photos de pieds qui ne m’appartenaient pas.  J’allais sur la page 20 de Google images pour des photos de pieds de femmes, je faisais un mini montage pour que ça soit moins fake. »

Finalement, l’expérience de Constance souligne la nécessité d’une prudence accrue, de la sécurité numérique, et d’une réflexion éthique dans le contexte des Sugar Babies et des Sugar Daddies. Mais ce phénomène suscite une réflexion profonde au sein de la jeunesse confrontée à la précarité. La vigilance numérique et le questionnement éthique demeurent des outils cruciaux pour naviguer dans cette ère digitale en constante évolution.

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