Être agent de la DGSE, sous couverture à temps plein ?

Conférence d'Olivier Mas hier soir à l'Université Toulouse Capitole © Julie Nicosia
Le 22 janvier se déroulait, à l’Université Toulouse I Capitole, une conférence qui a intrigué bon nombre d’étudiants et de curieux. Olivier Mas, ancien agent à la Direction Générale de la Sécurité Extérieur était présent pour raconter son histoire au sein de ce que l’on pourrait appeler les services secrets français. Focus sur une vie d’anonymat.

Qui n’a jamais rêvé d’être James Bond ? Olivier Mas l’a fait ! Pendant près de 15 ans, ce quinquagénaire a travaillé chaque jour au sein de la DGSE. Simple agent au départ dans le sud de la France, il parcourt ensuite le monde. Mission en Europe de l’Est, Asie centrale, immersion au sein des Touaregs, il a cumulé au total plus d’une 20 aine de noms et de couvertures. « Être un “agent secret”, c’est bien moins excitant que dans la fiction. On n’a pas le droit de divulguer qui on est, on est est toujours en mission et souvent, on risque notre vie », explique-t-il. Et même après avoir quitté la DGSE, Olivier vit encore chaque jour dans un anonymat complet. « Olivier Mas n’est pas mon vrai prénom. Je suis obligé d’avoir un pseudonyme ou un nom d’auteur pour me protéger », développe t-il durant la conférence. Mais passer sa vie sans divulguer qui on est-il vraiment viable ? « Quand on entre à la DGSE, seul notre entourage très proche est au courant de notre travail. Et encore, on ne peut pas tout leur dire ! Vivre comme ça chaque jour est pesant. Ça m’a valu un divorce » ironise Olivier Mas.

Être libre de parler ou de rester dans la confidentialité du travail ?

Olivier Mas n’est pas un simple agent de la DGSE. À la fin de son contrat, en 2017, il lance sa chaîne YouTube. Son idée : sensibiliser les jeunes aux services secrets et à la sécurité. Mais la question de l’anonymat pose une nouvelle fois problème. « Est-ce que je devais demander l’autorisation à la DGSE ? Je savais que c’était un risque de me dévoiler sur Internet. Même en utilisant un pseudonyme, les gens pouvaient me reconnaître. Finalement, je ne l’ai pas fait. La DGSE aurait contrôlé toutes mes vidéos, je n’aurais pas été libre et ça aurait perdu tout son sens », ajoute-t-il. Celui qui a pris le contre-pied de ses missions clandestines aux quatre coins du monde excelle sur la plateforme. Il compte au total 171 000 abonnés. À travers ses vidéos, il ne divulgue pas d’information confidentielle, mais aborde des sujets tels que « Comment bien mentir ? » « Les 5 meilleurs services de renseignement du monde » ou plus récemment « La réforme de la DGSE ».

L’anonymat et le quotidien : compatibles ?

Aujourd’hui Olivier entreprend de nombreux projets. Écriture de livres, conférences organisées auprès d’étudiants, réalisation de documentaires, ce boulimique de travail ne s’arrête pas. L’anonymat ne semble plus un problème pour celui qui a appris à vivre sans son vrai prénom. Il dit avoir “décroché totalement de la DGSE” pour se consacrer à des projets personnels.

Léa Afonso & Julie Nicosia

Auteurs/autrices

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