Les victimes de la fast fashion

Dressing plein de vêtements. Crédit photo : Lila
La fast fashion. Comme son nom l’indique, cette mode se veut rapide, accessible et en perpétuel renouvellement. Derrière cette industrie, ils sont nombreux à payer le prix fort.

La fast fashion apparait dans les années 1990 dans les grandes capitales de la mode. La fast fashion englobe toutes les enseignes qui produisent des vêtements très vite, très souvent et pour pas cher. Une marque de fast fashion peut produire jusqu’à 50 collections par an, contre 4 collections pour une marque de mode classique. Les produits proposés ne sont pas chers et ne tiennent, généralement pas dans le temps.

La fast fashion est l’une des industries les plus polluantes au monde. Derrière cette multitude de couleurs et de tissus se cache une réalité catastrophique : désastres sanitaires et écologiques, drames humains et injustices. 

Les premières victimes 

La grande majorité des productions est faite dans des pays asiatiques où les salaires sont proches de la misère et permettent aux entreprises de faire de larges économies. La plupart des employés n’a pas de contrat et est payée en fonction de ses productions. Une façon pour les entreprises de motiver leurs petites mains. Les employés travaillent en moyenne 75 heures par semaine.

Au Bangladesh, le salaire d’un travailleur dans le textile est le plus bas au monde, soit 30 centimes de l’heure. Les femmes représentent 80 % de ces travailleurs. Le travail infantile est également très répandu dans l’industrie du textile. D’après l’Organisation Internationale du Travail, 17 millions d’enfants entre 2012 et 2016 ont été contraints de travailler pour cette industrie. 

Selon l’Overseas Development Institue, 50 % des enfants entre 14 et 16 ans issus de bidonvilles au Bangladesh travaillent dans des usines de productions. Ils gagneraient en moyenne 8 euros par semaine. 

Les vêtements issus de la fast fashion sont majoritairement faits en matières synthétiques comme le polyester ou l’élasthanne. Le traitement chimique de ces tissus est dangereux pour les travailleurs qui ne bénéficient d’aucune protection. Les ateliers sont étroits, humides et peu ventilés. Les travailleurs, bien que malades ont été obligés de continuer de venir travailler sous peine de perdre leur emploi. 

De nombreux scandales ont fait surface ces dernières années : en 2013, un bâtiment au Bangladesh s’est effondré provoquant la mort de plus de 1000 ouvriers de l’industrie du textile. Plus récemment, l’exploitation de la communauté Ouighours. Une communauté musulmane retenue contre son gré et forcée de travailler pour l’industrie du textile. Des appels à l’aide ont été retrouvés sur plusieurs produits du géant chinois Shein.

Enchainés à l’industrie 

Parmi les principaux acteurs de la fast fashion, Zara, Pretty Little Things ou encore Shein. L’application mobile comptabilise plus de 7 millions d’utilisateurs actifs par mois. Sur Tiktok, le hashtag Shein a été repris plus de 50 millions de fois. 

Les consommateurs sont nombreux à prendre conscience des défauts de l’industrie de la mode rapide néanmoins, beaucoup se sentent contraints de consommer chez les géants. « Acheter des produits court circuit dans des boutiques locales, c’est trop cher. » confie Anna, étudiante de 21 ans. « Zara propose des pièces tendances et pas chères. Aujourd’hui, on vit dans une société où toutes les filles ont des dressings pleins à craquer, où pour chaque occasion, on veut acheter une nouvelle tenue. » admet la jeune femme. La jeune génération se sent impuissante face aux absurdités de la mode : « j’ai conscience de ce fléau, acheter des vêtements au sein de ces enseignes de la fast fashion veut dire que je cautionne ce système destructeur pour la planète mais je n’ai pas les moyens de consommer autrement. » témoigne Ismael. Les nouvelles générations sont nées avec un téléphone greffé à la paume de la main. « Je suis victime du système de surconsommation. Je suis sur les réseaux sociaux donc je regarde au quotidien les looks, les tendances. Je suis très influencée par les réseaux sociaux. » admet Louise, 18 ans. 

La plupart d’entre eux estime faire de leur mieux en se tournant vers d’autres alternatives comme la seconde main. Ou tout simplement réduire leur consommation de produits issus de la fast fashion. 

Un dommage collatéral 

Ce n’est plus un secret, l’industrie du textile est l’une des industries les plus polluantes au monde. D’après le magazine Forbes, « près de 70 millions de barils de pétrole sont utilisés chaque année pour fabriquer la fibre de polyester dans le monde, qui est maintenant la fibre la plus utilisée dans nos vêtements. » 20 à 35 % des flux de micro-plastiques retrouvés dans les océans proviennent de l’industrie de la mode selon la revue The State of Fashion de McKinsey. Chaque année, l’industrie de la mode émettrait plus d’un milliard de tonnes de gaz à effet de serre. 

Au vu de la qualité des vêtements issus de la fast fashion, les consommateurs s’en débarrassent très rapidement ce qui créé plus de 4 millions de tonnes de déchets textiles dont 80 % finissent par être enfouis ou incinérés. 

Pour préserver notre planète, bien abîmée, il est conseillé de changer notre mode de consommation. Avez-vous vraiment besoin de ce que vous vous apprêtez à acheter ? 

Auteur / autrice

Vos dernières actualités