Les SDF dans le froid, la nuit, à Toulouse

Malgré les différentes actions, il resterait 150 personnes dans la rue chaque nuit à Toulouse. Crédit photo : Tom Kuntz.
Les températures descendent la nuit, et le nombre de places dans les hébergements d’urgence aussi. À tel point que les sans domiciles fixes abandonnent l’idée de dormir au chaud et acceptent leur condition. Le collectif Toulouse anti précarité tente de réagir.

« J’essaye de ne pas y faire attention, mais le froid, on le ressent. À force, on est obligé de s’y habituer », avoue Jérémy, sans domicile fixe de 20 ans. La semaine dernière, les températures oscillaient entre -2 et 2 degrés en pleine nuit. Une situation alarmante pour les associations et invivable pour ceux qui dorment dehors.

« J’ai perdu la patience d’attendre »

En 2022, la Croix-Rouge Toulouse recensait presque 800 personnes dormant à la rue à Toulouse. Dans la Ville rose, beaucoup d’organismes leur viennent en aide comme Main Tendue 31, Groupe Amitié Fraternité ou encore Oummah 31. Des actions qui, malgré leur nombre, ne suffisent pas aux yeux des sans-abris. 

Jérémy est sans domicile fixe depuis un an. Du haut de ses 19 ans, il a passé beaucoup de nuits à la belle étoile. « Vivant à la rue ou vivant de la rue », pour lui, c’est aux autres de décider. C’est le deuxième hiver qu’il passe dehors et selon lui, la situation a empiré. « J’ai déjà eu recours à certains organismes pour dormir au chaud, sur un matelas. Avant, je passais mes journées à attendre que le 115 (numéro d’urgence sociale pour les personnes sans abri, ndlr.) me réponde. Mais la ligne est trop bondée. Depuis, j’ai perdu la patience d’attendre, d’espérer et de me retrouver toujours au même endroit quand la nuit tombe », confie-t-il. « L’année dernière, j’avais eu plus d’occasions de dormir dans des centres. Peut-être qu’on était moins nombreux. Maintenant, j’ai l’impression qu’il n’y a plus aucune place nulle part ». 

Jérémy, à visage mi-couvert. Crédit photo : Tom Kuntz.

À quelques mètres de lui, à l’angle de la rue Lafayette, une mère de famille reste des heures par terre, dans l’attente qu’on lui vienne en aide. « En tant que maman avec des enfants, on me donne plus qu’aux autres, c’est sûr. Mais pendant l’hiver, ce n’est pas l’eau ou la nourriture qui manquent. C’est le chaud et surtout la nuit » explique-t-elle. En outre, des conditions de vie inhumaines selon eux. Thomas Coudrette, membre du collectif Toulouse anti précarité (TAP), assure qu’il est urgent de « mettre à l’abri les enfants et les jeunes ».

Le collectif TAP appelle l’État à en faire plus 

Mercredi dernier, aux alentours de 12 h, ils étaient 200 personnes devant la préfecture. Le collectif Toulouse anti précarité a fait bloc pour la prise en charge totale des familles, des jeunes et des enfants qui dorment dans la rue en plein hiver. 

Pour rappel, le 10 novembre Olivier Klein, ministre délégué au logement, a émit un circulaire sur la « gestion de la période hivernale et des enfants à la rue ». Pour Thomas Coudrette, ce n’était qu’un « coup de com ». « Aujourd’hui, l’État laisse des personnes SDF dehors sous des températures négatives plusieurs nuits d’affilées. Rien n’a été vraiment mis en place. Le seuil de « grand froid » a été placé à -11°C. C’est inacceptable. On demande à la préfecture de réouvrir les gymnases lorsqu’il fait froid, et d’en faire plus ! », assure-t-il. 

Début décembre, la préfecture avait pourtant ouvert plus de 200 places pour accueillir les sans-abris la nuit jusqu’au 31 mars. Mais d’après le bénévole, « le travail est fait à moitié comme d’habitude ». Selon lui, il faudrait encore 150 places. 

Dans le cortège du 8 février, on pouvait voir des messages forts récoltés auprès des sans-abris : « J’ai peur la nuit », « À ce rythme, la prochaine fois, je serais mort de froid » ou encore « J’ai peur que les rats viennent me manger la nuit ». Des appels à l’aide écrits sur des pancartes et brandis dans l’espoir que les choses changent

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