L’A69 Castres-Toulouse. Le bras de fer continue entre pro et anti autoroute

Les travaux de l'A69 devraient débuter en mars 2023. Crédit Photo : Wikimedia
Le combat entre anti et pro autoroute A69 continue de servir entre Castres et Toulouse. Les travaux débutés en début d’année n’ont fait que renforcer la colère des associations qui se dressent contre ce projet. Mais les collectivités territoriales et le concessionnaire ATOSCA chargé de la construction et l’exploitation de l’A69 n’ont pas dit leur dernier mot.

Entre 15 et 35 min, c’est le temps que devront gagner les usagers qui emprunteront l’A69 selon le Direction régionale environnement aménagement et logement. Un gain de temps qui n’en vaut pas la chandelle pour de nombreuses associations et collectifs écologistes comme France Nature environnement, La Voie Est Libre, ou encore Extinction Rébellion Toulouse.

Des travaux qui devraient bientôt débuter

Après rendu d’un rapport des commissaires enquêteurs et la mise à disposition d’un arrêté d’autorisation par les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne, les travaux devraient débuter. Ces documents doivent encadrer ce projet. “Ces arrêtés devraient être obtenus d’ici deux mois, si tout se passe bien, nous démarrons avec les premiers travaux déboisement et de terrassement de réalisation d’ouvrage d’art. Ces travaux devraient s’étaler sur deux ans et demi” affirme serein Martial Gerlinger, directeur du concessionnaire ATOSCA au micro de France-Bleu Occitanie. L’autoroute sera, si les délais sont respectés, sera donc livrée en 2025

Contrairement à ce qui était prévu Vinci Autoroute ne sera pas responsable des travaux et de l’exploitation de l’infrastructure. C’est la société de concession ATOSCA qui sera exclusivement destinée à sa création et son exploitation. 

Les avantages promis de cette autoroute

D’une longueur de 54 kilomètres l’autoroute relliera la sortie de Castres à l’A68 au niveau de Verfeil. Une 2X2 voies qui comportera plusieurs avantage. Le plus évident, le gain de temps, même s’il diffère d’une source à une autre. Mais elle permettrait également, “de dynamiser nos entreprises et en attirer de nouvelles, de permettre de créer des emplois, d’améliorer la sécurité, et prendra en compte les enjeux environnementaux”  peut on lire dans un manifeste signé par plus de 100 chefs d’entreprises tarnais en faveur de l’autoroute A69. Sur le papier, cette nouvelle autoroute semble être un avantage non négligeable pour la région. 

Une opposition déterminée

Pour ceux qui ont l’habitude de circuler entre Toulouse et Castres, ça n’a pas pu vous échapper. Les messages anti-autoroute sont légion sur le trajet. Ecocide, tracé inutile, les anti-autoroute ont également des arguments pour protester contre ce projet. 

« A69 400ha bétonnée » sur la RN126. Crédit Photo : Alexandra Frenkel

Un impact environnementale important

Ce  projet  d’autoroute  impacterait  très  négativement  le  développement  de  l’agriculture  qui  façonne aujourd’hui l’environnement, les paysages et l’économie de notre territoire le long de la RN126.” affirment les agriculteurs et porteurs de foncier agricole pour la protection des terres fertiles dans une lettre ouverte dans une lettre ouverte. Un des enjeux cruciaux qui mis en évidence est la question de l’eau et des nappes phréatiques. “le  tracé  de  cette  autoroute  prévoit  en plusieurs  points  la  destruction  irréversible  de  nappes  phréatiques,  de  cours  d’eau  et  de  bassins indispensables à l’irrigation d’exploitations agricoles comme au maintien des refuges de biodiversité.Sa construction perturberait l’équilibre hydrologique, de plus la réduction des niveaux de végétation entraînerait une augmentation des températures induisant une réduction d’hygrométrie et de fait une sollicitation plus importante des capacités d’évapotranspiration de nos cultures” poursuivent les agriculteurs dans leur lettre ouverte.

Selon les estimations de France Nature Environnement, ce sont 400 hectares qui font être bétoniser entre la Haute-Garonne et le Tarn. De plus, les inondations devraient être plus fréquentes.

Un projet inutile et onéreux 

La Dreal estime à une circulation journalière de 5 640 véhicules par jour et estime un gain de temps trompeusement surévalué (35 min), en contradiction avec tous les simulateurs d’itinéraires (12 à 15 min)” dénonce l’association La Voie Est Libre. 

Tracé et tarifs de l’A69. Crédit Photo : La voie est libre

Le coût financier des travaux est estimé à environ 400 millions d’euros dont 23 millions de subventions publiques (soit 6% du budget total). Le prix pour les usagers est également un argument pour les opposants au projet d’autoroute. Avec un prix pour les usagers de 6,77 euros pour un itinéraire de Toulouse à Verfeil, plus 1,60 euros pour le trajet entre Verfeil et Toulouse, cela revient à presque 9 euros pour un peu plus de 72 kilomètres “Le prix kilométrique de cette autoroute est parmi les moins cher de nos route les plus récentes sur ces 10 – 15 dernières années. Nous avons aussi tenu à maintenir une politique tarifaire attractive pour les locaux.” se défend Martial Gerlinger. En comparaison, le trajet entre Albi et Toulouse (environ 80 kilomètres) ne coûte lui que 1,60 euros.

Des actions contre le projet

Les associations écologistes multiplient les actions pour protester contre ce projet d’autoroute. Marche contestataire, enquête publique, pétition, les actions sont nombreuses de la part des associations pour lutter contre ce projet. Dernièrement une maison destinée à être rasée a été occupé par le collectif Extinction Rébellion Toulouse. L’association a pris d’assaut ce 4 février 2023 une maison appartenant au concessionnaire. 31 personnes y ont été interpellées.

Et les jeunes dans tout ça

Les étudiants et plus généralement les jeunes de la région sont mitigés face à la construction de cette autoroute “Je suis partagée, mes parents vivent à Castres et je travaille à Toulouse, je fais donc souvent l’aller-retour pour aller les voir. Cette autoroute me permettra de gagner un temps considérable chaque week-end pour faire le trajet. Mais d’un autre côté, je suis engagée pour l’environnement et les dommages sur les terres des agriculteurs et des riverains sont problématiques.” explique Tess 28 ans. Pour Alexandre qui est étudiants à l’IUT de Castres cela lui permettrait retourner vers la métropole toulousaine plus facilement : “Je vais souvent voir mes amis sur Toulouse le week-end et c’est vrai que je suis plutôt pour la construction de l’autoroute même si j’espère finir mes études avant la fin de sa construction.”

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