Mort de Morgan Keane : “Le tribunal a loupé une opportunité”

Quelques jours après le rapport sur la chasse du gouvernement, les militants ne sont pas satisfaits. Crédit photo : Shutterstock Matthew M.
Le verdict est tombé dans l’affaire de la mort de Morgan Keane. Le chasseur qui a tiré écope de deux ans de prison avec sursis. Le directeur de la battue, aussi pointé du doigt, a pris dix-huit mois de prison avec sursis. Une décision critiquée par les proches du jeune Franco-britannique, qui a perdu la vie le 2 décembre 2020, alors qu’il coupait du bois chez lui.

“On attendait beaucoup de ce procès car il pouvait donner lieu à une décision de justice exemplaire”, déplore Audrey, amie de Morgan Keane et cofondatrice « d’un jour, un chasseur”. Ce collectif a été créé par quatre amies du jeune Lotois suite à son décès. L’objectif, recenser via des témoignages de particuliers, des accidents de chasse partout en France. Grâce à la mobilisation et aux réseaux sociaux, le collectif a vite pris de l’ampleur. Les quatre jeunes femmes se sont mobilisées et ont créé une pétition pour le Sénat visant à stopper les abus liés à la chasse et à se diriger vers une meilleure sécurisation dans le pays. 

C’est ce jeudi 12 janvier que se tenait le procès du chasseur et du directeur de la battue au tribunal correctionnel de Cahors. Audrey et les proches de Morgan Keane espéraient un verdict plus sévère avec de la prison ferme. “Le procès a été éprouvant, on en attendait beaucoup des juges qui auraient pu choisir de punir fermement ces chasseurs et de montrer qu’il y a eu des défaillances profondes dans cette affaire”, explique l’amie du jeune homme. Audrey soulève qu’elle est “soulagée” que des proches de Morgan Keane qui s’étaient portés parties civiles touchent des indemnités suite au préjudice moral subi et les traumatismes. Lors du procès, l’amie du jeune homme relate une “attitude étrange” de la part du directeur de la battue qui n’était pas présent en ce jour d’audience. Celui qui a pris dix-huit mois de prison avec sursis a aussi écopé d’une interdiction de chasser de cinq ans. “Cela signifie que cet homme pourra à nouveau encadrer et pratiquer la chasse dans cinq ans”, souligne Audrey. La jeune femme appuie sur le fait que Julien.F. était un chasseur inexpérimenté qui n’a pas été bien formé ni encadré.

La mort de Morgan Keane est vite devenue emblématique des difficultés de cohabitation entre les chasseurs et des ruraux, souvent opposés à la pratique de la chasse. Lors de l’audience de novembre dernier, le chasseur de 35 ans s’était dit “désolé” de son geste et avait reconnu ne pas avoir “bien identifié la cible”. Plus tard, l’enquête a mis en évidence qu’il ne connaissait pas les lieux et que plusieurs irrégularités avaient été identifiées dans le déroulement de la battue. Des alertes qui ont poussé le gouvernement à travailler sur ce sujet.

“L’application voulue par le gouvernement n’est qu’un gadget”

Lundi, le gouvernement d’Emmanuel Macron a remis son rapport sur la chasse. Des annonces ont été dévoilées comme l’interdiction de chasser alcoolisé. Les chasseurs devront aussi passer des formations pratiques et non plus que théoriques concernant le maniement des armes. Par contre, pas de mise en place d’un jour sans chasse comme réclamé par des militants et une majorité de Français. Audrey évoque aussi “l’application voulue par le gouvernement qui n’est qu’un gadget qui n’empêchera pas les accidents de chasse”. Elle souligne qu’il y a des victimes de la chasse à cause de “manquements aux règles de sécurité”.

C’est maintenant au petit frère de Morgan Keane de décider s’il veut faire appel. De son côté, le collectif “Un jour, un chasseur” continue son combat. Audrey annonce d’ailleurs avoir déposé des pistes de travail à la Cour des comptes afin de déclencher des contrôles des financements des fédérations de chasse.

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