À Toulouse, le sport universitaire et l’indifférence

Sport

Après près de deux ans d’absence, le sport universitaire a repris ses droits depuis septembre dernier à Toulouse. Mais cette période en a démotivé certains et la comparaison avec les États-Unis laisse sans voix et interroge.

La période Covid-19 a laissé des traces

Comme beaucoup d’activités, le sport universitaire s’est vu stopper en mars 2020. L’année 2021 ne fut pas meilleure. Les mesures sanitaires étaient trop importantes, alors la Fédération du Sport Universitaire d’Occitanie avait décidé de ne pas faire payer de licence pour les quelques rencontres organisées. Depuis la rentrée scolaire il y a cinq mois, les entraînements et les compétitions ont repris. Mais le responsable sportif de la Ligue du Sport Universitaire de l’Occitanie, Albert Cigagna a observé une chute des licences : «Il est vrai que certains n’ont pas repris leur licence depuis 2020. C’est environ 600 étudiants qui ne sont pas revenus.»

Samuel est l’un d’eux. Étudiant à Paul-Sabatier en Master il confie que la « période Covid » l’a poussé a arrêté : «Je pratiquais le sport universitaire, notamment en football et en athlétisme pendant ma licence. Aujourd’hui le travail demandé a augmenté, ainsi que l’exigence des études. Aussi, le Covid m’a un petit peu stoppé dans mon élan et je ne m’y suis pas remis lorsque les restrictions ont été levées.» Seulement 8000 étudiants sont licenciés en Occitanie. Un total, qui paraît dérisoire lorsque l’on évoque le sport universitaire américain.

Une grande différence avec les États-Unis

Le sport universitaire toulousain et plus généralement français, souffre de la comparaison avec le pays de l’Oncle Sam. En effet, Outre-Manche, le sport universitaire est roi. Il revêt même une importance capitale dans les cursus universitaires. Pour Alexi Scott, président du Bureau des Sport à l’IGS de Blagnac et qui a vécu aux USA, la différence est due à la culture : «En France, une école est considérée comme un moyen d’obtenir une éducation et un diplôme. Aux USA, l’école représente une grande part de l’identité et ce jusqu’à la fin de leur vie. Les étudiants se retrouvent souvent, un grand nombre font des dons à leur école et suivent les résultats et matchs de leurs équipes sportives.»

Même son de cloche pour Albert Cigagna : «Ce n’est pas la même culture et les mêmes objectifs. Les moyens alloués au sport universitaire aux États-Unis sont complètement différents et là-bas c’est un tremplin vers le sport professionnel. Mais c’est le sport dans la culture française en général.» Il est vrai que dans les lycées français et toulousains, seulement deux heures de la semaine sont consacrées à la pratique sportive. Deux petites heures qui paraissent insignifiantes par rapport au temps offert aux étudiants américains. En comparatif, les jeunes américains ont environ une heure trente de sport par jour.

« Le sport universitaire est vu comme un loisir pour la plupart des gens »

La différence culturelle, qui intervient dès le plus âge, pourrait être l’explication de ce désintérêt du sport universitaire à Toulouse et en France. Pour Samuel, étudiant en STAPS, c’est surtout la valorisation du sport universitaire qui pose question : «En France, le Sport Universitaire est vu comme un loisir pour la plupart des gens. Aux États-Unis, les sportifs ont beaucoup plus de légitimité. En France, ce n’est qu’un à côté qui n’apporte pas grand-chose aux études. Là où aux USA il existe une vraie légitimité et peut permettre à certains de s’en sortir.»

Sur ce point, Alexi Scott rejoint l’étudiant : «Le sport universitaire ne sera jamais reconnu en France. Pour la simple raison que la culture du sport n’existe pas ici. Bien sûr, pour les rencontres professionnelles, tout le monde se rejoint et supporte son équipe, mais en dehors de cela, le sport amateur sera toujours considéré comme un hobby.» Le sport universitaire américain en France ?  « C’est comme une utopie, je ne me visualise pas ça ici », rétorque Marius qui pratiquait le sport universitaire avant la période Covid, mais qui a aujourd’hui une baisse de motivation et de temps.

Même s’ils sont encore 8000 étudiants en Occitanie à continuer à disputer des compétitions dans le cadre du sport universitaire, celui-ci souffre de la comparaison avec les États-Unis et ne fait pas rêver les étudiants français et toulousains.

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