Il a été prouvé que maintenir le lien avec un proche suicidaire l’empêche de passer à l’acte. Une méthode simple et efficace mais qui semble délicate à réaliser. Peur de ne pas trouver les mots justes, peur de décevoir ou encore peur de faire plus de mal. Les plateformes d’aide se sont démultipliées sur internet pour les personnes suicidaires et pour les écoutants.
Selon l’Union Nationale Prévention Suicide (UNPS), en moyenne en 2020, 25 personnes se sont suicidées en France chaque jour et 685 ont tenté de se suicider. De nombreux moyens sont développés pour empêcher les personnes de passer à l’acte mais l’un des plus efficace est le maintien du lien avec ce proche en crise suicidaire.
Aider son prochain
« Les phénomènes suicidaires répondent à un modèle plurifactoriel impliquant à la fois des facteurs socioculturels, environnementaux, et psychopathologiques« , indique le Professeur Michel Walter du Centre Hospitalier Spécialisé de Brest sur le site infosuicide.org. L’essentiel est donc de prendre en compte l’environnement et la situation de la personne suicidaire. « Avant d’agir, il faut repérer les signes d’alertes et la conduite de la personne pour connaître au mieux sa position« , indique Julia Pineau Koziel, ambassadrice d’Occitanie pour la plateforme Dites Je suis là. Cette organisation n’est pas un centre d’appels mais une association de communication sur le sujet. Chaque campagne est visée pour un public (agriculteurs, étudiants, lgbtqi+, etc.) et est donc diffusée dans des endroits adéquats (réseaux sociaux, Mutualité Sociale Agricole, Caisse Primaire d’Assurance Maladie).
Avant de débuter toute procédure avec un proche, il faut s’assurer de bien le connaître et ne pas avoir peur de parler concrètement du sujet. « Il ne faut pas hésiter à demander : « As-tu déjà pensé à te suicider ? As-tu déjà essayé de te suicider ? » pour connaître la situation de votre ami, collègue ou membre de votre famille« , complète l’infirmière. D’une voix unie, Julia Pineau Koziel et Pascale Dupas, Présidente de Suicide Ecoute, ont affirmé : « Parler d’idées suicidaires n’incite pas les gens à le faire« .
« Être à l’écoute »
Le plus important dans l’échange avec la personne en crise suicidaire c’est « d’être à l’écoute« , confirme Pascale Dupas. Elle poursuit en indiquant : « Il faut la laisser s’exprimer, ne pas paniquer, lui permettre d’exprimer son mal-être« . En tant que proche, une attitude à ne pas adopter est de dire : « Ne t’inquiète pas et arrête d’y penser« . La situation ne se débloquera pas. Il faut plutôt être une oreille attentive et accompagner la personne vers un mieux-être. Mais aussi et avant tout, il faut connaître ses limites en tant que proche aidant : « Vous n’êtes pas des professionnels, il faut donc le préciser aux personnes suicidaires que vous les accompagnez mais n’avez pas les compétences professionnelles pour les prendre en charge », ponctue Pascale Dupas.
« Les personnes les plus exposés au suicide sont celles atteintes de pathologie psychiques : dépression, addictions, alcoolémie etc.« , avance la présidente de Suicide Ecoute. En 2017, selon le site santepubliquefrance.fr, près de 3 % des adolescents affirment avoir été hospitalisés après une tentative de suicide et 13,6 % des 15-24 ans se sont suicidés, selon l’INSEE. Sur les 20 dernières années, l’année 2013 a connu le plus haut taux de suicide sur cette tranche d’âge avec 17,3 %. Depuis, le taux n’a fait que diminuer jusqu’en 2017. Les chiffres n’ont pas été mis à jour sur le site de l’INSEE.
Des contacts à noter
Depuis le 1er octobre 2021, le ministère des Solidarités et de la Santé a mis en place un numéro gratuit et disponible 7 jours sur 7, 24h sur 24 : 31 14. Il est accessible aux personnes en souffrance, aux proches inquiets, aux professionnels et aux personnes endeuillées.
Le numéro 0 800 235 236 est accessible aux jeunes et est proposé par Fil Santé Jeunes. Il est totalement gratuit et anonyme pour les 12-25 ans et de 9h à 23h tous les jours.
Le médecin traitant de la personne suicidaire ou du proche peut aider ainsi que le 15 (SAMU).
Des lignes d’écoute sont également disponibles, dont Suicide Ecoute : 01 45 39 40 00.