Climat : « la tendance du réchauffement hivernal se confirme », s’inquiète Météo France

La météo du mois de décembre 2021 a été étonnamment douce. Un soleil rayonnant, des températures bien au-dessus des normales de saisons… Mais d’où vient ce phénomène ? Faut-il s’inquiéter d’un tel redoux ? Eléments de réponse avec Matthieu Sorel, climatologue chez Météo France à Toulouse.

16°C à Toulouse, 17°C à Narbonne, ou encore 19°C relevés à Perpignan le 29 décembre dernier. 2021 vient d’enregistrer la fin d’année la plus douce depuis 1947, et l’Occitanie n’a pas fait exception. Les températures ont été pendant huit jours 5°C plus chaudes que la normale. Parmi les vingt périodes de fin d’années les plus chaudes, on n’en dénombre pas moins de six appartenant à notre siècle : 2001, 2005, 2006, 2008, 2010 et 2021. Ces augmentations ne sont donc pas spontanées mais continues. Selon le ministère de la transition écologique, la température moyenne mondiale a augmenté de presque 1°C (précisément 0,97 °C entre 2010 et 2019). Cette continuité inquiète, car elle ne peut pas être due uniquement à des aléas météorologiques. L’épisode de fin décembre est exceptionnellement doux. “Il s’agit des données les plus élevées en France depuis le début des relevés. Si aucune étude d’attribution n’a encore été réalisée, ce réchauffement hivernal est une tendance évidente du changement climatique. Aucun doute, les études à venir viendront confirmer les précédentes”, confie notamment Matthieu Sorel, climatologue chez Météo France à Toulouse. 

Un impact sur la nature, mais pas que…

Ce dérèglement climatique n’est pas seulement visible sur les thermomètres. Il a aussi de réelles conséquences sur la vie et l’avenir des populations, car il impacte directement les cultures agricoles. “Avec ces variations de température, la flore est en danger. Les bourgeons mûrissent trop tôt, car la saison est douce. Le problème, c’est qu’à la moindre vague de froid, ces bourgeons gèlent et meurent”, s’inquiète le spécialiste. L’Occitanie étant la deuxième région française avec le plus d’exploitations agricoles (69 970 en 2015), ce phénomène la touche de plein fouet. 

Matthieu Sorel s’interroge également sur les conséquences directes sur l’Homme : « La perception du temps n’est plus la même. Avec une vague de chaleur en plein mois de décembre, les gens sont perdus. Il y a un réel risque de perdre la notion du temps qu’il fait et de celui qu’il devrait faire. » 

Quelles seront les températures de demain ?

Sous l’effet incessant et en continu des gaz à effet de serre (5 tonnes de CO2 par an et par habitant, soit 16% de plus qu’en 1990), les changements climatiques pourraient se poursuivre tout au long du 21ème siècle, et même au-delà, selon le Groupe d’expert Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Les grosses vagues de chaleur, les pluies extrêmes et les catastrophes naturelles, que nous connaissons déjà aujourd’hui, s’intensifieront. “Ces phénomènes pourraient être amenés à se reproduire de manière plus courante et de façon plus intense”, souligne le climatologue toulousain. Certaines régions du monde connaîtront ainsi des changements importants concernant les saisons, ou encore les intempéries. D’ici une cinquantaine d’années à Toulouse, les températures devraient augmenter entre 1,3 et 2,7°C. Ces augmentations de températures seront dues à l’intensité des émissions de gaz à effet de serre. “Toulouse a été concernée par les douces températures, et elle le sera dans temps”, conclut-il. 

Mathis Fessard, Maeva Curutchet, Lucas Laberenne


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