Sébastien Beltran, dans le monde du paranormal

Employé d’hôpital à Nîmes le jour, Sébastien Beltran se transforme la nuit en un enquêteur pas comme les autres. Il mène des investigations sur le paranormal. Avec une centaine de missions de l’étrange à son palmarès, son activité n’est pas de tout repos.

Employé d’hôpital à Nîmes le jour, Sébastien Beltran se transforme la nuit en un enquêteur pas comme les autres. Il mène des investigations sur le paranormal. Avec une centaine de missions de l’étrange à son palmarès, son activité n’est pas de tout repos.

Sweat gris, sacoche, l’homme est assis tranquillement sur une ruine d’un ancien lavoir à main à Margueritte, près de Nîmes. La pleine lune est en train de s’installer dans le ciel, un cadre parfait de rendez-vous pour Sébastien Beltran. C’est au collège qu’il a eu le déclic du paranormal. « C’était en sortie scolaire dans le Gévaudan. Dans le mas dans lequel j’étais, il y avait des entités, des présences qui ne devait pas se trouver à cet endroit. J’ai fait pas mal de recherches à ce sujet et je me suis pris de passion pour le paranormal. » 

Mais pour ce quarantenaire, il ne faut surtout pas dire qu’il court après les esprits, « surtout pas chasseur de fantômes » indique-t-il exaspéré. « C’est du Ghostbuster. Je ne capture pas, j’enquête. » Il a sa propre définition du mot paranormal, « ce n’est pas comme dans les films qui passent à la télévision, c’est subtil et parfois violent ». Il assure qu’il ne faut pas prendre les films d’horreur comme une vérité.

Sébastien raconte son expérience la plus troublante, « c’était dans une maison. Quand un pot de condiments s’est envolé et s’est écrasé contre un mur », raconte Sébastien, encore surpris, lui qui explique ce genre de phénomène par la science, n’a toujours pas su trouver de réponse à ce qu’il s’est passé. Pour lui, quelqu’un de passionné de paranormal, n’a rien de différent que quelqu’un passionné de foot ou de chant. Il y a juste un blocage de cette dernière à en parler : « quand il s’agit de paranormal, les gens préfèrent l’ignorer. Ils ont peur de passer pour des fous. Vous allez dans des pays anglo-saxons, germaniques, c’est accepté. Ici, nous sommes plutôt dans le jugement. Je ne me sens pas original, je m’intéresse juste à la chose. » Quant à son entourage, Sébastien indique que sa famille accepte sa passion.

Face à l’étrange

Un peu plus tard, Stéphane Mélia, en veste noire et jean, rejoint Sébastien. Il le connaît très bien. Tous les deux ont créé l’ARPI, une association d’enquêteurs de l’étrange. Quand ils vont explorer des lieux, ils sont toujours ensemble. « Je le connais, il me connaît. J’ai confiance en lui et c’est réciproque », explique Stéphane. Il regarde passer les derniers coureurs s’effaçant dans la nuit et s’exclame : « Seb, un bon enquêteur ? Non il est nul » puis éclate de rire, « Non, il est plus empathique, quand il y a une bonne présence, d’une entité par exemple,  il va le ressentir alors que moi moins c’est l’inverse. On se complète. » Stéphane est un enquêteur plutôt direct avec les entités alors que Sébastien, prend plus de temps avec eux.

Avec son ami, Sébastien va dans des endroits dits « hantés » ou chez des particuliers qui pensent vivre des phénomènes paranormaux. Quant à la qualité du service proposé, on peut quand même s’interroger. Mais pour Marie-Hélène Melia, une femme qui a déjà eu recours à ses services, le travail est sérieux. « Il est courageux, sincère et digne de confiance », confie-t-elle.  Elle pensait que sa maison était hantée mais grâce à la science, Sébastien a su contredire cette hypothèse. Résultat ? Seulement de petits animaux dans les murs.

Le matériel des enquêteurs du paranormal. / Crédit : Bary Isaac

Quand il part, c’est pour toute la nuit. Avant d’aller en mission, pas de rituel, juste de la protection mentale. C’est de la méditation qui vise à établir une coque psychique afin de rester concentré sur la mission. Quand cet homme de nature calme est en mission, il se transforme. Il est excité, c’est ça qu’il aime. « Le meilleur moment, c’est l’enquête car quand il se passe quelque chose, l’adrénaline monte. » 

Dans sa vie de tous les jours, ses réflexes d’enquêteur ne sont jamais très loin, « J’écoute les lieux dans lesquels je vais. Ecouter s’il n’y a pas de bruit bizarre, de vibrations… C’est le corps qui nous parle. Il faut l’écouter, c’est le meilleur outil qui existe. » Selon lui, en France la bioénergie du corps humain, une méthode psychocorporelle, est mal acceptée.

Enquêter pour expliquer

Sébastien Beltran n’a pas fait d’école. Il a appris sur le tas grâce à ses expériences. Pour lui, le travail d’enquêteur est très sérieux, « j’ai étudié pas mal de livres expliquant scientifiquement, les signaux que je peux rencontrer durant mes missions ». En plus de ses connaissances, il se doit de faire des recherches sur l’historique du lieu. « Le plus important c’est d’avoir une réponse intelligente à ce qui est en train de se passer. » L’enquêteur voit d’un mauvais œil les charlatans qui font des enquêtes pour le buzz. « Je pense qu’ils courent après les likes ou vues sur YouTube. C’est pour amuser la galerie. », s’exaspère-t-il. Quant à ceux qui dénigrent sa passion, il en fait abstraction. « Chacun pense ce qu’il veut. Nous sommes assez ouverts pour les accepter, si eux ne le sont pas, c’est dommage pour eux. », avant de s’interrompre. La pleine lune éclaire son visage, l’ambiance est glaciale, mais l’homme serein. « Il faut être curieux de tout dans la vie, l’ouverture d’esprit ce n’est pas une fracture du crâne. »

Comme une atmosphère paranormale. ©BaryIsaac
Comme une atmosphère paranormale. / Crédit : Bary Isaac

L’enquêteur espère qu’après le couvre-feu il pourra retourner sur le terrain, ça le démange. L’entretien terminé, il prend une dernière bouffée de cigarette et s’enfonce dans la nuit, laissant derrière lui, une traînée de vapeur fantomatique.

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