La crise sanitaire touche de plein fouet le monde, alors que les campagnes de vaccinations ne cessent d’augmenter. À l’École vétérinaire d’Alfort, un groupe de trois personnes a éduqué les premiers chiens au monde capables de détecter des cas de Covid-19.
À l’origine de ce projet « Nosaïs« , il y a trois personnes. D’abord Dominique Grandjean, directeur de l’Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport à l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Puis Capucine Gallet, une éthologue qui forme les chiens. Enfin il y a Clothilde Julien, chargée de la communication. L’idée était simple : utiliser des chiens pour détecter des maladies, notamment les cancers.
Au micro de France Culture, le professeur Grandjean explique en détail ce projet, « Nosaïs est une idée qu’on a en tête depuis vingt ans, pour être francs et qu’on a concrétisée il y maintenant deux ans et demi, dans une collaboration avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban, et le professeur Sarkis qui est un ami. On a démarré sur les cancers des colons, avec des résultats qui sont fabuleux. On les a présentés dans des conférences, mais on n’ose pas encore les publier parce qu’on a 100% de réussite».
#JournéeMondialeDuChien : la spécialité #Cynotechnique du #Sdis77 à l'honneur 🧑🚒🐕 5 binômes conducteur + chien qui interviennent pour des recherches de personnes ensevelies ou égarées mais aussi pour des dépistages #COVID19 dans le cadre du programme #Nosais 🐾 pic.twitter.com/DrevcBA6Kb
— Sapeurs-Pompiers 77 (@Sdis77) August 26, 2020
Un projet développé suite à la pandémie
Au départ l’idée de ce groupe de trois personnes est développé pour détecter les cancers. Lors d’une étude effectuée après l’entraînement des chiens, sur 150 patients, les 18 cas de cancers ont été détectés avec succès par la brigade canine. Mais le projet a été stoppé par la pandémie mondiale et la crise sanitaire liée au Covid-19.
Au lieu d’étendre l’expertise à des maladies comme Parkinson ou d’autres cancers, l’équipe du Professeur Grandjean a décidé de se pencher sur le coronavirus. Et depuis désormais presque un an, ils forment ensemble un groupe de chiens capable de détecter le SARS-CoV-2.
Une méthode pour remplacer les tests PCR ?
Pour détecter le virus, l’équipe de l’École de vétérinaire d’Alfort a appris aux animaux à glisser leur museau dans des cônes où se trouve une compresse imbibée de sueur. Certains porteurs du Covid-19 et d’autres non-contaminés par le virus. Une formation d’environ 6-7 semaines pour cette brigade canine avec leurs maîtres, où ils ont appris à « marquer » les cônes avec l’odeur de la maladie. C’est-à-dire faire un signe à son maître lorsqu’ils reconnaissent le virus.
#Expérimentation ☝️🤓#Gironde : Découvrez Eliot 🐶 berger belge malinois, de l’équipe cyno. du #PSIG Périgueux. Il s'entraîne à repérer des traces de #COVID 🦠🐽 dans la sueur humaine 😲
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) February 8, 2021
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Le taux de réussite est assez exceptionnel, puisqu’il atteint environ 95 %, comme le montre l’article publié dans la revue PLOS. Dans ce journal scientifique et médical, on peut également lire que 6 chiens sur les 14, ayant subi l’entraînement, ont été jugés capables d’être utilisés pour cette nouvelle méthode de détection du virus.
La méthode a tout de même des points négatifs
Le point négatif vient notamment du fait que l’équipe de Dominique Grandjean s’est heurtée à des obstacles administratifs, la Haute Autorité de Santé ne veut pas juger un chien comme un dispositif médical.
PUBLICATION – Nouvel article de l'équipe Nosaïs-Covid19 de l'EnvA, sur la capacité des chiens à détecter le virus de la Covid-19 . Cette étude visait à évaluer la sensibilité de 21 chiens aux Emirats Arabes Unis (EAU).
— Ecole nationale vétérinaire d'Alfort (EnvA) (@Env_Alfort) January 30, 2021
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L’équipe du projet a également mené une estimation du prix d’un « test chien« , qui coûterait seulement 1 euro par personne. 75 fois moins cher que le prix d’un test PCR aujourd’hui. Alors malgré tout, le professeur Grandjean admet : « Il n’est pas question de remplacer les tests PCR par des chiens».
En revanche, les résultats ont amené l’OMS et de nombreux pays à s’intéresser au projet. Les premiers à avoir bénéficié du dispositif, sont des chiens de sapeurs-pompiers en Corse du Sud, dans l’Yvelines, l’Oise, la Seine-et-Marne, la Gironde et la Dordogne. Mais aussi aux quatre coins du monde, notamment au Liban, aux Émirats Arabes Unis et en Australie.