Procès de la mendicité forcée : Jusqu’à 10 ans d’emprisonnement requis

Les prévenus encourent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement. Crédit : Thomas Naudi
Ils sont dix-sept prévenus, trente-trois victimes. Les premiers sont accusés d’avoir exploité les seconds. De les avoir forcés à mendier, d’avoir récolté les butins durant plusieurs années. Ils sont dix-sept et, ce matin, la procureur de la république a requis jusqu’à dix ans d’emprisonnement à leur encontre.

Ils sont dix-sept prévenus, trente-trois victimes. Les premiers sont accusés d’avoir exploité les seconds. De les avoir forcés à mendier, d’avoir récolté les butins durant plusieurs années. Ils sont dix-sept et, ce matin, la procureur de la république a requis jusqu’à dix ans d’emprisonnement à leur encontre. 

Gyrophares bleus scintillants dans l’aube toulousaine, ils sont arrivés un peu plus tôt dans un mini bus de l’administration pénitentiaire. Les dix-sept prévenus font leur entrée dans les deux immenses box. Après cinq jours de débats, ils nient presque tous les faits. Et ce, malgré les éléments du dossier et les dires de victimes aujourd’hui « édentées, handicapées et méconnaissables » a rappelé la procureur de la république, Hélène Gerhards, durant ses réquisitions.

Pendant presque deux heures, la représentante des intérêts de la société a livré un intense réquisitoire rappelant la misère humaine qui transpire du dossier. « Quand j’ai préparé ce dossier, j’ai lu les côtes. Face à l’absence d’humanité j’ai eu besoin de comprendre. Je dois comprendre ces dix-sept hommes et femmes prévenus. Lorsque de l’autre côté de la barre on vous plaidera la précarité, ne vous méprenez pas. Eux, (elle pointe du doigt les prévenus) ils ne vivaient pas dans la précarité en Bulgarie. Vous avez vu leurs maisons« . 

Des photos de ces maisons ont été projetées durant les débats. Mais aussi « des voyages, des téléphones portables, une bonne santé, les pieds dans l’eau en Andorre. Des billets en pagaille, des voitures, des colliers, des bagues, des repas gargantuesques. Et 211 000 euros de dépôts sur des comptes bancaires. Et ça, c’est sans compter les espèces rapportées au pays« . La procureur reprend son souffle, se tourne en direction des prévenus : « Arrêtez de vous comparer aux victimes, arrêtez de vous apitoyer« .

« Ils disent qu’ils les attachaient avec des chaînes »

Famille par famille, prévenu après prévenu, Hélène Gerhards fait état des faits reprochés à ces dix-sept hommes et femmes à qui, grâce à des casques audio, les débats sont traduits en temps réel. « Ils donnent aux victimes les horaires, échangent des pièces en billet. Et puis, vous avez les violences sur des mendiants révélées grâce aux écoutes téléphoniques, ils disent qu’ils les attachaient avec des chaines. Et puis, vous avez ce cahier de comptabilité». 

Sur ce cahier, étaient consignées chaque jour les sommes récoltées par les mendiants. Un couple de prévenus dit que c’est leur fille, neuf ans tout juste, qui s’amusait à écrire dans ce cahier. Qu’ils n’ont rien à voir avec ça.  « De qui se moque-t-on ? » Répond la procureur avant de s’adresser au tribunal. « S’agissant de la peine à vous proposer, j’ai pris en compte l’absence totale d’empathie« . Concernant le seul prévenu qui comparait libre, elle requiert un an d’emprisonnement aménageable.

Quant aux autres, installés de parts et d’autres des deux box construits de bois, Hélène Gerhards relève « leur déni » à l’audience et leur « absence totale d’empathie, mis à part envers eux-mêmes« . Face à la culpabilité de tous, le ministère public n’a aucun doute. La procureur requiert une à une des peines allant de 3 à 10 ans d’emprisonnement à l’encontre des seize prévenus présents dans les box. 

Lorsqu’elle termine son réquisitoire, les mots d’Hélène Gerhards résonnent dans la salle. « Gardez à l’esprit ces trente-trois victimes handicapées, édentées, écrasées même, pour l’une dans le cadre d’un accident« . La procureur se rassoit, replace son masque. L’audience est suspendue.

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