Club de foot au temps du covid : l’adaptabilité coûte que coûte

le club de l'US Albi a dû s'adapter à la crise sanitaire. Crédit: Océane Arasse
L’épidémie de coronavirus a fortement impacté le monde du sport et en particulier le football. Techniques d’entraînement, gestion des équipes et des joueurs, tout a dû être repensé. Alors comment les clubs de foot s’adaptent à cette situation ? Le club de l’US Albi ouvre ses portes pour apporter des réponses.

L’épidémie de coronavirus a fortement impacté le monde du sport et en particulier le football. Techniques d’entraînement, gestion des équipes et des joueurs, tout a dû être repensé. Alors comment les clubs de foot s’adaptent à cette situation ? Le club de l’US Albi ouvre ses portes pour apporter des réponses.

La pluie ne cesse de tomber sur le terrain. Mais cela n’empêche pas les joueurs de football de l’équipe sénior de l’US Albi d’être présents. Après des tours de terrain pour s’échauffer, place aux échelles de vitesses. En file indienne, les joueurs enchaînent les passages le plus rapidement possible tout en respectant les instructions du coach. C’est le foot nouvelle génération spécial période covid. En raison de l’épidémie, les oppositions entre joueurs sont interdites. Il a donc fallu se réinventer, « on ne peut plus ni s’affronter, ni se toucher donc on est essentiellement sur du travail athlétique, de coordination motrice et technique » explique David Welferinger, manager du club de l’US Albi. Mais cette contrainte a été transformée en atout. Cette nouvelle formule permet en effet de renforcer les bases, un travail moins réalisé l’épidémie puisqu’il fallait également se concentrer sur le jeu en vue des matchs. Pour cela un seul mot d’ordre, l’adaptabilité, « on s’adapte et on essaye de proposer des entraînements qui sont cohérents pour continuer à faire progresser les joueurs », répond le coach, Xavier Feucht, en pleine séance d’entraînement.

Repenser le travail en équipe

La gestion des équipes a elle aussi du être revue. Les échanges entre le staff, les éducateurs ou entraîneurs et le manager sont forcément chamboulés. Les réunions sont ainsi devenues dématérialisées le plus souvent, avec certaines en présentiel par groupe de six comme cela a été le cas à deux reprises en décembre. Il est nécessaire d’y évoquer le projet, les problèmes que peuvent rencontrer les éducateurs et également la vérification des outils techniques. Une logistique qui a une nouvelle fois dû se réadapter avec l’annonce du couvre-feu. Les entraînements ont ainsi été déplacés au week-end. Et autant dire que trouver plusieurs créneaux horaires pour chaque équipe sur à peine deux jours n’est pas une mince affaire. Surtout que le matériel doit être désinfecté entre chaque séance. L’absence de vestiaires est aussi forcément problématique. Les échanges entre le manager et les dix-neuf éducateurs doivent donc être permanents, « J’envoie 2 ou 3 messages chaque semaine aux éducateurs pour que tout le monde ait bien intégré les modifications de créneaux, les évolutions et s’il y a de nouvelles consignes, réadapter en permanence », décrit le manager.

Des difficultés que connaissent l’ensemble des clubs amateurs, ils sont même « complètement oubliés » pour Jonathan, jouer en équipe sénior et entraîneur des U17. Le manque d’information et de visibilité est très compliqué à gérer. Et d’un point de vue financier les partenaires que sont les entreprises et les collectivités locales sont eux-mêmes en difficulté. Le constat est donc vite réalisé par David, « si on arrive à maintenir le budget, la motivation, l’implication des éducateurs et si on arrive à maintenir le nombre de licenciés, ce sera pas mal ».

Mobiliser les joueurs

L’équipe sénior de l’US Albi. Crédit: David Welferin

Il est également primordial de maintenir le lien avec les joueurs pour lesquels deux problématiques se posent. La première est l’absence de compétition. Il n’y a plus de classement, plus de matchs le week-end. Pour un jeu assimilé à la dualité, le manque de rencontre est forcément un coup dur, « Il n’y a rien de pire » pour David. A cela s’ajoute les changements d’horaires qui ne conviennent plus forcément aux footballeurs. Certains étudiants profitent en effet du week-end pour travailler et ne peuvent donc se permettre d’assister à deux voire trois entraînements pour les équipes sénior. Il y a donc eu une baisse de fréquentation de 50 % par rapport à l’époque pré-covid. Un chiffre qui peut paraître important mais qui est bien moindre comparé à d’autres clubs d’après le manager. Des séances d’entraînements individuelles ont donc été mises en place pour certains joueurs. Un programme hebdomadaire que les footballeurs doivent effectuer seuls chez eux a également été créé. Mais l’objectif est bien de faire venir le maximum de personnes le week-end, «L’idée c’est qu’on leur tende la main sur les difficultés mais aussi qu’on les mobilise et qu’on les motive à essayer de venir sur d’autres créneaux comme le dimanche ». Un engagement de la part des joueurs primordial pour faire vivre le club.

Le plaisir de jouer comme leitmotiv

C’est d’ailleurs une des valeurs du club tout comme la citoyenneté, le respect et le plaisir. Le plaisir retrouvé de pouvoir fouler les pelouses et d’entraîner une équipe après plusieurs mois d’arrêt total. Une joie de jouer et d’entraîner. Jonathan Lacourt, lui, profite de ces deux sensations. Plus jeune, il a évolué de ses neuf à quatorze ans à l’US Albi avant d’intégrer pour un an le pôle de Castelmaurou. Puis direction le centre de formation du RC Lens. Il y signera son premier contrat pro et connaîtra une carrière de joueur professionnel en Ligue 1 tout d’abord dans des clubs comme Lens et Valencienne. Après une importante blessure, il ne retrouvera pas l’entièreté de ses capacités et évoluera toujours en pro mais en Ligue 2 ou National. Il est depuis cette année entraîneur des U17 et joueur dans l’équipe sénior de l’US Albi. Une fois la partie de séance avec les échelles terminée et avant d’embrayer sur un nouvel exercice, il se confie sur le plaisir de rejouer, «les joueurs peuvent se retrouver, être sur le terrain, taper dans un ballon, même si on a pas le droit au contact ou de faire du jeu, déjà, de se retrouver sur un terrain de foot avec tout ce qui se passe c’est très important ». Une passion qui ne s’altère donc pas malgré des habitudes d’entraînement bouleversées.

Même s’il est très compliqué voire impossible de se projeter dans l’avenir au vu des conditions actuelles, le club profite au jour le jour du plaisir de jouer. Et si de nouveaux changements venaient à se produire, l’adaptabilité sera une nouvelle fois la compétence indispensable.

Auteur / autrice

Vos dernières actualités