Nuisances aériennes à Toulouse : les candidats aux Municipales interrogés

En cette période électorale, le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT) tente d’attirer l’attention des candidats à la mairie de Toulouse.

C’est l’une des nombreuses problématiques environnementales de ces élections municipales 2020. Les nuisances aériennes dérangent toujours les riverains de l’agglomération toulousaine. Dans la Ville rose, Chantal Beer-Demander mène la résistance depuis 25 ans. Mais qui est-elle ?

« 300 avions par jour »

Installée dans son domicile situé à deux pas de la station de métro Fontaine-Lestang, l’enseignante retraitée explique ce qu’elle vit au quotidien. « Les pics de circulation aérienne sont entre 6 et 9 heures, le matin et 17 et 23 heures, le soir. En plus de cela, il faut ajouter le trafic d’Airbus qui utilise des pistes de l’aéroport Toulouse-Blagnac pour faire des essais. Grosso modo, cela fait 300 avions par jour. »

Chantal Beer-Demander préside le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT).

Elle renchérit en expliquant qu’à certaines heures, un avion peut traverser la zone « toutes les deux minutes trente ». Nous avons fait l’expérience dans sa rue. Entre 11 h 00 et 11 h 45, quatre avions ont bruyamment parcouru le ciel, brisant ainsi la tranquillité du quartier.

Un questionnaire envoyé aux candidats à la mairie

Dans l’agglomération toulousaine, Chantal Beer-Demander estime à 100 000, le nombre d’habitants concernés par cette pollution sonore et atmosphérique. « Depuis un peu plus d’un an, on a tout fait pour que les enjeux sanitaires liés aux transports aériens fassent partie de la campagne des Municipales », raconte la présidente du Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine et de l’Union Française contre les Nuisances des Aéronefs. Pour l’élection qui aura lieu en mars prochain, celle qui milite également contre la privatisation de l’aéroport Toulouse-Blagnac veut interpeller les candidats toulousains sur le sujet.

Pour cela, le collectif compte frapper fort. Un questionnaire de onze questions sera envoyé aux têtes de liste. Voici le document.

Le questionnaire du CCNAAT adressé aux candidats à la mairie de Toulouse. (Crédit : Le 24 heures)

En ce qui concerne le financement d’un système de capteurs de bruit indépendant du gestionnaire de l’aéroport (question n°3), le CCNAAT a sa préférence. « La région et le département viennent de s’engager à doter les collectivités d’un outil performant et indépendant. Nous souhaitons que ce soit Bruitparif, le système en place sur tous les aéroports franciliens », indique la Toulousaine.

Sur l’hypothèse d’une plateforme aéroportuaire incluant des vols transcontinentaux (question n°6), Chantal Beer-Demander est catégorique. « Si un candidat vient nous dire qu’il est pour la création d’un hub, eh bien, écoutez, ce serait dommage car nous ne sommes pas pour… »

Pierre Cohen en faveur d’un couvre-feu

Avec son questionnaire, la bénévole ne se fait pas d’illusions. Certains candidats risquent de ne pas donner suite. « On verra bien. Si on nous répond, on publiera le questionnaire. À l’inverse, si on ne nous répond pas, on le dira. »

Mais à moins de deux mois du premier tour des Municipales, plusieurs têtes de liste commencent a donner leur avis sur la question. C’est notamment le cas de Pierre Cohen. Son équipe de campagne nous l’a confirmé : l’ancien édile toulousain [de 2008 à 2014, NDLR] prône la mise en place d’un couvre-feu à l’aéroport Toulouse-Blagnac.

Le couvre-feu, c’est l’une des solutions espérées par la présidente du CCNAAT. « En France, les aéroports de Nantes et d’Orly sont également proches de la ville. Toutefois, un couvre-feu est mis en place sur ces sites. À Toulouse, on ne l’a toujours pas. On comprendrait qu’il y ait des dérogations exceptionnelles pour des raisons sanitaires ou un transport d’Airbus extraordinaire. En revanche, Amazon n’est pas obligé de vous livrer vos joints de culasse à 5 heures du matin… », ironise-t-elle.

Nadia Pellefigue veut réduire les vols nocturnes

Toujours à gauche de l’échiquier politique, Nadia Pellefigue souhaite instaurer un processus avec « des objectifs chiffrés et mesurables de manière indépendante ». Elle se différencie de Pierre Cohen en ne parlant pas textuellement de couvre-feu. La vice-présidente de la région Occitanie précise qu’elle désire mettre en place « une réduction des vols de nuit pour atteindre l’objectif de 1 000 vols d’ici 2021. » Pour réussir cela, la fondatrice de la liste Une Nouvelle Énergie pour Toulouse souhaite une meilleure gestion du transport de marchandises ainsi qu’une réduction des vols, dès 22 heures. Enfin, si elle est élue, elle fera un bilan annuel avec toutes les parties prenantes (riverains, élus et entreprises). « Si les progrès demeurent insuffisants pour la qualité de vie des riverains, de nouvelles restrictions pour l’aéroport seront mises en place, de manière concertée. »

Autre point au cœur des débats : la taxe sur les nuisances sonores et aériennes (TNSA, question n°10). Cette dernière, fondée sur le principe du « pollueur-payeur », oblige les compagnies aériennes à payer pour les dommages créés sur la santé des gens. L’argent récolté sert ensuite à insonoriser les logements et les établissements accueillant du public. Pour Chantal Beer-Demander, ce qui a été réalisé jusque-là n’est pas suffisant. « On a fait que la moitié des habitations et on a à peine commencé pour les établissements recevant du public. On demande donc une TNSA plus forte sur chaque billet d’avion. Actuellement, elle ne s’élève qu’à 50 centimes par passager. Si son coût passe d’un à deux euros, nous pourrions financer rapidement l’aide à l’insonorisation. »

Sur ce point, Nadia Pellefigue a répondu favorablement à l’idée d’augmenter le montant de la taxe.

Ils vont bientôt dévoiler leurs propositions…

Parmi les autres candidats contactés, l’équipe de campagne du maire sortant, Jean-Luc Moudenc, annonce que les questions sur les nuisances pourront être abordées lors d’une prochaine conférence de presse. Elle est prévue lundi 3 février 2020, à 14 h 30, dans un lieu qui n’a pas encore été décidé.

Idem pour la liste Archipel Citoyen, menée par Antoine Maurice. Une conférence de presse est prévue mardi 21 janvier, à 10 heures, au local de campagne du mouvement, situé au 17 boulevard Delacourtie à Toulouse. Les préconisations environnementales et sanitaires seront au centre des discussions.

Également contacté par la rédaction du 24 heures pour connaître la position de son candidat toulousain, Quentin Lamotte, le Rassemblement National 31 n’a pas répondu à nos appels.

Après le scrutin municipal, le Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine sera vigilant aux actions du futur édile. Sa présidente prévient : « Cela fait 25 ans que je lutte contre les nuisances aériennes. Les promesses ne sont pas toujours tenues, mais le CCNAAT est là pour rappeler aux candidats élus qu’ils doivent tenir leurs promesses. S’ils ne les tiennent pas, on le dira. »

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