La Coupe du Monde de Freeski comme coup de projecteur

Depuis hier, ça y est, la coupe du monde de ski freestyle est lancée sur la station de Font-Romeu Pyrénées 2000. Basée sur le secteur de La Calme, on peut y voir plusieurs athlètes dévaler la piste de slopestyle en enchaînant des figures acrobatiques impressionnantes devant des dizaines et des dizaines de caméras et de journalistes. Mais faire venir tout ce beau monde a un coût… Alors pour quelle raison organiser un tel évènement ? On vous fait le topo. 

Une coupe du monde ce n’est pas une simple compétition lambda… Cela demande des mois de préparation, une bonne équipe de personnel qualifié, des démarchages auprès des médias mais aussi des marques, faire venir, loger et nourrir une centaine de concurrents et privatiser un snowpark… bref, c’est de l’investissement. 

Une Image qu’il faut revaloriser

Nous avons rencontré, pour l’occasion de cette 4e année de Coupe du Monde sur la station, Pierre Dechonne, directeur du ski club de Font-Romeu et organisateur de l’événement, le maire de Font-Romeu, Jean Louis Demelin, et le directeur de l’Office du tourisme de Font-Romeu, Christian Sarran. Et tous les trois s’accordent sur la même chose : il faut re-dynamiser la station.

Pour Jean-Louis Demelin, le maire, c’est avant tout de «  démontrer que Font-Romeu Pyrénées 2000 n’est pas qu’une station uniquement pour les enfants ». Chaque année, ce sont plusieurs familles qui viennent passer leurs vacances d’hiver au ski. « Cela a plusieurs bons côtés » renchérit le maire, « mais on a des difficultés à cibler de nouvelles clientèles, un nouveau public. »  C’est pour cette raison qu’ils se sont lancés dans la réalisation d’un beau snowpark. Un snowpark tellement qualitatif qu’il fait aujourd’hui parti des meilleurs parks de France, et est devenu une « référence européenne ». Tant et si bien qu’aujourd’hui, il accueille la 4e édition de la coupe du monde de slopestyle. Pour l’organiser, c’est un montant de 170 000 euros qui est mis sur la table. La collectivité y a mis 5%, la Région 15%, Altiservice 30%, Le club 30% et les différents partenaires 20%. Autant dire que c’est beaucoup d’investissement. 

Mais pourquoi investir dans un snowpark ? Pour Monsieur le maire, la réponse est assez simple : « On voit aujourd’hui qu’il y a des gens qui ne viennent à Font Romeu que pour le snowpark. On est en manque d’image vis à vis des jeunes : il leur faut des pistes longues et noires… ce que l’on a pas. Mais il y a des personnes qui ne demandent que du park. Et nous on arrive à se démarquer des autres stations grâce à cela. Font-Romeu est sûrement une des plus petites stations de France avec un des plus gros chiffres d’affaires par rapport au kilométrage de piste. Ce n’est pas parce que l’on a cette image du ski familial que l’on est une station de ski débutante ».

Aucune retombée économique pure

« Mais il ne faut pas se voiler la face, au niveau des recettes générées on y gagne presque rien sur cette coupe du monde » explique le directeur de l’Office du tourisme, Christian Sarran. « Ce ne sont qu’environ 300 personnes qui viennent regarder. C’est un public local, personne ne fait 800 kilomètres pour voir ce spectacle. A contrario, nous avons un trail qui s’organise la semaine prochaine, où là, on a plusieurs centaines de participants qui viennent sur Font-Romeu accompagnés et qui font marcher les commerces. En fait, il faut faire la différence entre un évènement qui va être médiatique ou un évènement qui va être économique… le mieux c’est quand il y a les deux. Mais dans notre cas, ce n’est que le médiatique qui est visé. Et cela permet de rafraîchir l’image de la station. Pour résumer : C’est un gros coup de pub. »

Pierre Dechonne, directeur du club de Font-Romeu et organisateur de l’événement soutien cette idée là : « L’intérêt que l’on voit, c’est de réaliser une opération promotionnelle conséquente. Il est peu possible pour Font-Romeu aujourd’hui d’exister hors de l’Occitanie ou des frontières françaises, c’était le cas il y a 50 ans, aujourd’hui non.  Par contre si on est en live sur des chaînes reconnues,  si l’on a de la couverture média,  si on a des athlètes qui ont des milliers de followers , qui sont présents et qui postent… ça veut dire que nous, notre nom de destination il est affiché clairement à l’internationale. » 

Et en effet, les résultats sont là. « On a pu noter que les 2/3 du retour de la promotion est assumée par les événements internationaux qui sont organisés » explique Pierre Dechonne. « Puis on a de plus en plus de demandes d’adhésion à la section freestyle du club, ce qui est en parfaite adéquation avec le pôle freestyle du lycée de Font-Romeu ». 

Donc pour résumer, la station cherche à tout jouer sur sa spécificité afin de dépoussiérer cette image que l’on a du ski et des stations pyrénéennes : c’est à dire quelque chose de vieux et de démodé. « Est-ce qu’un jour on pourra briller comme Val-d’Isère grâce a une coupe du monde de ski alpin ? Non, on a pas de dénivelé. Est-ce que l’on pourrait briller par le biathlon ? On a pas de stade, donc on ne peut pas encore » continue Pierre Dechonne. « Sur quoi on est capable de se singulariser pour prendre une petite part de marché… Eh bien c’est le freestyle. Et je pense qu’aujourd’hui c’est une vraie carte à jouer. »

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