Carlos Ghosn : « Ils m’ont mis à genoux »

Crédit : Adam Tinworth

Mercredi après-midi, Carlos Ghosn tenait une conférence de presse à Beyrouth au Liban. Pendant 2h30, l’ancien PDG de Nissan et Renault s’est exprimé en anglais et a établi “sa vérité” avant de répondu aux questions posées par les journalistes en anglais, français, portugais et arabe.

Il tenait à « laver son honneur ». Carlos Ghosn débute cette conférence en expliquant que c’est une journée très importante pour lui, car il va enfin pouvoir rétablir sa vérité. L’homme d’affaire déclare que son arrestation est montée de toute pièce, que les conditions de son incarcération étaient très difficiles. Pour lui, fuir le Japon était une nécessité pour trouver justice. Mais pas un mot sur son évasion…

« Je ne suis pas venu vous dire comment j’ai quitté le Japon, mais pourquoi« 

Carlos Ghosn dit avoir été « persécuté » au Japon. « J’ai quitté le Japon même si des gens me suivaient. J’ai pris le risque de fuir pour la justice.
« Je suis très vite parvenu à la conclusion que j’allais mourir au Japon ou qu’il fallait que je parte« . Il explique avoir eu des conditions de détention difficiles où il était enfermé dans une petite cellule sans fenêtre et ne pouvait se laver que deux fois par semaine. « Je n’avais aucun contact avec ma famille pendant six jours.« 

« J’étais séparé de ma femme pendant 9 mois. »

L’ancien PDG de Renault a évoqué « l’acharnement du gouvernement japonais » sur sa femme. « J’ai pu voir mes enfants et ma sœur, mais pourquoi je n’ai pas pu voir ma femme ? » Il explique que Carole Ghosn voulait quitter le pays par peur. « Ils ont été menaçants envers elle et aujourd’hui, ils émettent un mandat d’arrêt 9 mois après ses déclarations. C’est incompréhensible. »

« J’aime le Japon »

Malgré sa fuite, Carlos Ghosn aime le Japon et ajoute que là-bas, c’est un homme respecté. « Les japonais me saluaient, ils étaient désolés de ce qu’il m’arrivait. Ils ne croient pas que je suis un méchant. » « Mes enfants ont été élevés au Japon. J’aime ce pays, alors pourquoi suis-je traité comme cela ? Ma réputation a été terni.« 

« Je suis venu au Liban pour m’exprimer librement« 

L’homme d’affaire déclare qu’il a choisi le Liban, mais qu’il aurait très bien pu choisir la France ou le Brésil. « Je suis venu au Liban et je n’ai pas peur de la justice, ici je peux téléphoner, m’exprimer librement et parler aux gens, alors qu’au Japon j’étais surveillé tous les jours.« 

« Je suis resté 17 ans à la tête de Nissan parce que j’avais une bonne performance.« 

L’ancien PDG dit avoir redressé Nissan. « Je souhaitais que les Japonais soient fiers de cette alliance entre Renault et Nissan. Mais pour certains d’entre eux, la seule façon de se débarrasser de Renault, était de se débarrasser de moi. Il y a eu un déclin de la performance de Nissan et une méfiance des Japonais. Voilà pourquoi je suis dans cette situation aujourd’hui » se défend Carlos Ghosn.

Il conclut en expliquant qu’arrêter quelqu’un sur l’interprétation d’une loi, alors qu’il n’y a pas de dommage pour l’entreprise, « ça ne se fait pas ». Jeudi, Carlos Ghosn sera entendu par le procureur général du Liban, à la demande du Japon. Il sera également questionné à propos d’une plainte déposée au Liban, en raison de la violation d’une loi libanaise.

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