Les entreprises d’Occitanie touchées par le Brexit

La nouvelle a fait comme l’effet d’une bombe en Europe et en Grande Bretagne. En mars 2017, la Première ministre Theresa May informe le Conseil européen du souhait du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne, lançant formellement la procédure de retrait. L’Occitanie compte beaucoup d’entreprises commerçants avec la Grande Bretagne. Une bonne partie se disent inquiets.

En 2018, 8000 entreprises d’Occitanie auraient commercé avec le Royaume-Uni selon Cybèle Plichart une journaliste de France tv info. Le montant global des transactions effectué en 2018 par ses entreprise est de 1,2 milliards d’euros. Tous les départements sont concernés, mais plus particulièrement la Haute-Garonne (61 % de ces transactions), l’Hérault (8 %) et le Gard (6 %). Les produits exportés sont issus de la construction aéronautique et spatiale (53%), des industrie agroalimentaires (11,9%) et la sylviculture, la pêche et l’aquaculture 6 ,8%.

Airbus le géant de l’aérospatial est inquiet. Selon le site Usine Nouvelle, l’industriel emploie au Royaume-Uni 14 000 salariés, via 25 sites, qui génèrent un chiffre d’affaires de 6 milliards de livres.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Ivb0X5p2wSg&w=560&h=315]

Lors d’une vidéo (voir ci-dessus) sortie le 24 janvier dernier, le patron d’Airbus Tom Enders évoque un possible transfert de certaines productions dans d’autres pays alors que celles-ci sont fabriquées en Angleterre. « En cas de Brexit sans accord, Airbus devra prendre des décisions très douloureuses pour le Royaume-Uni », prévient-il. Le groupe emploie plus de 14.000 salariés aux Royaume-Uni, répartis entre 25 sites, dont celui de Broughton, au Pays de Galles, où sont assemblées toutes les ailes de tous les avions commerciaux d’Airbus. Mais cette entreprise n’est pas pour autant dépendante du Royaume Uni, c’est ce que nous dit Tom Anders : « Nous ne sommes pas dépendants du Royaume-Uni pour notre avenir. Airbus survivra quoi qu’il arrive ». Le groupe européen basé à Blagnac, aimerait qu’un « Soft Brexit » soit voté si la Grande Bretagne venait à quitter l’Union Européenne. Le Royaume-Uni serait alors dans le marché unique. De plus, il est stipulé qu’un maintien d’une libre circulation des personnes aura lieu.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=h2IhNNSvA4U&w=560&h=315]

Les entreprises liées au tourisme seraient quant à elles moins impactées

Selon la Région Occitanie. En 2017, plus de 1 million de britanniques auraient visité notre région. Ces touristes représentaient 10 % des nuitées étrangères en Occitanie. Un chiffre en baisse de 3 % par rapport à 2016. La possible mise en place d’un visa pour voyager en France pourrait ainsi faire du tort à de hauts lieux touristiques comme Toulouse où il y a beaucoup des touristes britanniques. Une crainte évidemment partagée dans les villes particulièrement appréciées par la clientèle britannique.

Sandra Lampée-Baumgartner, Directrice Générale du Grand Hotel de l’Opéra à Toulouse/ photo : Bary Isaac

Le Grand Hôtel de l’Opéra se situe sur la place du Capitole à Toulouse. On y rentre par une petite porte qui mène sur une cour. A l’intérieur de ce bâtiment 4 étoiles tout est luisant, pas un grain de poussière n’est à déclarer.  Un mobilier bleu roi et deux lustres aux plafonds éclairent la pièce principale. Sur le sol de marbre, un haut escalier mène aux chambres avec vue imprenable sur le Capitole. Sandra Lampée-Baumgartner la Directrice Générale de l’établissement nous a accueilli chaleureusement. Les touristes britanniques représentent la première clientèle étrangère de l’hôtel. « Il est très difficile à ce jour de donner des chiffres exacts par rapport à la clientèle britanniques mais on a vu que celle-ci est en baisse depuis le début de l’année. » Pour elle, il n’y a pas que le Brexit qui en est en cause mais les gilets jaunes. L’hôtel compterait une baisse entre -5% et -10% de son chiffre d’affaires car la clientèle britanniques représentent la deuxième nationalité après les français. La Directrice Générale reste confiance quant à la question de l’abondance de touristes britanniques en Occitanie durant les prochaines années, « Je pense que si la Grande Bretagne sort de l’Europe les touristes britanniques continueront de venir en Occitanie. Car beaucoup d’Anglais ont une résidence secondaire dans la région, notamment dans le Gers, le Lot… »

La Péniche Kapadokya est une chambre d’hôte stationnée le long du Canal du midi. / photo : Bary Isaac

A contrario certains commerces touristiques ne semblent pas être affectés par ce phénomène. Le long d’une écluse est amarrée la péniche Kapadokya. Ce bâtiment de 30 mètres de long est l’une des plus grosses péniches du canal du midi. Stationnée dans un endroit calme situé à côté de l’écluse de la Méditerranée près du Mas-Saintes-Puelles, cette péniche rouge bordeaux offre un style moderne à l’intérieur. Ce navire est tenue par un charmant couple de français. Cette péniche fait chambres d’hôtes. Mado, la gérante de la chambre d’hôte ne se dit pas particulièrement touchée par le Brexit. « Notre chambre d’hôte n’est pas touché par le Brexit car nous avons peu de clientèle britannique » se confie-t-elle. Selon elle, il y aura toujours des touristes anglosaxons mais la sortie du Royaume-Uni aura un impact économique dès les premières années. Quant il s’agit de relations économiques entre le Royaume-Uni et l’Union Européennes, elle n’est pas confiante : « Non, nous ne pourrons pas rester en bon terme avec le Royaume Uni car nous allons être directement concurrents en matière économique. » Pour Sandra Lampée-Baumgartner, il n’y a pas de connotation politique dans l’hôtellerie. « L’hôtellerie n’a pas vraiment d’impact sur les relations économiques entre Londres et l’UE car les clients viendront de la même manière Brexit ou pas Brexit » déclare-t-elle en souriant. Certes le retrait de la Grande Bretagne va avoir un impact important et négatif sur l’économie de la zone Européenne mais d’autres nationalités viennent faire du tourisme en Europe.

En Occitanie, beaucoup d’entreprises sont inquiètes. Mais selon l’AFP la région prévoit de renforcer l’information et l’accompagnement des entreprises impactées Pour le moment la première ministre britannique Theresa May propose un report du Brexit le 30 juin.

Bary Isaac

Auteur / autrice

Vos dernières actualités