Colocation inter-générationnelle : une solution encore marginale

Maison intergénérationnelle, une autre façon de cohabiter entre plusieurs générations
L’association Mieux Ensemble de Toulouse s’est bâti autour de ce principe : faire le pont entre des demandes de jeunes et une proposition de séniors.

L’association Mieux Ensemble de Toulouse s’est bâtie autour de ce principe : faire le pont entre des demandes de jeunes et une proposition de seniors. 

Se loger est un casse-tête dans toutes les grandes villes, et Toulouse n’y échappe pas. 

Selon le recensement de l’INSEE de 2015, près de 16% de la population toulousaine est âgée de plus de 60 ans. Et les chiffres ne devraient pas diminuer dans les années à venir. Aussi, la métropole occitane est un hub pour les étudiants régionaux : ils représentent 32% en 2015 dans l’agglomération toulousaine.

Ghislaine Blanchard à droite de l'image, lors d'une réunion "inter-générationnelle" au sein de son association - © Mieux Ensemble
Ghislaine Blanchard à droite de l’image, lors d’une réunion « inter-générationnelle » au sein de son association – © Mieux Ensemble

Aussi, maintenant une alternative beaucoup plus économique existe. Celle de la colocation « inter-générationnelle ». Le principe : un senior et un étudiant, par exemple, qui cohabitent sous le même toit. Deux cas de figure : soit une « formule solidaire » où le logé donne un peu de son temps au senior qui l’accueille, soit une autre plus classique qui se rapproche davantage de la colocation classique.

Entretien avec Ghislaine Blanchard, coordinatrice de l’association toulousaine : « Mieux Ensemble ». L’association est soutenue par deux structures : le CRIJ de Toulouse ainsi que la Mijoteuse de Colomiers dans laquelle l’association est implantée.

Pourquoi se lancer dans un tel projet ? Faisait-il suite à un déclic ?

Ghislaine Blanchard : « J’ai fondé l’association dans le cadre d’une reconversion professionnelle en 2012. Mais dans tous les cas non ce n’était pas forcément un déclic, pour moi, c’était une cause qui m’attirait depuis longtemps. »

Les seniors ont encore des idées préconçues sur les jeunes

Qui peut tirer partie d’une colocation sénior/étudiant ?

G.B. : « En réalité, ce sont les deux personnes qui peuvent en tirer partie puisque toute deux vous y trouver des avantages à vivre ensemble. En effet, pour les jeunes cela répond à un problème pour se loger, et sur Toulouse ils ont parfois des difficultés. »

Êtes-vous beaucoup sollicitée ?

G.B : « Il faut savoir que pour les étudiants se sont eux qui viennent à notre rencontre et qui nous font des demandes d’hébergement chez les séniors. Le problème c’est que l’offre ne suit pas autant. Nous n’avons que 7 accueillants pour le moment sur la métropole. C’est peu. »

Pour Ghislaine Blanchard, le problème de logement est au coeur de la demande des étudiants – © Benoit Leroy

Comment l’expliquez vous ?

G.B. : « C’est surtout par idée préconçue je pense. Les séniors ont peur d’accueillir un(e) jeune qui ne sera pas sérieux(se) dans le futur. On a du mal à se développer aussi par rapport à cela, on est constamment en recherche et en prospection pour trouver de nouveaux accueillants : dans les caisses de retraites, les centres sociaux, mais ce n’est pas facile du tout »

Vous affichez plusieurs partenaires publics comme la Mairie et le Conseil Départemental, de quel ordre est cette aide ?

G.B. : « Aujourd’hui, dans le contexte que l’on connaît cette aide se limite simplement à de l’aide opérationnelle et plus à de l’aide financière. Il n’y a pas de budget pour. En revanche, on est extrêmement soutenu par nos partenaires et ils croient en notre mission. Mais c’est vrai que côté financier, le travail associatif est rude, on nous alloue une aide de seulement 1000€ par an pour l’association »

Un côté « rassurant »

Une chose est sûre et on l’aura bien remarqué pendant l’entretien, Ghislaine Blanchard ne semble pas compter son temps dans cette activité associative. 

Lorsque l’on interroge une senior qui a fait appel à l’association, Mme Abril, 74 ans, on perçoit ce que nous dit Ghislaine Blanchard : « moi ça me rassure la nuit de ne pas être seule » et en plus « Joséphine [la colocataire], est très sérieuse ». Plusieurs personnes aidées par l’association affirme que dès le « début on s’est senti » chez nous. Aussi, le côté « rassurant » est dans la plupart des propos de celles et ceux qui font appel à Ghislaine Blanchard.

Mieux Ensemble n’est pas la seule association sur l’agglomération toulousaine a proposer une « cohabitation » intergénérationnelle. L’association Habitat et Humanisme, a ouvert en 2015 une résidence mêlant plusieurs générations différentes. Mais comme dans beaucoup de cas aujourd’hui, ces initiatives associatives peinent à trouver un financement pour améliorer le confort notamment de cette résidence

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Une activité qui peine à se développer 

Malgré toute la bonne volonté qui semble être mise à l’oeuvre par la coordinatrice de l’associaiton Mieux Ensemble par exemple, on se rend bien compte que cette colocation, même si elle devient plus médiatisée, reste encore marginale voire même exceptionnelle. Pour preuve, le nombre d’accueillant disponible du côté de l’association très faible. 

En revanche, d’autres plateformes se lancent sur se créneau sur Toulouse. Colocation 40+ par exemple qui dédie une partie de son site à cette offre et demande, avec un nombre de proposition qui commencent alors à grossir. 

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