« Qui est-elle (Ingrid Levavasseur) pour s’autoproclamer meneuse des GJ ? »

C’est une idée qui murit depuis plusieurs semaine, la voilà qui prend forme. Les Gilets jaunes (GJ) lancent une liste pour les élections européennes. Ingrid Levavasseur est en tête de cette liste, qui ne fait pourtant pas l’unanimité, bien au contraire.

« Qui est-elle pour s’autoproclamer meneuse ? » Elle, c’est donc Ingrid Levavasseur, aide-soignante de 31 ans originaire de l’Eure. Elle a annoncé ce mercredi la mise en place d’une liste pour les élections européennes (23 à 26 mai). Une liste qui prendra le nom de « ralliement d’initiative citoyenne » (RIC). Pour le moment, dix noms ont été donnés. Si Ingrid Levasseur y est en tête, c’est « pour son côté  engagé » et car « elle représente parfaitement les femmes Gilets jaunes et leur engagement dans le mouvement » confie Christophe Chalençon, autre grande figure des GJ. Des arguments qui n’ont pourtant pas convaincu. Emmanuelle, membre du groupe des Gilets jaunes de Toulouse, ne se « reconnaît pas dans cette liste qu’(elle) trouve illégitime. » Un avi partagé par un grand nombre des GJ interrogés.

« Ça servira à diviser le mouvement » 

Alexis, autre membre des Gilets jaunes de Toulouse, estime que cette liste ne servira pas la cause des GJ. Dans les faits, il n’a pas tord. Au sein même de ces GJ, tous les leaders ne sont pas d’accord. Sur le plateau de Jean-Marc Morandini, sur CNews, Ingrid Levavasseur annonçait « ne pas être solidaire des actions mises en place par Eric Drouet et Maxime Nicolle. » Des déclarations auxquelles le dernier nommé n’a pas tardé à répondre : « Vous êtes en train de vous foutre de la gueule de je ne sais combien de personnes. » Pire, selon certains, cette liste pourrait même mettre des bâtons dans les roues des GJ au profit de La République En Marche d’Emmanuel Macron. Les voix possiblement recueillies par la liste « RIC » seraient, selon un sondage Ipsos, récupérées sur les listes du Rassemblement national ou de La France insoumise. Des résultats qui permettraient à la LREM de « diviser pour mieux régner. »

« C’est une tentative de faire cesser les manifestations »

Alexis, n’est pas convaincu par cette initiative. Il compare cette tentative à celle faite par le mouvement des chômeurs dans la fin des années 90. Après plusieurs semaines de manifestations, un mouvement similaire avait été lancé pour s’installer dans la durée. Mais après avoir obtenu une hausse des minimas sociaux et un projet de loi contre « l’exclusion », le mouvement s’est effrité. 20 ans plus tard, malgré la hausse du chômage, aucun groupe politique n’a réussi à se monter, et les manifestations, elles, ont cessé. Alexis s’attend donc à revivre la même chose cette année. Certains, encore plus pessimistes, doutent des capacité du mouvement RIC, à atteindre les 12% attribués par ce même sondage Ipsos, paru en décembre dernier. Un pourcentage de voix qui limiterait énormément le poids du mouvement dans les prises de décision à l’échelle européenne. Pour contrer cette initiative, plusieurs projets sont mis en place, notamment l’un des plus connus : la « Commercy ».

Raphaël, acteur important des GJ à Toulouse, nous explique le Commercy

« L’idée est de créer plusieurs Assemblées générales (AG) dans plusieurs villes de France pour y élire plusieurs délégués. À l’issue de ces AG, un rassemblement d’ampleur nationale doit avoir lieu à Commercy (ville du Nord de la France, près de Metz), en présence de tous les délégués élus. L’objectif est de créer un vrai mouvement dans lequel se reconnaitront chaque Gilet jaune. » Ce projet met évidemment beaucoup de temps à se mettre en place, lors d’une première AG qui s’est tenue à Toulouse le week-end dernier, aucun délégué n’a pu être élu. « Il faut trouver des représentants capables de faire remonter les avis généraux, c’est compliqué à organiser. »  

Pour le moment aucun mouvement de contre concret n’a donc émergé, mais Raphaël estime qu’au moins un mois sera nécessaire pour la mise en place de ce projet. À peine lancée, la liste européenne d’Ingrid Levavasseur attire donc déjà de nombreux détracteurs. Il lui reste maintenant trois mois pour gagner en crédibilité et, pourquoi pas, apporter une vraie solution aux Gilets jaunes, désireux de s’offrir du poids dans le ciel politique français.


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