Pierre-Emmanuel Le Goff : « On voulait que Thomas soit dans la transmission et la confidence »

Depuis hier, la Cité de l’Espace de Toulouse nous propose une immersion « Dans les yeux de Thomas Pesquet ». Un long-métrage de 27 minutes avec Pierre-Emmanuel Le Goff aux commandes. La rédaction du 24 heures.fr a voulu en savoir plus sur ce projet pas comme les autres.

 

 

Le 24 Heures : Comment est-ce-que l’on arrive à créer une atmosphère aussi intimiste ?

Pierre-Emmanuel Le Goff : Contrairement à ce que beaucoup de monde pense, un documentaire, ça s’écrit ! On pense d’abord ce que l’on va filmer, ensuite comment on va le filmer et puis ce que l’on va chercher dans les interview – il y a une manière de poser les questions. Je lui avais demandé des plans subjectifs où il n’allait pas se voir. C’était important que l’on voit tout ça à travers ses yeux. C’est comme la scène de la piscine : là on le voit à l’image donc c’est le point extérieur. On est son coéquipier, on est à côté de lui et du coup, on essaye de capter ses expressions, son regard, ect. Mais il y a des moments où on laisse la caméra filmer ce qu’il se passe. On veut passer d’un point de vue objectif à un point de vue subjectif grâce au montage de ces plans.

La création de cette atmosphère repose aussi sur une manière de cadrer, une manière de d’amener le commentaire pour ne pas perdre la proximité avec lui, l’entendre nous parler. On ne voulait pas qu’il parle comme un communiquant mais qu’il soit dans la transmission et la confidence. Aussi, il faut laisser les plans vivre et éviter un montage à l’effet trop »hâché » car ce n’est pas du tout réaliste. Dans la vraie vie, on est plus sur des plans séquences où on laisse tourner la caméra. Enfin, la musique est bien présente. C’est elle qui porte l’émotion et qui nous fait pénétrer jusque « dans le coeur de Thomas Pesquet ».

 

L24H : Quelle est la particularité d’un tournage au format Imax ?

P-E.LG : Ce sont déjà des caméras qui sont beaucoup plus lourdes, plus compliquées à faire fonctionner, avec des optiques qui sont plus précises, des capteurs plus gros et qui sont donc plus sensibles au rayonnement photonique.

 

L24H : Comment le projet a-t-il été préparé ?

P-E.LG : Ça a été préparé 1 an à 1 an et demi avant son décollage. On l’a suivi dans tous les centres d’entraînement : à Houston, à Cologne, à Moscou et enfin à Baïkonour. A l’issu de ces premiers tournages avec Thomas, on a pu commencer à se connaître, on a pu lui faire comprendre ce qu’on attendait de lui en tant qu’acteur et en tant que cadreur quand il serait dans la station spatiale [internationale]. Il a été formé par le constructeur de la caméra à son usage. On lui a aussi confié des petites caméras de type Go Pro qu’il a notamment utilisé dans la zone de quarantaine avant le décollage.

Pour l’aider, on lui a préparé une « shutting list », une liste des plans à tourner. Ils étaient classés par ordre de priorité. La liste expliquait aussi les mouvements à faire avec la caméra, la durée des plans, les optiques à utiliser. Thomas cochait les cases, les unes après les autres.

 

L24H : Parlez-nous plus en détails de la préparation de Thomas Pesquet.

P-E.LG : C’est un travail de longue haleine. Il a vu comment se passait un tournage pendant l’année de préparation. Il a pu le film que l’on préparait sur lui juste avant son décollage donc ça lui a permis de saisir le ton qu’on attendait de lui. Pendant son entrainement, il était aussi formé à la photo en parallèle. Quand on venait d’arriver à Houston, il venait de recevoir son appareil photo et il s’éclatait donc on l’a pas mal poussé à continuer l’entraînement dans ce sens. Après, le reste s’est fait sur le tas, dans l’espace. Sur place, on lui disait ce qui était bien, ce qu’il aurait pu essayer autrement et aussi, ce dont on avait besoin : on a toujours essayé d’avoir un vrai dialogue.

 

L24H : C’est un bon élève Thomas ?

P-E.LG : Ah c’est un super élève Thomas ! Il me disait « Ne me fais pas des super longs mails, fais-moi des trucs très carré ». Il fallait que le mette un peu dans le protocole scientifique et que j’évite la littérature : des cases à cocher et des plans numérotés à tourner. A partir de là, il a été très bon.

 

 

 

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