Rassemblement à la prison de Seysses : « On est devenu des porte-clefs »

Suite à l’agression des surveillants de prison, à Vendin-le-Vieil, une soixantaine de gardiens s’est rassemblé devant la maison d’arrêt de Seysses, ce matin. Ils déplorent le manque de moyens, d’effectif, ainsi que de « structures adaptées » aux profils dangereux. 

« Quand j’ai débuté, il y a dix ans, il y avait constamment 15 personnes en arrêt maladie. Aujourd’hui, il y en a 45, en moyenne », déplore Sébastien, affecté dans une unité hospitalière de la maison d’arrêt de Seysses. Comme lui, ses collègues se sont rassemblés devant la prison. Leurs revendications sont claires : « plus d’effectif, plus de sécurité pour les gardiens et plus de structures adaptées aux différents profils », synthétise Grégory Jalade, secrétaire inter-régional SNP-FO en Occitanie. En somme, de meilleures conditions de travail.

Parmi les « différents profils », on peut citer le plus problématique pour le personnel des prisons : le détenu radicalisé. Selon Anne, surveillante dans l’unité hospitalière, « des détenus radicalisés peuvent facilement être en contact avec d’autres prisonniers, pendant les promenades« . Son collègue, Sébastien enchaîne : « On le sait, la prison est un terreau de la radicalisation, mais on ne peut rien faire ».

Heures supplémentaires et crachats

En effet, à cause du manque d’effectif, les agents font énormément d’heures supplémentaires. « Entre 50 et 60 par trimestre« , selon Jérôme Combelles, secrétaire local SNP-FO. Difficile dans ces conditions de repérer et d’agir contre la radicalisation.

La radicalisation pose problème, il faudrait « des stuctures adaptées ». Crédit Samy Benattia

D’autant plus que les agents de l’administration pénitentiaire sont en première ligne face à l’agressivité des détenus : « on se fait régulièrement agresser, on prend des crachats, des insultes. On ne se sent plus en sécurité. On est devenu des porte-clefs », s’offusque Anne. « Des porte-clefs, ou des grooms je dirais. Quand on voit les Playstations, et les télévisons écran plat dans les cellules, j’ai l’impression d’être maître d’hôtel« , répond, non sans sarcasme, Sébastien.

Plus globalement, le personnel de l’administration pénitentiaire souhaite avoir plus de formation qualifiante pour pouvoir gérer les détenus radicalisés. Mais aussi des « structures adaptées » pour les accueillir, sans qu’ils puissent être en contact avec d’autres détenus, d’après Grégory Jalade. « Aujourd’hui, nous souhaitons un réel dialogue constructif avec la chancellerie », résume le syndicaliste.

Contactée, la direction de la prison de Seysses « ne souhaite pas répondre » à nos question, nous renvoyant à la direction inter-régionale de l’administration pénitentiaire d’Occitanie, que nous n’avons pas réussi à joindre.

Nicole Belloubet recevra les secrétaires généraux des syndicats de l’administration pénitentiaire dans les prochains jours. D’ici là, la mobilisation sera reconduite à la maison d’arrêt de Seysses, dès demain.

 

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