Lucie, interprète, veut redonner la parole aux sourds

Le saviez-vous ? Il y a 30 ans, le métier d’interprète de la langue des signes n’existait pas. Et pourtant, c’est à Toulouse, que l’on trouve la plus grande communauté sourde de France. Lucie Gaillard, interprète depuis trois ans, fait de son mieux pour rendre accessible la vie quotidienne aux sourds. Portrait.

Depuis 3 ans, Lucie travaille en tant qu’interprète de la langue des signes, et explique que ses motivations sont quelque peu militantes. La communauté sourde a une langue qui a eu du mal à être reconnu, c’est la langue des signes française (LSF). Elle a été reconnue comme langue à part entière, seulement en 1991. « C’est la langue naturelle pour le public sourd, et pour moi il est important que cette communauté puisse s’exprimer librement » ajoute Lucie. L’interprète a donc pour fonction de rendre la société plus accessible à une communauté minoritaire, mais existante.

Lucie Gaillard, a créé une entreprise appelée RIM, Interprètes en mouvement, il y a 3 ans, accompagné de deux collègues. Titulaire d’un master 2 de traduction et interprétation, elle a d’abord fait une licence en art plastique avant de se reconvertir. Ce changement, elle le fait suite à une expérience dans une association de sourd, qui faisait la promotion de la culture en langue des signes. « Au bout de deux ans en tant que salarié dans l’association, j’ai décidé de reprendre mes études pour devenir interprète » explique Lucie.

« On est vraiment des médiateurs linguistiques »

Pour Lucie, l’objectif de son métier, est de rendre accessible la vie quotidienne aux sourds. Toutefois, attention de ne pas confondre, les interprètes ne sont pas là pour aider les sourds. « On n’est pas là pour aider, il faut que ça se sache, on n’est pas des travailleurs sociaux, on est vraiment des médiateurs linguistiques. Et notre objectif c’est de donner la parole aux sourds et qu’ils puissent vivre une vie de citoyens lambdas, dans la société française » explique-t-elle. Un interprète n’intervient pas au cours d’une discussion, pour donner son avis. Il a un code déontologique comme de nombreux métiers, et le secret professionnel rentre aussi en compte. « L’interprète ne va pas donner son avis personnel sur une situation, il est juste là pour retranscrire »  conclue Lucie.

Un métier humain

C’est un métier passion qui demande beaucoup de rigueur, afin de ne pas se laisser submerger par les émotions dans certains cas. Il est évident que le côté humain prend une place importante, et cela peut être parfois difficile. La jeune interprète Lucie, raconte que par moment, il est difficile de traduite en étant totalement neutre. « Lors d’une dispute entre parents et enfants, il est difficile de traduire les mots qu’ils se disent. C’est très embarrassant et complexe comme situation » explique Lucie. Il faut savoir que d’être la médiatrice dans certaines situations, cela peut être compliqué et lourd pour l’interprète. « Les soucis de la vie quotidienne, les problèmes de santé ou de couples, on les vit avec eux et parfois, c’est compliqué. Il faut avoir une bonne relation avec l’usager » ajoute-t-elle.

La proximité, les trois associées en ont fait leur marque de fabrique. Avoir une relation de confiance avec leurs usagers, afin de faciliter ces moments privés, de la vie de tous les jours.

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