11h30, les transporteurs des Pompes Funèbres de Brax rentrent avant de repartir pour un nouveau déplacement. « C’est un des meilleurs cimetiéristes du coin ! s’exclame l’un d’eux en rigolant. « Oh vous savez, ici on a un dictionnaire bien à nous. Cimetiériste ce sera bientôt dans le prochain Larousse vous allez voir » (rires).
Ici, c’est une nouvelle journée comme les autres qui débute. Sur le mur sont répertoriés tous les rendez-vous du jour prévus : un défunt à récupérer à l’hôpital, une personne décédée à son domicile, des journées qui semblent se ressembler et pourtant : « c’est un métier très variable, on ne fait jamais la même chose » nous expliquent Marie-Claude et Jean-Paul Villaret, à la tête de la société de pompes funèbres du même nom, localisée dans le Lot-et-Garonne.
L’entreprise familiale a plus de trente ans, Marie-Claude y est depuis 1991 : « c’est mon père qui a démarré l’entreprise à zéro et au fur et à mesure qu’elle a pris de l’ampleur, les enfants ont rejoint l’aventure. »
« Ce n’est pas une vocation mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est un métier très intéressant ». Souvent au cœur des interrogations, les métiers du funéraire intriguent. Marie-Claude, elle, s’occupe de tout le côté administratif : l’organisation des obsèques, le lien entre les mairies et les prêtres. Mais avant toute chose, Marie-Claude s’occupe de la réception des familles. Elle est alors le premier contact des familles endeuillées.
Lorsque les pompes funèbres sont contactées, tout s’organise très vite : savoir où la personne est décédée, la ramener au funérarium, organiser les obsèques et tout ça dans un délai très court. En effet, les obsèques ont lieu en moyenne le troisième ou quatrième jour après le décès. « Par contre il ne faut pas être un maniaque de l’organisation, explique-t-elle, parce qu’on est toujours en train d’organiser, de réorganiser. »
[/et_pb_text][/et_pb_column][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px » text_orientation= »justified »]C’est jour et nuit 24h sur 24. « Une personne en deuil, qui appelle à 3h du matin, bon, on ne peut pas faire grand-chose mais rien que le fait de l’écouter, la personne est moins angoissée. C’est un peu comme l’organisation d’un mariage, sauf que celui-ci s’organise un ou deux ans à l’avance, nous on a quelques jours, explique-t-elle. On décharge les familles de tous les petits tracas administratifs et ça prend beaucoup d’énergie. »
« On voit de tout et ça nous touche vraiment »
De l’énergie il en faut, être en contact permanent avec la mort n’est pas chose facile et il est parfois nécessaire de se forger une carapace pour être le moins possible affecté lors des situations difficiles : « Je m’aperçois que c’était plus facile quand j’étais plus jeune, maintenant j’ai plus de mal à évacuer les tensions, les situations difficiles. On voit de tout et ça nous touche vraiment. »
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_image src= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/webdoc8.jpg » _builder_version= »3.17.6″][/et_pb_image][et_pb_testimonial _builder_version= »3.17.6″ body_font= »Lato|600|on|||||| » body_text_align= »center » body_font_size= »20″ background_color= »#ffffff » border_color_all_portrait= »#ffffff » border_style_all_portrait= »none » text_orientation= »center »]« On voit des familles très tendues arriver et elles voient ça comme un obstacle insurmontable… À partir du moment où on arrive à les rassurer on sent que les familles se détendent ». [/et_pb_testimonial][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|700|on|||||| » text_font_size= »20px »]Faire tourner la machine [/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »2_5″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_image src= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/webdoc7-1.jpg » _builder_version= »3.17.6″][/et_pb_image][/et_pb_column][et_pb_column type= »3_5″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px »]« Une famille qui garde sa dignité devant nous, on ne peut pas se permettre de pleurer en leur présence, ça les démolirait. » Intérioriser est alors le maître mot. « On voit des familles parfois très tendues arriver et elles voient l’organisation de l’enterrement comme un obstacle insurmontable. À partir du moment où on arrive à les rassurer, on sent que les familles se détendent et se reposent entièrement sur nous. » Il y a un grand travail d’écoute, chaque famille est différente et leurs souhaits quant à l’enterrement diffèrent. Cérémonie civile ou religieuse, crémation ou inhumation, choix du cercueil, les prix peuvent grimper très vite, pour autant, Marie-Claude met un point d’honneur à rester en adéquation avec les moyens de ses clients, quitte parfois à les freiner lors de leurs choix.
« Il arrive très souvent que les familles éprouvent un grand sentiment de culpabilité après le décès de leur proche, elles veulent alors faire le maximum et se dirigent vers les produits les plus chers et c’est normal, constate la gérante des pompes funèbres. Mais nous, on est là pour les freiner. Si on sent que nos clients prennent au-delà de leur moyen, on les emmène vers d’autres produits, de qualité mais beaucoup moins coûteux. Pour nous, garder ce côté humain c’est important. »
Tellement important que la gérante nous affirme que la plupart des employés sont choisis en fonction de ce critère.
Et cela n’empêche pas la machine de tourner. « Le bouche à oreille fonctionne puisque la plupart des clients qui ont connu un décès dans leur famille, reviennent lorsque ça se reproduit. Ils apprécient notre honnêteté et moi je peux continuer à me regarder dans le miroir ».
La mise en bière et le souci du détail
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »2_5″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px » text_orientation= »justified »]Au-delà du soutien apporté aux victimes durant l’organisation de l’enterrement, il y a également ceux qui travaillent dans l’ombre. Éric fait partie de ceux-là. Thanatopracteur [ou croque-mort qui prépare le corps et le place dans le cercueil] depuis une quinzaine d’années, il s’assure de la conservation du corps du défunt par une injection artérielle qui permet d’éviter toute complication le temps des obsèques (gonflement, changement d’aspect). Ce traitement permet au corps de retrouver un aspect apaisé et reposé. Une profession difficile, peu connue et parfois objet de clichés peu flatteurs, devenue une véritable passion pour Éric : « avant j’étais ambulancier. C’est en voyant un croque-mort exercer que j’ai eu le déclic. » Depuis, il travaille pour une agence de thanatopraxie indépendante située dans les Landes et se déplace souvent dans le Lot-et-Garonne. « Je suis régulièrement sur les routes mais c’est pas plus mal, ça me permet de couper entre deux/trois soins plutôt que de tous les enchainer. »
[/et_pb_text][/et_pb_column][et_pb_column type= »3_5″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_image src= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/thanato.jpg » _builder_version= »3.17.6″][/et_pb_image][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_testimonial _builder_version= »3.17.6″ body_font= »Lato|600|on|||||| » body_text_align= »center » body_font_size= »20″ background_color= »#ffffff » border_color_all_portrait= »#ffffff » border_style_all_portrait= »none » text_orientation= »center »]« Je suis humain. J’ai toujours peur de la mort. » [/et_pb_testimonial][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px »]Le métier de croque-mort est pour Éric comme un service rendu aux familles, une façon de rendre la mort plus digne, un soin avant le dernier voyage. « Quand je vois un corps, je ne vois pas la mort. Je suis un acteur je vois seulement ce que je peux apporter aux familles. » Très souvent remercié par les familles, le thanatopracteur préfère cependant rester en retrait de la souffrance des personnes endeuillées. « Quand je fais mon soin ça va mais dès que la famille pleure je ne peux pas. Il faut rester discret. On ne peut pas être insensible. Et je pense qu’en étant humain, on arrive à bien faire son métier. Moi j’ai toujours peur de la mort. »
La mort, il la côtoie tous les jours, mais Éric se met un point d’honneur à complètement déconnecter de son travail une fois la porte du funérarium fermée.
[/et_pb_text][/et_pb_column][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px »]« Je pense qu’on est obligés de se couper même s’il y a des cas qui nous perturbent. Si on prend toute la misère du monde, psychologiquement on a du mal à faire son travail. »
Marie-Claude, elle, souligne le bon travail de son thanatopracteur : « Je vois les personnes qui vont faire une visite, ils ne sont pas choqués. Il est fréquent que les enfants en bas-âges viennent voir leur grand-père ou leur grand-mère et de suite ils nous disent “oh papi il dort”. Ils ne sont pas effrayés. » Et là est tout l’objectif de la profession d’Éric, satisfait seulement quand les familles le sont aussi, il est cependant conscient de ne pas pouvoir contenter tout le monde : « Il m’est arrivé que certaines familles ne soient pas contentes, parce qu’elles reconnaissent pas le défunt ou bien parce qu’elle le trouve trop maquillé. Il est difficile de savoir réellement qui était la personne décédée, c’est bien pour cela que chaque détail est important lors de la mise en bière. » L’intervention du thanatopracteur n’est pas obligatoire mais très souvent conseillée.
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|700||||||| » text_font_size= »21px »]Décompresser [/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_image src= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/webdoc4.jpg » _builder_version= »3.17.6″][/et_pb_image][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row custom_padding= »25.59375px|0px|25px|0px|false|false » _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »1_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][/et_pb_column][et_pb_column type= »1_2″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px »]« Vous savez, on reste des bons-vivants ! » s’exclame Jean-Paul Villaret en rigolant. Être chaque jour confronté à des situations tristes n’est pas un frein au bonheur, bien au contraire et il arrive parfois que certaines situations, aussi étonnant que cela puisse paraître, les amusent. « Vous savez, on voit des choses dramatiques mais on voit aussi des choses qu’on se dit qu’on aurait pu le voir que dans les films tellement que ça a l’air exagéré », raconte la gérante des pompes funèbres.
« Un jour, un samedi après-midi très exactement, nous devions procéder à l’enterrement d’une grand-mère. Quand on est arrivés pour la sépulture, toute la famille était en train de regardait le match de rugby de l’équipe du coin. Eh bien, ils nous ont tous dit “Bon on enterre mamie après le match !” Et voilà que nous nous sommes tous attablés pour regarder le match, on est même arrivés en retard à l’Église (rires). »
Des situations comme celle-ci, Jean-Paul et Marie-Claude en voient régulièrement : « Quand on rentre le soir, les seules choses desquelles on discute, c’est des détails rigolos. Il faut en rire ! »
[/et_pb_text][/et_pb_column][et_pb_column type= »1_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][/et_pb_column][/et_pb_row][et_pb_row _builder_version= »3.0.48″ background_size= »initial » background_position= »top_left » background_repeat= »repeat »][et_pb_column type= »4_4″ _builder_version= »3.0.47″ parallax= »off » parallax_method= »on »][et_pb_image src= »https://www.le24heures.fr/wp-content/uploads/2018/12/webdoc7.jpg » _builder_version= »3.17.6″][/et_pb_image][et_pb_text _builder_version= »3.17.6″ text_font= »Lato|||||||| » text_font_size= »18px »]Le sens de l’humour, dans la famille, ils n’en manquent pas. Même les enfants ne sont plus surpris de la profession de leur parent. Il faut dire que tout petit, ils sont tombés dans la marmite : « Dès qu’ils ont été en âge de travailler, les enfants donnaient un coup de main. Marbrerie, transport de cercueil, ils se sont de plus en investis. » Un investissement, qui pouvait parfois malheureusement servir de morale. En effet, en étant sans cesse confronter à la mort et quelquefois à des accidentés de la route, ils prenaient conscience des dangers : « J’ai trois garçons, quand ils ont passé le permis de conduire je me suis dit qu’ils allaient voir et se rendre compte des dégâts de l’alcool au volant et quelque part ça les a responsabilisés ».
Une façon de se rappeler que la vie est belle, mais que tout « peut basculer très vite ».