Ce n’est un secret pour personne, obtenir un rendez-vous rapidement chez un médecin devient de plus en plus compliqué. Les délais d’attente s’allongent, les médecins sont submergés et les patients inquiets. Qu’en est-il de la situation à Toulouse et ses environs ?
Il est facile de s’imaginer en rase campagne du Gers, de la Creuse ou de l’Ariège quand on parle de désert médical. Il faut pourtant patienter plusieurs jours pour obtenir un rendez-vous à Toulouse, quatrième ville de France qui compte plus de 800 000 habitants dans son agglomération. Le désert médical, qui semblait si loin pour les citadins, grignote aujourd’hui la ville rose, comme le confirme Nicolas Deletre, médecin à Saint-Jean dans la banlieue toulousaine : “Je garde 10 créneaux par jour pour les situations d’extrême urgence qui ne peuvent pas attendre. Pour le reste, il y a 15 jours d’attente pour un rendez-vous dans mon cabinet.” La ville de Toulouse ne compte plus assez de médecins par rapport à sa population. C’est une réalité pour Stéphane Oustric. L’ancien directeur du conseil régional de l’ordre des médecins, estimait l’an dernier, dans les colonnes de la Dépêche du Midi, qu’il manquait déjà 200 praticiens sur l’agglomération toulousaine. La crise ne peut que s’aggraver avec une seule nouvelle installation pour sept départs dans la zone d’activité de Nicolas Deletre.
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Les journées sont de plus en plus longues pour les médecins fidèles au poste. Pour répondre à la demande toujours plus forte, les professionnels augmentent leur temps de travail afin de limiter les dégâts et les délais. Actuellement, Nicolas Deletre effectue sa dernière consultation à 22h contre 18h au début de sa carrière : “Je reçois jusqu’à 30 patients par jour, c’est énorme. Si je voudrais, je serais complet de 8h jusqu’à minuit en continu. Initialement, nous ne sommes pas préparés à une telle quantité. Nous avons dû apprendre. “

Les généralistes paient les pots cassés
Le problème ne touche pas seulement les généralistes. Dans certains cas, ils sont une victime collatérale de ce désert médical grandissant. Les spécialistes comme les pneumologues, les cardiologues ou encore les ophtalmologues se font de plus en plus rares. Pour compenser le manque de disponibilité, les patients se retournent vers leur médecin traitant. Cela a pour conséquence d’engorger un peu plus les cabinets. Les professionnels de santé s’épuisent et les patients s’inquiètent, comme l’avoue Camille, habitante de Toulouse : “C’est encore plus compliqué d’aller voir un spécialiste. Récemment, j’ai eu un problème à l’œil. Mon ophtalmologue n’était disponible que dans deux mois. Un médecin généraliste a pu me prendre en charge en une semaine.”
Outre les rendez-vous spécialisés, ce sont les besoins du quotidien qui sont mis à mal. Thierry, qui habite à Toulouse depuis 20 ans, voit la situation se dégrader. “Il y a 20 ans, ça commençait à devenir plus compliqué d’avoir une consultation. Aujourd’hui, si on n’a pas la chance d’être chez un médecin peu sollicité, c’est presque une semaine d’attente minimum.”
Pour remédier à cette demande qui explose, la téléconsultation s’est invitée dans le nouveau quotidien des médecins généralistes. Nicolas Deletre y voit des bienfaits : “J’ai ajouté une heure de téléconsultation dans ma journée. Cela permet de traiter bien plus rapidement les besoins les moins urgents qui ne nécessitent pas une visite physique. Grâce à cela, je peux réduire les délais d’attente d’environ trois jours.”
Comme Nicolas Deletre, beaucoup de médecins espèrent encore pouvoir sortir de cette situation de crise. La Haute-Garonne a vu son nombre de médecins augmenter de 9% en 2025, mais pour l’instant, l’effet est imperceptible selon les praticiens.


