Depuis le 1er septembre 2025, les prothésistes ongulaires ont dû dire adieu au TPO une substance toxique présente dans de nombreux vernis. Deux mois après son entrée en vigueur les prothésistes ongulaires se sont adaptées tant bien que mal. Reportage à Bessières, au nord de Toulouse.
Émilie, prothésiste ongulaire depuis 2022 et fondatrice de l’institut Le pinceau d’Émilie à Bessières, se souvient encore des émotions qu’elle a ressenties au moment de l’annonce de l’interdiction : « J’étais à la fois en colère par rapport à la perte de produits, mais aussi satisfaite qu’on cherche à les rendre plus sains ».
Le TPO (l’oxyde de diphényl triméthylbenzoyl phosphine) a été jugé trop toxique pour la reproduction après une étude réalisée sur des rats en 2015. Cette interdiction est entrée en vigueur le 1er septembre 2025, sans délai d’écoulement des stocks de produits présents sur le marché.
Deux mois après, Laura, fondatrice de l’institut AEM beauty située aussi à Bessières, ne décolère pas : « J’ai trouvé ça ridicule, parce que l’étude sur le TPO date de 10 ans, pourquoi ne pas l’avoir interdit plus tôt ? ».
Entre 600 et 2000 euros de pertes
Pour ces deux prothésistes ongulaires, le plus difficile a été de faire face aux retombées économiques des derniers mois. « J’ai eu une perte comprise entre 1500 ou 2000 euros de produits, ça correspond à 80 vernis jetés » raconte Émilie. De même pour Laura : « Les retombés économiques ont été importantes, j’ai dû racheter du matériel rapidement vu que la loi a été annoncée en mai et qu’on devait avoir écoulé nos stocks pour début septembre. J’ai dû jeter 40 vernis, j’ai perdu environ 600 euros ».
Laura n’a eu aucune difficulté à trouver de nouveaux vernis : « Les fabricants étaient au courant de cette norme avant nous, ils se sont rapidement adaptés ». Pour Emilie, il y a tout de même certaines décisions qui restent difficiles à comprendre : « Le TPO est interdit pour nous, mais pas dans la prothèse dentaire. Pourtant, là, on l’a directement dans la bouche ! Les tests ont été faits sur des rats qui ont du ingurgiter 60 g de TPO alors que dans un vernis, il y a à peine 1 mg à 3 mg maximum. Cela ne reflète pas la réalité de nos produits. »
Si la mesure a déstabilisé les professionnelles, elle n’a pas fait fuir les clientes. Colette, 67 ans fidèle depuis plus de 25 ans au milieu de l’onglerie avoue qu’elle n’avait jamais entendu parler de cette loi . « C’est ma prothésite qui me l’a expliqué. Ça a renforcé la confiance que j’avais en elle et ça m’a prouvé qu’elle se tenait à la pointe de ce qui se passait ». Un avis que partage Nolwenn, qui vient se faire les ongles tous les mois à l’institut d’Emilie : » Ça ne m’a pas impactée personnellement mais j’ai trouvé ça injuste qu’elle doive tout changer aussi vite ».
Malgré la loi, le secteur de l’onglerie est aujourd’hui un marché florissant. Il a connu une croissance de 9,5 % en 2024. selon la Confédération Nationale de l’Esthétique et Parfumerie (CNEP)


