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Avenue Etienne-Billières : “Deux ans de réunion pour rien”, la colère des commerçants

les travaux de l'Avenue Etienne Billières ont commencé le 28 avril et devraient se terminer courant 2026

À Toulouse, les travaux de réaménagement de l’avenue Étienne-Billières divisent profondément. Présenté par la mairie comme un projet de transition vers une mobilité douce, le chantier prévoit de larges pistes cyclables et une réduction massive du stationnement automobile. Mais pour les commerçants, cette transformation sonne comme une trahison.

Avenue Etienne-Billières, les travaux ont commencé en avril dernier. Sur cette artère commerçante de l’ouest toulousain, les 76 places de parking des anciennes contre-allées vont disparaître pour n’en laisser qu’une douzaine. Une décision vécue comme un coup dur pour l’activité locale. « C’est dénué de sens, pourquoi ne pas faire les pistes cyclables que d’un côté ? » s’agace un commerçant. « On a fait des réunions pendant deux ans pour qu’au final on nous impose un projet. »

Deux ans de concertation sans résultat

Pendant ces deux années de discussions avec la mairie, les professionnels avaient tenté de proposer des compromis : maintien partiel du stationnement, aménagement mixte, zones de livraison. En vain. « On a signé une pétition avec les autres commerçants, on proposait des solutions qui pouvaient arranger tout le monde, mais le maire s’en fiche », déplore un autre.

La déception s’est muée en colère. Beaucoup ont le sentiment d’avoir été ignorés. « Ces gens-là ne rentrent pas dans nos commerces, donc ils ne savent pas comment ça se passe en réalité », explique un commerçant. « Ils nous disaient que les vélos rapporteraient de l’argent, mais tout le monde ne roule pas en vélo cargo. »

Au-delà du manque d’écoute, les conséquences économiques se font déjà sentir. « Oui, clairement, on voit une baisse de clientèle », confirme-t-il. Un autre commerçant partage le même constat : « Il y a le problème du stationnement, mais aussi celui des livraisons. On doit marcher jusqu’à l’autre bout de la rue pour récupérer nos stocks. »

Certains pointent également les difficultés rencontrées par une partie de leur clientèle fidèle. « C’est très compliqué pour les personnes âgées, qui représentent une grande partie de nos clients : eux ne se déplacent pas en vélo. »

Entre transition écologique et survie économique

La mairie, de son côté, assume sa vision : transformer l’avenue en un axe apaisé, plus vert et plus sûr. Un discours qui peine à convaincre les acteurs économiques du quartier, pour qui le coût social et commercial du projet n’a pas été pris en compte.

Cependant, tous ne partagent pas cette colère. Certains riverains voient dans le projet une évolution positive. « Franchement, ça ne me dérange pas trop, c’est pour la bonne cause », explique un habitant. « Il y a de plus en plus de vélos à Toulouse, et je pense que ça peut être bénéfique même pour les commerces, avec une nouvelle clientèle à vélo. » 

Entre transition écologique et survie économique, l’avenue Étienne-Billières est devenue le symbole d’un affrontement entre deux visions de la ville. Deux ans de concertation n’auront pas suffi à apaiser les tensions : les travaux avancent, mais la fracture, elle, reste grande.

Gabriel Bounhol.

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