Suivez le live du cinquième jour du procès de l’affaire dite « de la mendicité forcée »

Fin de l'audience
Me Etelin a terminé. Fin des plaidoiries de la journée. Les prochains avocats parleront demain. La décision sera en principe rendue demain en fin de journée. Pour rappel, certains prévenus encourent 10 ans d'emprisonnement. Pour aujourd'hui, l'audience est terminée.

Pour ses deux clients, Me Etelin demande la relaxe.

"Selon que vous soyez puissant ou vulnérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. On vous a proposé cette justice. Dure pour les pauvres. En ce qui concerne la détention en tous cas."

"Celui que je défends, c'est celui qui vient avouer son péché."

"Voila comment passe la justice avec les Roms."

"Ils ont toujours servi de bouc-émissaires. Ils n'ont pas été considérés comme des gens que l'ont peut respecter. D'abord parce qu'ils comparaissent devant vous alors qu'ils sont détenus depuis juin 2018. Plus de 30 mois de détention. Alors c'était pour un crime au départ. Ça a permis de les garder en détention provisoire, mais tout le monde savait qu'ils ne seraient pas jugés devant une cour d'assises."

"De tous, ce qui sont le plus rejetés dans ce pays, ce sont les Roms", poursuit l'avocat.

Il débute sa plaidoirie avec quelques vers de Baudelaire. "Les hommes vont à pied, le long des chariots où les leurs sont blottis."

Ç'en est fini pour la plaidoirie de Me Raynaud de Lage. Échange de micro avec son confrère Me Ételin, avocat de deux prévenus, dont M. Popov, seul des dix-huit à comparaitre libre.

"Quand on nous dit que des confrontations n'ont pas été demandées, c'est un marché de dupes. Les victimes étaient reparties en Bulgarie. Dès le départ, on nous a coupé l'herbe sous le pied."

"Sur 33 plaignants, 31 indiquent ne pas avoir subis de violences physiques. Et les médecins légistes n'ont pas prononcé d'ITT."

"Ce dossier n'est pas à l'honneur de notre institution et de la justice française"
"Ce dossier n'est pas à l'honneur de notre institution et de la justice française. Déjà, parce que dès le début il part mal. Lorsqu'il y a ces interpellation sur ce camps y a t-il, a un quelconque moment, un listing des perquisitions ? Un inventaire matériel ? Rien."

"Lorsqu'on vous dit 211 000 euros ce matin, c'est sur 3 ans, ça fait 5 000 par mois et il faut diviser ça par jour, puis par 18 personnes, peut-être plus. On est sur quelques poignées d'euros au final."

L'avocat poursuit : "Ce que je sais, c'est que mon client n'est nullement un chef de famille. Je n'ai pas d'éléments qui démontre son implication dans l'exploitation d'un ou de plusieurs mendiants. Tout est diffus. Rien n'est net."

Sur l'exploitation de la mendicité reprochée à son client, "un informateur va indiquer aux enquêteurs que chaque responsable du trafic avait sous sa coupe des mendiants, moi je ne sais pas ce que c'est qu'un responsable du trafic. Rien ne permet d'indiquer que c'est mon client plus que quelqu'un d'autre. Les versions qui sont servies sont floues", explique Me Raynaud de Lage.

"Aucun certificat n'est produit, permettant de faire le lien. Toujours aucun lien de causalité."

"Les conversations téléphoniques seraient des preuves de violences physiques. Je suis toujours en attente de savoir quelle conversation téléphonique relate de violence."

L'enquête qui vous a été avancée comme étant une réussite, elle est lacunaire. Alors qu'il y ait eu 130 Officiers de PJ, c'est encore pire. SI l'ensemble de ces professionnels n'ont pas réussi a faire le minimum, il faut en tirer les conséquences.

"Dans ces milliers de pages il vous manque l'essentiel, le lien de causalité."

NB : l'avocat représente un seul prévenu.