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La cordonnerie se met à la page

Les cordonniers doivent se réinventer pour suivre la mode. Photo : Lucas Zemtchounoff

D’après un rapport de la chambre de commerce et d’industrie, plus de 50% des cordonniers sont âgés de plus de 45 ans. Une statistique qui se voit sur le terrain. Alors que les cordonniers désertent de plus en plus un métier vieux de de 200 ans, la profession met tout en œuvre pour attirer les jeunes. 

Les temps sont durs pour la cordonnerie. En 1960, 45 000 professionnels réparaient nos chaussures. Aujourd’hui ils ne sont plus que 3500. Se faisant vieillissante, la cordonnerie à vue les jeunes se désintéresser du métier au fil du temps. Selon Jean Yves Félot, cordonnier à Toulouse, la raison principale de cette décroissance est la méconnaissance du secteur : “ Les jeunes ne connaissent pas le métier. J’en vois plein rentrer dans ma boutique et me demander ce que je fais. S’ ils ne connaissent pas, ils ne peuvent pas avoir envie de faire ce travail”.  Des formations professionnelles existent pour devenir cordonnier. Cependant, selon Jean-Yves Félot, il n’y en a pas assez. 

Pour faire connaître toute l’activité d’un cordonnier, il existe depuis peu une aide à la réparation versée par les éco-organismes aux professionnels. “Cela a pour but de faire baisser le prix d’une réparation et donner plus d’attractivité au secteur”, comme le confie Clément Fabries, membre de la Fédération française de la cordonnerie.  

Motif d’espoir, l’intérêt pour le métier commence à être réel. Depuis 10 ans, Thomas Poulain, cordonnier à Toulouse, voit les choses changer et les jeunes de plus en plus toquer à sa porte. Une nouvelle rassurante pour le toulousain qui espère voir une deuxième vie arriver dans son activité. 

Ouvrir sa cordonnerie est presque obligatoire 

Bien loin d’être en difficulté au vue du chiffres d’affaires de la profession, la cordonnerie cache une grande souffrance : la rentabilité. Réparer une chaussure prend du temps et ne coûte pas si cher que cela. Jean Yves Félot explique que la rentabilité d’une boutique est faible à cause du temps passé sur une chaussure et du prix de réparation. Les entreprises actuelles ne dégagent pas assez de bénéfices pour embaucher des salariés et notamment des jeunes. Les cordonneries actuelles sont pour la plupart gérées par des auto-entrepreneurs ou des associés. Thomas Poulain explique ne pas être suffisamment rentable pour embaucher quelqu’un : “ J’ai assez de travail pour embaucher quelqu’un mais je ne peux pas. Entre le bénéfice que je fais et les charges que je paye, je ne gagnerais pas un euro en ayant un employé.” 

Pour devenir cordonniers, les jeunes qui sortent de formations sont presque obligés d’ouvrir leur propre boutique. Cela peut être un frein car, en sortie d’études, ils ne sont pas destinés à être chef d’entreprises, même si le métier les oblige à avoir cette casquette en plus. 

La transmission en danger 

Faisant face à une population vieillissante, la cordonnerie à du mal à se transmettre. Selon Thomas Poulain, les plus anciens cordonniers encore en activité ne se préoccupent pas suffisamment de passer le flambeau aux jeunes. 

Cette théorie n’est pas universelle, des cas contraires porteurs d’espoirs existent. Les jeunes commencent à créer leurs propres entreprises, aidés par la transmission familiale. Romain Déhu, 25 ans, est cordonnier à Toulouse en partie grâce à son père. Le jeune homme explique avoir baigné dans l’univers des chaussures depuis tout petit. “Mon père est cordonnier et moi passionné de chaussures. Depuis tout petit je le vois faire et j’ai eu envie de faire pareil”  

Face à la baisse du nombre de cordonniers, Clément Fabries n’est pas inquiet. Selon lui, le récent intérêt des jeunes pour son métier est un motif d’espoir d’un renouveau proche.

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